Imaginez un pays si petit qu’il pourrait tenir dans un coin d’une grande ville, et pourtant, il rêve grand. Saint-Marin, enclave de 60 km² nichée au cœur de l’Italie, est en train de faire un pari audacieux : bâtir une sélection féminine de football compétitive. Dans un monde où le foot féminin gagne en visibilité, ce micro-État, connu pour être la plus ancienne République du monde, s’attaque à des défis colossaux – démographie en berne, ressources limitées, et une culture sportive encore balbutiante. Mais l’enthousiasme est là, et il est contagieux.
Un Projet Ambitieux pour le Foot Féminin
Quand on pense à Saint-Marin, on imagine des ruelles médiévales, des tours perchées sur le mont Titano, et une histoire riche de plus de quatre siècles. Mais le football ? Pas vraiment. Pourtant, depuis quelques années, ce petit État s’active pour changer la donne, notamment pour ses joueuses. L’objectif est clair : avoir une sélection seniors féminine d’ici 2028, capable de rivaliser sur la scène européenne. Un défi qui pourrait sembler insensé, mais qui repose sur une stratégie bien pensée et une détermination à toute épreuve.
Les Premiers Pas d’une Révolution Sportive
Le chemin a commencé modestement, mais avec sérieux. En octobre 2023, Saint-Marin a créé sa première sélection des moins de 16 ans, un jalon posé en accord avec l’UEFA. Ce n’est pas juste une équipe : c’est une promesse d’avenir. Les jeunes joueuses, comme Elisa Terenzi ou Greta Paone, s’entraînent avec une ferveur qui impressionne. Leur terrain ? Le San Marino Stadium, un lieu qui, bien que modeste, vibre d’une énergie nouvelle.
« Ces filles compensent leur manque d’expérience par un sentiment d’appartenance incroyable. Elles jouent pour leur pays, et ça change tout. »
– Entraîneur de la sélection des moins de 16 ans
Ce n’est pas un secret : Saint-Marin doit composer avec une population de seulement 34 000 habitants, dont à peine 25 000 ont la nationalité. La dénatalité est un adversaire redoutable – 149 naissances en 2024 contre 205 en 2022. Chaque joueuse compte, et perdre une seule d’entre elles à cause d’un abandon ou d’un manque de motivation serait un coup dur. Alors, comment faire pour bâtir une équipe dans un tel contexte ?
La San Marino Academy : Le Cœur du Projet
Au centre de cette aventure, il y a la San Marino Academy, un club mixte qui fait office de vivier pour les talents locaux. Ce n’est pas juste un club, c’est une pépinière où l’on cultive l’avenir du foot saint-marinais. L’équipe première féminine joue déjà en Serie B italienne, un exploit pour un pays de cette taille. Les joueuses s’entraînent ensemble bien plus souvent que leurs adversaires, ce qui forge une cohésion rare.
- Formation intensive : Les jeunes sont suivies dès l’âge de 8 ans, avec des entraînements réguliers.
- Compétition immédiate : Participer à la Serie B italienne expose les joueuses à un niveau relevé.
- Esprit d’équipe : Presque toutes les joueuses de la sélection des moins de 16 ans viennent de ce club.
J’ai toujours trouvé fascinant comment des structures modestes peuvent produire des résultats impressionnants. La San Marino Academy, c’est un peu David contre Goliath : un petit club qui défie les géants du foot italien avec une poignée de joueuses ultra-motivées. Et ça marche.
La Démographie : Un Obstacle de Taille
Si le talent et la volonté sont là, le vrai défi, c’est le nombre. Avec une population aussi réduite, constituer une équipe compétitive relève du casse-tête. Les responsables de la fédération saint-marinaise l’ont bien compris et se battent pour élargir la base. Ils vont jusqu’à visiter les écoles primaires, voire maternelles, pour convaincre les jeunes filles de chausser les crampons.
