Vous êtes-vous déjà retrouvé coincé sur un quai de RER, le regard rivé sur un panneau qui annonce « trafic interrompu » sans plus de détails ? Ce vendredi 5 décembre 2025, des dizaines de milliers de Franciliens ont vécu exactement ça. Une banale – ou presque – panne de signalisation a transformé la ligne C en véritable casse-tête géant. Franchement, on se demande parfois si le réseau francilien ne marche plus que par miracle le reste de l’année.
Une panne qui coupe la ligne en trois morceaux
Vers 11 heures du matin, tout bascule. Un souci technique majeur est détecté dans le secteur d’Avenue Henri-Martin, dans le très chic 16e arrondissement de Paris. Des câbles de signalisation endommagés, et hop, plus rien ne passe. Résultat ? Deux interruptions franches et une circulation très aléatoire entre les deux.
Concrètement, à la mi-journée, aucun train ne circule :
- Entre Pontoise (Val-d’Oise) et Montigny-Beauchamp
- Entre Péreire-Levallois (Hauts-de-Seine) et Champ de Mars-Tour Eiffel (15e arrondissement)
Entre ces deux zones mortes, les trains roulent… quand ils roulent. Autant dire que la ligne ressemble à un gruyère, comme disent parfois les voyageurs avec une pointe d’humour noir.
Pourquoi c’est si grave sur la ligne C ?
La ligne C, c’est un peu l’autoroute des transports franciliens. Plus de 500 000 voyageurs par jour en temps normal, des branches qui s’étirent jusqu’à Pontoise au nord, Saint-Quentin-en-Yvelines à l’ouest, Dourdan ou Saint-Martin-d’Étampes au sud. Quand un tronçon central lâche, c’est tout l’équilibre qui s’effondre.
Et là, le secteur Avenue Henri-Martin – Neuilly-Porte Dauphine n’est pas n’importe quel coin : c’est un point de passage obligatoire pour les trains venant du nord-ouest et ceux qui filent vers le sud ou Versailles. Bloquez ça, et vous coupez la ligne en deux, voire en trois selon l’ampleur du problème.
« On a l’habitude des galères, mais là c’est vraiment le pompon. J’ai mis deux heures pour faire Levallois – Invalides en bus + métro… »
Témoignage d’une habituée croisée à Pereire-Levallois
Les alternatives ? Elles existent… sur le papier
Comme toujours dans ces cas-là, on nous parle de bus de remplacement. Sauf qu’en pleine heure de déjeuner, avec le froid de décembre et les rues parisiennes déjà saturées, c’est un peu comme proposer un vélo pour remplacer une Formule 1.
Quelques solutions concrètes quand même :
- Le RER A + correspondance à Invalides ou Saint-Michel pour ceux qui viennent du nord-ouest
- La ligne 1 du métro entre La Défense et Champs-Élysées pour contourner la coupure ouest
- Les lignes de bus 63, 92 ou PC qui desservent partiellement le trajet interrompu
- Pour les plus courageux, les Vélib’ ou les trottinettes quand la météo le permet (spoiler : en décembre, c’est rare)
Mais soyons honnêtes : quand on habite Montigny-Beauchamp ou Ermont-Eaubonne et qu’on doit rejoindre Juvisy ou Brétigny, les « itinéraires bis » relèvent souvent de la mission impossible.
Des câbles endommagés : simple accident ou symptôme plus profond ?
Officiellement, il s’agit de « câbles endommagés ». Point. Mais on ne peut pas s’empêcher de se poser la question : à quand remonte la dernière vraie maintenance lourde sur ces installations ? Certaines portions de la signalisation datent des années 80, voire plus tôt.
J’ai discuté avec un ancien agent de la ligne qui m’a confié, sous couvert d’anonymat évidemment : « On répare, on dépannage, mais on ne renouvelle presque plus. Tant que ça tient… » Charmant.
Et pourtant, des projets existent. On parle d’une nouvelle branche Y vers 2032 dans l’Essonne, de rames neuves, de modernisation. Super. Mais en attendant, ce sont toujours les mêmes installations vieillissantes qui portent le réseau à bout de bras.
L’impact humain derrière les chiffres
Parce qu’au-delà des cartes et des communiqués, il y a des gens. Des étudiants qui ratent leurs partiels, des salariés qui arrivent en retard à des réunions importantes, des parents qui ne peuvent pas récupérer leurs enfants à l’école à l’heure. Une panne comme celle-ci, c’est toujours plus qu’un simple incident technique.
Je me souviens d’une dame à la gare de Champ de Mars, les larmes aux yeux : « Je dois être à Pontoise avant 15h pour l’hôpital, et là je suis bloquée depuis deux heures… » Ces moments-là, aucun communiqué ne les efface.
Reprise prévue à 16h : on y croit… ou pas ?
La bonne nouvelle, c’est que la reprise du trafic est annoncée pour 16 heures. Les équipes techniques sont sur place, les câbles sont en cours de réparation ou de dérivation. En théorie, tout devrait rentrer dans l’ordre en fin d’après-midi.
Mais ceux qui prennent le RER C tous les jours savent que « reprise progressive » veut souvent dire « perturbations résiduelles jusqu’à 20h, voire plus ». Et avec la pointe du soir qui arrive, ça risque d’être sport.
Conseil de survie : si vous le pouvez, décaler vos déplacements après 19h, ou carrément télétravailler cet après-midi. Votre santé mentale vous dira merci.
Et demain ? Vers une ligne C enfin modernisée ?
Cette panne, aussi pénible soit-elle, a au moins le mérite de remettre sur la table une question qu’on évite souvent : jusqu’à quand va-t-on bricoler sur un réseau conçu il y a un demi-siècle pour moitié moins de voyageurs ?
Des projets, il y en a. La Région promet des rames neuves, une nouvelle desserte dans l’Essonne d’ici 2032, des travaux de modernisation. Mais entre les annonces et la réalité sur les quais, il y a souvent un monde.
En attendant, chaque incident comme celui d’aujourd’hui nous rappelle cruellement que le réseau francilien vit sur le fil. Et que ce fil commence sérieusement à s’user.
Alors oui, à 16h les trains repartiront probablement. Mais la vraie question reste posée : combien de temps encore avant la prochaine panne qui paralysera tout ?
En attendant la reprise, bon courage à tous les voyageurs du RER C. Et si vous êtes coincés quelque part, dites-le en commentaire – on est nombreux dans le même bateau (ou plutôt le même bus de remplacement) aujourd’hui.
