Vous vous souvenez de l’époque où un gamin de 17 ans qui signe pro faisait encore figure d’exception ? Moi oui. Et pourtant, en cette fin d’année 2025, ça devient presque la routine à Rennes. Après le feu d’artifice Elias Legendre Quiñónez lancé dans le grand bain face au PSG, voilà que Ruben Lomet, autre pépite de la génération 2008, s’apprête à parapher son premier contrat professionnel. Et franchement, quand on voit le parcours du bonhomme, on se dit que le Stade Rennais tient peut-être là son futur patron de la défense.
Rennes, l’usine à rêves qui ne s’arrête jamais
Il y a des clubs qui forment, et puis il y a Rennes. Le genre d’endroit où les gamins arrivent à 11-12 ans et repartent, dix ans plus tard, avec un CV qui fait baver l’Europe entière. Désiré Doué, Eduardo Camavinga, Mathys Tel… la liste est longue comme un match de Coupe de France avec prolongations. Et aujourd’hui, c’est au tour de Ruben Lomet de rejoindre cette caste très fermée des espoirs qui passent pro avant même d’avoir le droit de voter.
Né à Saint-Malo en 2008 – oui, vous avez bien lu, 2008 –, ce grand gaucher d’1m88 a tout du défenseur moderne. Solide dans les duels, propre à la relance, et surtout une lecture du jeu qui laisse pantois les éducateurs depuis ses débuts au centre de formation en 2019. D’ailleurs, ceux qui l’ont vu grandir vous le diront : le gamin a toujours eu une longueur d’avance.
Un Breton pur jus qui porte le numéro 5 comme un étendard
Ce qui frappe d’abord chez Ruben Lomet, c’est son attachement à la Bretagne. Né à Saint-Malo, formé à l’US Saint-Malo avant de rejoindre Rennes à 11 ans, il incarne cette identité bretonne que le club aime tant mettre en avant. Quand il enfile le maillot rouge et noir, ce n’est pas juste un maillot. C’est une fierté. Un peu comme quand Yann M’Vila ou Sylvain Armand portaient le brassard il y a quinze ans.
Et puis il y a ce détail qui ne trompe pas : en sélection de France U17, lors du dernier Mondial au Qatar, c’est lui qui avait le brassard de capitaine. Le numéro 5 dans le dos. À 17 ans. Quand on sait que la France s’est fait sortir en huitièmes par le Brésil dans un scénario cruel, on mesure aussi la force de caractère du bonhomme. Car oui, il a pleuré. Comme un gamin. Mais il en est ressorti plus fort.
« Porter le brassard à ce niveau-là, ça marque un joueur pour toute sa carrière. Ça lui donne une légitimité. »
Un éducateur qui l’a côtoyé en sélection
La Coupe Gambardella, son premier grand souvenir collectif
Revenons un peu en arrière. La saison dernière, Rennes remporte la Coupe Gambardella. Et dans cette équipe-là, Ruben Lomet est déjà omniprésent. Aux côtés de Kader Meïté, Lucas Rosier ou Ayoub Akabou – des noms que vous allez entendre souvent dans les mois qui viennent –, il forme une défense intraitable. En demi-finale contre Auxerre, c’est lui qui sort le grand match. Tacles propres, relances laser, et cette capacité à calmer le jeu quand ça part dans tous les sens.
J’ai revu les images récemment. Ce gamin de 16 ans qui dirige ses coéquipiers comme un vieux briscard, c’est impressionnant. On sent déjà le leader. Le genre de défenseur qui fait jouer les autres rien qu’avec son placement. Un peu à l’image de ce que faisait un certain… Loïc Badé avant de partir à Séville.
- Finaliste de la Coupe Gambardella 2024 (vainqueur avec Rennes)
- Capitaine de l’équipe de France U17 au Mondial 2025
- Présent dans toutes les sélections de jeunes depuis les U16
- 1m88, gaucher, profil de défenseur central moderne
- Formé à Rennes depuis 2019
Pourquoi maintenant ? La stratégie gagnante de Rennes
Alors oui, on pourrait se dire : pourquoi signer pro si tôt ? La réponse est simple. Dans le football actuel, les clubs qui forment doivent sécuriser leurs pépites le plus tôt possible. Regardez Mathys Tel parti au Bayern à 17 ans. Ou Désiré Doué qui a filé à Paris. Rennes a appris la leçon. Aujourd’hui, dès qu’un gamin montre un potentiel énorme, on lui propose un contrat long. Et pour Lomet, on parle jusqu’en 2029 minimum.
Mais attention, ce n’est pas juste une question d’argent ou de protection. C’est aussi un message envoyé au joueur : « Ici, on croit en toi. Tu vas avoir ta chance. » Et avec Habib Beye aux manettes, qui n’hésite pas à lancer les jeunes – regardez Quiñónez titularisé au Parc des Princes –, Ruben Lomet sait qu’il n’aura pas besoin d’attendre ses 20 ans pour goûter à la Ligue 1.
D’ailleurs, les observateurs qui suivent le groupe pro vous le diront : Lomet s’entraîne déjà régulièrement avec les grands. Et il ne détonne pas. Physiquement, il est prêt. Techniquement, il a ce petit truc en plus que les défenseurs français perdent parfois en grandissant. Cette capacité à sortir proprement sous pression. À casser les lignes d’une passe extérieure du gauche. C’est rare à cet âge.
Un profil qui rappelle les grands défenseurs gauchers français
Quand on parle de Ruben Lomet, impossible de ne pas penser à certains illustres prédécesseurs. Évidemment, il y a Loïc Badé, sorti du même centre de formation il y a quelques années. Même gabarit, même pied fort, même intelligence de jeu. Mais il y a aussi un peu de Raphaël Varane jeune dans la manière de lire les trajectoires. Et pourquoi pas, osons la comparaison, un soupçon de Laurent Koscielny dans l’anticipation.
Ce qui est sûr, c’est que la France manque cruellement de défenseurs centraux gauchers de haut niveau. Depuis le départ de Presnel Kimpembe dans une spirale compliquée, et avec un William Saliba qui reste droitier, les options se réduisent. Ruben Lomet, avec son parcours en sélections et sa maturité, pourrait bien être celui qui comble ce vide dans les années à venir.
Et après ? Le chemin vers l’équipe première
Maintenant que le contrat est signé – ou sur le point de l’être –, la vraie question est : quand va-t-on le voir en Ligue 1 ? Personnellement, je ne serais pas surpris de le voir sur une feuille de match dès le printemps 2026. Peut-être en Coupe de France d’abord, comme ce fut le cas pour beaucoup avant lui. Ou pourquoi pas en fin de match de championnat si la situation le permet.
Ce qui est certain, c’est que Rennes a verrouillé son joyau. Et tant mieux. Parce que dans le football moderne, les clubs formateurs qui arrivent à garder leurs meilleurs éléments plus de deux saisons après leur signature pro, c’est devenu rare. Très rare.
Alors oui, Ruben Lomet a 17 ans. Oui, il a encore tout à prouver. Mais quand on voit le chemin parcouru, quand on écoute ceux qui l’ont vu grandir, une chose est sûre : ce gamin a quelque chose de spécial. Quelque chose que le Stade Rennais a su détecter, accompagner, et maintenant protéger.
Et nous, supporters, journalistes, passionnés, on va pouvoir suivre ça de très près. Parce qu’un nouveau chapitre de l’histoire rouge et noire est en train de s’écrire. Et il s’appelle Ruben Lomet.
En attendant ses premiers pas sous le maillot pro, une chose est sûre : la Bretagne du football a encore de beaux jours devant elle.