« On ne peut pas se permettre de perdre une seule joueuse. Chaque absence, c’est un rêve qui s’éteint. »
– Responsable de la section féminine
Ce n’est pas tout. La diaspora pose aussi problème. Beaucoup de jeunes quittent Saint-Marin après le collège pour étudier dans les villes italiennes voisines, comme Rimini. Les trajets s’allongent, les entraînements deviennent compliqués, et certaines finissent par abandonner. Ajoutez à cela une culture où le sport reste souvent amateur, et vous obtenez un tableau complexe.
| Challenge | Impact | Solution |
| Dénatalité | Moins de 150 naissances par an | Recrutement dès la maternelle |
| Diaspora | Abandon post-collège | Programmes de fidélisation |
| Culture amateur | Priorité aux études | Sensibilisation dans les écoles |
Ce tableau, je l’ai dressé en repensant à mes propres expériences dans des petites communautés sportives. On sous-estime souvent l’impact d’une mentalité locale sur des projets ambitieux comme celui-ci. Mais à Saint-Marin, ils ne baissent pas les bras.
Un Sentiment d’Appartenance Unique
Ce qui frappe, c’est la passion des joueuses. Lors d’un tournoi amical en avril 2024, elles ont affronté la Géorgie, l’Estonie et le Luxembourg. Les résultats ? Mitigés, mais l’attitude était irréprochable. Une joueuse s’est cassé un doigt et a continué. Une autre, blessée au ligament, a enfilé une genouillère pour rester sur le terrain. Ce n’est pas juste du foot, c’est une question d’identité.
« Chanter l’hymne national avant un match, c’est quelque chose qui te donne des frissons. On se sent liées à Saint-Marin comme jamais. »
– Jeune joueuse de la sélection
Ce genre de moment, ça ne s’invente pas. J’ai vu des équipes avec des budgets énormes manquer de cette flamme. À Saint-Marin, elles jouent pour quelque chose de plus grand qu’un simple score.
Des Figures Inspirantes
Parmi les pionnières, une figure se détache : une ancienne attaquante, née en Argentine mais d’origine saint-marinaise, qui a porté les couleurs de la San Marino Academy jusqu’en Serie A. Elle a raccroché les crampons récemment, mais son héritage perdure. Elle regarde aujourd’hui les jeunes avec une pointe de nostalgie, consciente qu’elles vivent quelque chose qu’elle n’a jamais pu expérimenter : représenter son pays.
Et puis, il y a les étoiles montantes. Une gardienne, par exemple, a été décisive lors d’une victoire historique contre l’Estonie. Une autre, partie rejoindre le centre de formation d’un grand club italien, refuse les avances de l’Italie pour rester fidèle à Saint-Marin. Ces choix, c’est la preuve que quelque chose de spécial est en train de naître.
Pourquoi Ça Compte ?
Vous vous demandez peut-être pourquoi l’émergence d’une sélection féminine dans un pays aussi petit fait autant parler. C’est simple : c’est une leçon d’ambition. Saint-Marin montre que même avec des moyens limités, on peut viser haut. Leur projet ne se contente pas de créer une équipe, il s’agit de changer les mentalités, d’inspirer une génération, et de prouver que le foot féminin a sa place partout, même là où personne ne l’attendait.
- Un symbole d’égalité : Saint-Marin boucle la boucle de la parité dans l’UEFA.
- Un modèle de résilience : Défier la démographie et les ressources limitées.
- Un espoir pour l’avenir : Former des joueuses capables de briller en Europe.
Franchement, je trouve ça inspirant. Dans un monde où les projecteurs se braquent souvent sur les grandes nations, voir un petit pays comme Saint-Marin se battre pour exister sur la scène sportive, ça remet les choses en perspective.
Les Prochains Défis
Le chemin est encore long. L’UEFA attend de la continuité, et Saint-Marin a déjà déposé une candidature pour les qualifications des Euros des moins de 17 et 19 ans en 2026. Mais pour y arriver, il faudra maintenir l’élan, convaincre plus de filles de rejoindre les terrains, et surtout, garder cette flamme qui fait la force de cette équipe.
Le plus grand défi, au-delà des chiffres, c’est de changer les perceptions. Dans un pays où le sport collectif lutte pour exister face à des disciplines comme le tir, chaque pas compte. Et si Saint-Marin réussit, ce sera bien plus qu’une équipe : ce sera une révolution.
En repensant à tout ça, je me dis que Saint-Marin, c’est un peu l’outsider qu’on a tous envie de soutenir. Leur histoire, c’est celle d’un petit pays qui refuse de rester dans l’ombre. D’ici 2028, qui sait ? Peut-être qu’on parlera de ces joueuses comme des pionnières d’un mouvement qui aura changé le foot féminin. En attendant, une chose est sûre : elles écrivent déjà l’histoire, un entraînement à la fois.
