Vous êtes déjà arrivé à Roissy-Charles de Gaulle, valise à la main, le cœur qui bat un peu trop vite parce que vous avez 45 minutes pour attraper votre correspondance et que vous ne savez même pas si vous êtes au bon terminal ? Moi oui. Plus d’une fois. Et je ne suis clairement pas le seul.
Entre les 1, 2A, 2B, 2C, 2D, 2E, 2F, 2G, 3… on dirait parfois une partie de Scrabble géante où tout le monde a perdu les règles. Résultat ? Des voyageurs qui courent, qui stressent, qui demandent leur chemin à des agents débordés. Et parfois, des vols ratés. Tout ça pour une simple histoire de numérotation.
2027 : l’année où Roissy veut redevenir humain
Le gestionnaire de l’aéroport a enfin décidé de s’attaquer au problème à la racine. Pas avec un petit rafistolage cosmétique, non. Avec un véritable choc de simplification qui entrera en vigueur à partir de mars 2027. L’objectif ? Faire de Roissy un aéroport où l’on se repère sans réfléchir, même quand on arrive fatigué d’un vol long-courrier ou qu’on ne parle pas un mot de français.
Et le plus fou, c’est que cette révolution ne sort pas d’un bureau d’études parisien. Elle vient directement des voyageurs eux-mêmes.
17 000 personnes ont dit stop au casse-tête
Cet été, une consultation géante a été lancée. Plus de 17 000 participants, 20 000 avis récoltés. Et le verdict était sans appel : la signalétique actuelle est jugée « moyenne » dans le meilleur des cas, « catastrophique » dans le pire. Les mots qui reviennent sans cesse : confusion, stress, perte de temps.
« On a l’impression de faire une chasse au trésor alors qu’on veut juste prendre son avion en paix. »
– Un voyageur régulier interrogé lors de la consultation
Ce genre de retour, quand il est multiplié par milliers, ça fait mal. Mais ça motive aussi. Et visiblement, ça a marché : le projet qui arrive est ambitieux, concret, et surtout pensé pour les vrais gens.
Alors, concrètement, quoi de neuf ?
Le principe de base est simple : moins de numéros, plus de logique. Fini le labyrinthe alphanumérique. À la place, on va vers un système qui parle à tout le monde, même à 6h du matin avec le cerveau encore en mode avion.
- Des zones claires : Départs, Arrivées, Correspondances, plutôt que « Terminal 2E porte K » ou « Terminal 2F hall L »
- Une couleur par fonction : bleu pour les départs, vert pour les arrivées, orange pour les correspondances rapides (parce que oui, la couleur, ça marque le cerveau)
- Des pictogrammes géants et universels : un avion qui décolle = départs, une valise = bagages, une flèche courbe = navette
- Des panneaux dynamiques qui s’adaptent en temps réel selon les vols et les langues des passagers
- Un sol guidant : des bandes lumineuses au sol qui vous mènent directement où il faut (testé à Singapour-Changi, ça marche du tonnerre)
Imaginez : vous sortez de votre avion, vous levez les yeux, vous voyez une immense flèche verte « Sortie / Bagages / Taxis » avec un pictogramme de valise. Pas besoin de chercher le petit panneau « Terminal 2E – Sortie 32 ». Vous suivez la lumière verte au sol. 10 minutes plus tard, vous êtes dehors. C’est ça, le rêve 2027.
Pourquoi maintenant ?
Roissy n’est plus seulement un aéroport français. C’est le deuxième hub européen derrière Heathrow. Plus de 76 millions de passagers par an avant la pandémie, et on revient vite à ce niveau. Avec l’explosion des vols long-courriers et des correspondances (notamment vers l’Asie et l’Afrique), chaque minute perdue dans les couloirs coûte cher – en stress, en satisfaction, et parfois en argent.
Et puis il y a la concurrence. Singapour, Dubaï, Istanbul, Doha… ces aéroports nouvelle génération ont mis la barre très haut en matière d’expérience passager. Roissy se devait de réagir. Pas seulement pour le classement Skytrax (où il stagne autour de la 30-40e place), mais surtout pour rester attractif auprès des compagnies et des voyageurs.
Ce qui ne va pas disparaître (et tant mieux)
On ne va pas tout raser non plus. Les terminaux garderont leur structure physique – on ne peut pas déplacer un bâtiment de plusieurs centaines de mètres comme ça. Mais l’idée, c’est de masquer la complexité technique derrière une couche ultra-intuitive.
Un peu comme Apple avec ses iPhone : derrière, c’est hyper compliqué. Devant, même ma grand-mère s’en sort. C’est exactement cet esprit qu’on veut à Roissy.
Et pour les habitués ?
Bonne question. Parce que oui, ceux qui prennent le Terminal 2E toutes les semaines ont leurs repères. Changer tout d’un coup peut dérouter. La réponse ? Une transition douce : l’ancienne signalétique restera visible pendant plusieurs mois en parallèle de la nouvelle. Le temps que tout le monde s’habitue.
Et franchement, même les pros du transit vont y gagner. Parce que si vous avez déjà vu un passager perdu demander « C’est où la porte M ? » toutes les 5 minutes, vous savez que tout le monde sera plus serein.
Un modèle pour les autres aéroports ?
Si le projet réussit – et tout laisse à penser que oui –, il pourrait faire école. Orly va probablement suivre. Et pourquoi pas d’autres grands aéroports européens en galèrent aussi avec des infrastructures vieillissantes ? Amsterdam-Schiphol, Frankfurt, même Heathrow… tout le monde regarde.
Parce qu’au fond, le problème n’est pas technique. C’est humain. On a construit des aéroports comme des machines à traiter des flux. On oublie parfois que derrière les flux, il y a des gens fatigués, stressés, parfois avec des enfants ou des personnes âgées.
2027, ce n’est pas seulement une nouvelle signalétique. C’est un signal fort : l’aéroport du futur, ce n’est pas seulement plus grand ou plus technologiquement avancé. C’est surtout plus humain.
Et ça, ça fait du bien de le dire.
Alors oui, il faudra encore patienter un peu plus d’un an. Mais pour une fois, j’ai envie de croire que ça vaut le coup d’attendre. Parce que l’aéroport le plus stressant de France est en train de décider de devenir le plus accueillant.
Et la prochaine fois que je cours après une correspondance à Roissy, j’espère juste pouvoir lever les yeux, voir une flèche toute simple, et me dire : « Ah. Enfin. »
