Vous souvenez-vous de votre dernier passage à Roissy-Charles-de-Gaulle quand tout semblait conçu pour vous faire perdre du temps ? Ces interminables marches entre terminaux, les files d’attente qui n’en finissent pas, le stress de rater une correspondance… Franchement, on en a tous bavé un jour.
Et pourtant, quelque chose est en train de bouger. Vraiment bouger. L’aéroport parisien, qui traînait une réputation exécrable il y a encore dix ans, s’est hissé parmi les meilleurs du monde. Mais les dirigeants ont décidé d’aller plus loin : un choc de simplification d’envergure vient d’être lancé. Et croyez-moi, ce n’est pas juste du maquillage.
Roissy n’est plus le parent pauvre des grands hubs
Revenons un peu en arrière, parce que l’histoire mérite d’être racontée. En 2015, le classement Skytrax – la référence absolue – plaçait Charles-de-Gaulle à une humiliante 94e place mondiale. Les critiques fusaient : prises électriques introuvables, sièges inconfortables, signalétique illisible, temps de correspondance à rallonge. On parlait même de « labyrinthe » dans les commentaires des voyageurs.
Dix ans plus tard, le même classement le place 7e mondial en 2025 et, surtout, meilleur aéroport d’Europe pour la quatrième année consécutive. Oui, vous avez bien lu. Devant Francfort, Munich, Amsterdam ou Zurich. C’est presque un miracle quand on connaît le retard accumulé.
Moi qui passe régulièrement par là, je dois avouer que la différence est frappante. Les nouveaux terminaux brillent, les boutiques haut de gamme ont remplacé les anciens couloirs tristes, et même les toilettes sont devenues un sujet de fierté (si, si).
Mais alors, pourquoi encore simplifier ?
Parce que le classement, aussi flatteur soit-il, ne raconte pas tout. Derrière les belles notes, les voyageurs continuaient à se plaindre d’un parcours trop complexe. Trop de changements de niveau, trop de contrôles redondants, trop de temps perdu entre l’atterrissage et la sortie (ou la correspondance).
« Les voyageurs étaient très perturbés par notre système actuel », a reconnu récemment la direction. Une phrase qui résume tout.
Et ils ont raison. J’ai encore en mémoire cette correspondance ratée de justesse l’an dernier entre le 2E et le 2G – dix minutes de shuttle, deux contrôles de sécurité, un sentiment d’angoisse permanent. Ce genre d’expérience, même dans un aéroport « 5 étoiles », laisse un goût amer.
Le plan choc : ce qui va vraiment changer
Le nouveau projet repose sur une idée simple mais révolutionnaire : rendre le parcours voyageur intuitif. Fini les plans compliqués et les panneaux contradictoires. Tout doit couler de source, du débarquement à l’embarquement.
Voici les grandes lignes qui ont filtré :
- Création de coupures de flux uniques : un seul contrôle sécurité pour les correspondances internationales, même en changeant de terminal
- Signalétique repensée avec des codes couleurs simples et des indications en trois langues maximum (français, anglais, chinois)
- Suppression des changements de niveau inutiles – adieu les escalators à répétition
- Déploiement massif de portiques Parafe nouvelle génération (reconnaissance faciale en moins de 10 secondes)
- Chemins dédiés pour les vols Schengen / hors Schengen clairement séparés dès la sortie avion
- Réduction du temps de livraison bagages à moins de 20 minutes garanties (contre parfois 45 aujourd’hui)
C’est ambitieux. Très ambitieux même. Mais vu la trajectoire récente, on a envie d’y croire.
Les terminaux les plus concernés
Le terminal 1, ce vieux cercle des années 70, va subir une cure de jouvence massive. On parle d’une refonte totale des flux avec un nouveau hall central ultra-lumineux. Le 2E, porte-drapeau des long-courriers, verra ses satellites K, L et M enfin reliés de façon fluide sans passer par dix couloirs.
