Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’un objet usé, griffonné, presque banal pouvait valoir des millions ? Moi oui, et la réponse m’a scotché il y a quelques jours.
Un sac Birkin noir, pas flambant neuf, plutôt fatigué par des décennies d’aventures, vient de trouver preneur pour la somme hallucinante de 2,45 millions d’euros. Oui, vous avez bien lu correctement. Et ce n’était pas n’importe quel Birkin : c’était celui d’une certaine Jane.
Le mythe Jane Birkin ne s’éteint jamais
Deux ans et demi après son départ, elle continue de faire trembler le marché du luxe. Franchement, qui d’autre peut se vanter d’un tel pouvoir posthume ? Pas grand monde.
Ce sac, baptisé Le Birkin Voyageur, n’est pas un modèle sorti d’usine hier matin. Il date de 2003, offert directement par la maison Hermès à l’icône anglo-française. Et il porte les traces d’une vie entière : cuir patiné, coins émoussés, inscriptions à l’encre un peu effacées mais toujours lisibles.
« Mon Birkin bag qui a voyagé avec moi dans le monde entier »
Jane Birkin, écrit de sa main sur le rabat
Cette phrase toute simple a suffi à faire grimper les enchères jusqu’au délire. Onze minutes de bataille acharnée entre six collectionneurs. À la fin, un mystérieux acheteur au téléphone a raflé la mise. Six fois l’estimation haute. Six fois !
D’où vient cette folie autour d’un sac abîmé ?
Commençons par le commencement, parce que l’histoire du Birkin est déjà légendaire.
Tout part d’un vol Paris-Londres en 1984. Jane Birkin, enceinte, fait tomber le contenu de son sac en osier sur Jean-Louis Dumas, alors patron d’Hermès. Elle se plaint de ne jamais trouver un sac assez grand, assez souple, assez pratique pour une maman rock’n’roll. Lui répond : « Dessinez-le-moi. » Quelques mois plus tard naît le premier Birkin.
Depuis, le sac est devenu l’Everest du luxe. Liste d’attente interminable, prix officiels à cinq ou six chiffres, revente immédiate à +200 % sur le marché secondaire. Mais là, on parle d’autre chose : on parle de reliques.
Pourquoi celui-ci valait-il si cher ?
- Il fait partie des quatre derniers sacs que Jane a reçus en remplacement après avoir vendu son prototype originel pour le sida en 1994.
- Il porte des inscriptions manuscrites personnelles, dont la fameuse phrase sur les voyages.
- Il a déjà été vendu une première fois en 2007 pour une cause humanitaire – Jane avait fait de cette démarche une tradition.
- Ses ponts fermés rappellent le tout premier prototype de 1984.
- Son état usé ? Paradoxalement, c’est un atout : preuve d’une vie vécue à fond.
En clair, ce n’est plus un sac. C’est une capsule temporelle. Un bout d’âme de Jane Birkin.
J’ai vu des photos de près. On distingue encore les traces de stylo, les petites déchirures réparées à la va-vite, les éraflures qui racontent des tournées, des aéroports, des nuits blanches. C’est presque émouvant.
Et ce n’est pas fini…
Quelques mois plus tôt, le tout premier Birkin de 1984 (celui du vol mythique) a explosé tous les records à Paris : 8,6 millions d’euros. Le sac le plus cher de l’histoire.
Et dans quelques jours, un troisième sac personnel de Jane passera de nouveau sous le marteau, cette fois à Drouot. Estimé entre 100 000 et 120 000 euros, il est bardé de grigri, clochettes japonaises et souvenirs. Son ancienne propriétaire l’avait confié à sa biographe pour financer une future fondation.
Vous l’aurez compris : tant qu’il restera un sac ayant appartenu à Jane Birkin, il y aura des records.
Que nous dit cette frénésie ?
À mon sens, trois choses.
D’abord, le marché du luxe vintage explose. Les collectionneurs ne veulent plus du neuf impeccable ; ils veulent de l’histoire, de l’émotion, du vécu.
Ensuite, Jane Birkin reste une icône absolue. Pas seulement pour sa voix, ses films, sa liberté. Mais pour son authenticité brute. Elle n’a jamais joué le jeu du luxe clinquant. Elle customisait ses Birkin avec des stickers, des badges, elle les abîmait sans remords. Et c’est précisément cette désinvolture chic qui rend ces pièces follement désirables aujourd’hui.
Enfin, il y a un côté presque spirituel. Acheter le sac de Jane, c’est un peu toucher du doigt son aura, son insouciance légendaire, sa façon unique d’être à la fois star mondiale et fille nature.
« Il pesait une tonne. Mais elle et lui étaient indissociables. Elle ne l’oubliait jamais. »
Gabrielle Crawford, amie et biographe de Jane Birkin
Cette phrase résume tout.
Et nous, simples mortels, dans tout ça ?
On regarde, ébahis, ces sommes astronomiques. On se dit que le monde est fou. Et pourtant… qui n’a jamais gardé un vieux sac, un vieux pull, un vieux carnet rempli de souvenirs ?
La différence, c’est que Jane Birkin a transformé son bazar quotidien en légende. Elle a fait de ses objets usés des œuvres d’art vivantes. Et aujourd’hui, ces objets continuent de voyager, de raconter son histoire, bien après elle.
Quelque part, c’est magnifique.
Alors la prochaine fois que vous croiserez un vieux Birkin tout râpé dans un vide-grenier, regardez-le deux fois. On ne sait jamais… peut-être qu’un jour, il vaudra lui aussi une petite fortune. Ou alors il contiendra simplement vos propres souvenirs. Et ça, ça n’a pas de prix.
(Article écrit avec passion par quelqu’un qui trouve que Jane Birkin restera à jamais la définition même du cool.)