Quant au 2G, ce terminal excentré qui dessert surtout les vols régionaux, il bénéficiera d’une navette directe beaucoup plus fréquente et d’un cheminement piéton couvert (fini les bus sous la pluie).
Un modèle inspiré des meilleurs
Les équipes se sont clairement inspirées de ce qui marche ailleurs. À Singapour-Changi (numéro 1 mondial), tout est pensé pour que vous oubliiez que vous êtes dans un aéroport. À Incheon (Corée du Sud), les correspondances se font en moins de 30 minutes même sur des vols intercontinentaux.
Roissy veut maintenant jouer dans cette cour-là. Et avec 80 millions de passagers annuels prévus d’ici 2030, il n’a plus le choix.
L’impact sur votre prochain voyage
Concrètement, si tout se passe comme prévu, votre prochain transit à Paris pourrait ressembler à ça :
- Vous sortez de l’avion → flèche verte au sol « Correspondance Europe » ou bleue « International »
- 10 minutes de marche maximum, sans changement de niveau
- Un seul contrôle (sécurité ou passeport selon le cas)
- Vous êtes à votre porte avec encore du temps pour un café
Ça paraît bête dit comme ça. Mais c’est exactement ce qui manque aujourd’hui.
Et les accès depuis Paris dans tout ça ?
La simplification ne s’arrête pas aux portes de l’aéroport. Le CDG Express, cette ligne directe entre Gare de l’Est et le terminal 2, ouvrira enfin en 2027 (promis juré cette fois). 20 minutes chrono, un train toutes les 15 minutes. Le RER B sera lui aussi modernisé avec des rames plus fréquentes et climatisées.
Petit à-côté qui fait plaisir : les taxis et VTC auront bientôt des files dédiées beaucoup plus claires, avec un tarif forfaitaire renforcé. Fini les arnaques au compteur.
Pourquoi maintenant ?
Plusieurs raisons se cumulent. D’abord la concurrence féroce des hubs du Golfe (Dubaï, Doha) et d’Istanbul qui grignotent des parts de marché sur les long-courriers. Ensuite les Jeux olympiques de 2024 qui ont servi d’électrochoc – on ne pouvait plus se permettre d’avoir un aéroport aussi mal noté.
Mais il y a aussi une vraie volonté politique et industrielle. Le groupe qui gère l’aéroport a changé de dimension, avec des investissements massifs et une gouvernance plus réactive. On sent que quelque chose a basculé.
Ce que j’en pense personnellement
Je voyage beaucoup, trop peut-être. Et je dois dire que je suis à la fois optimiste et prudent. Optimiste parce que la transformation déjà réalisée en dix ans est impressionnante. Prudent parce que les grands chantiers aéroportuaires ont souvent du retard (regardez Berlin…).
Mais cette fois, les signes sont encourageants. Le fait que la direction parle ouvertement des « perturbations » du système actuel montre une vraie prise de conscience. Et quand on sait que 70 % de la note Skytrax dépend de l’expérience passager, on comprend l’urgence.
Si ce plan réussit, Roissy pourrait viser le podium mondial d’ici cinq ans. Et ça, franchement, ce serait une sacrée fierté nationale.
En résumé : ce qu’il faut retenir
- Roissy est passé de la 94e à la 7e place mondiale en dix ans
- Un plan de simplification massif est lancé pour fluidifier tous les parcours
- Objectif : moins de stress, moins de marche, moins d’attente
- Les premiers effets devraient se faire sentir dès 2026-2027
- Paris veut devenir (enfin) un hub où on a envie de transiter
La prochaine fois que vous passerez par là, regardez bien autour de vous. Les travaux ont déjà commencé. Et quelque part, c’est un peu de notre image internationale qui se joue dans ces couloirs.
Parce qu’un grand aéroport, ce n’est pas seulement du béton et des boutiques. C’est la première et la dernière impression que les visiteurs emportent de notre pays.
Et là, pour le coup, on a plutôt intérêt à assurer.
