Personne n’avait vraiment vu venir une rentrée aussi compliquée. Enfin si, les syndicats enseignants alertaient depuis des mois, mais là, on touche le fond. Dans certaines écoles de la ville, des classes sont restées sans titulaire pendant des semaines, parfois des mois. Les remplaçants ? Inexistants ou déjà épuisés ailleurs. Résultat : des parents désemparés, des directeurs d’école au bord de la crise de nerfs et des enfants qui accumulent un retard difficile à combler.
Face à ce fiasco, la municipalité a décidé de ne plus attendre les miracles de l’Éducation nationale. Depuis quelques semaines, elle propose donc des sessions de soutien scolaire deux matinées par semaine, le mercredi et le samedi. Français, mathématiques, un peu de méthodologie : l’idée est de limiter la casse pour les élèves les plus impactés.
Des animateurs motivés, mais pas formés pour ça
Ce matin-là, dans l’école Jean-de-La-Fontaine, Youssoupha et Kendy, tous les deux la petite quarantaine, s’occupent d’une douzaine d’enfants. L’un vient du service jeunesse de la ville, l’autre du centre de loisirs. Ils sont sympas, patients, mais soyons honnêtes : ils n’ont pas le concours de professeur des écoles. Pourtant, ils assurent.
« On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a. Les gamins sont contents de venir, ils savent que c’est pour rattraper le temps perdu. »
Un des animateurs, sous couvert d’anonymat
Et ça marche plutôt bien. Les enfants participent, posent des questions, rigolent même parfois. L’ambiance est loin des cours classiques un peu rigides. Mais derrière le sourire, on sent la frustration. Frustration des parents qui aimeraient que leur enfant ait un vrai professeur cinq jours par semaine. Frustration des animateurs qui se retrouvent profs par défaut.
Un phénomène qui dépasse largement Saint-Ouen
Ce qui se passe ici n’est malheureusement pas isolé. La Seine-Saint-Denis concentre beaucoup de difficultés : postes vacants, arrêts maladie non remplacés, contractuels qui jettent l’éponge après quelques semaines. Certaines académies parlent d’un déficit de plusieurs milliers de professeurs pour cette rentrée. Et quand on sait que le département enregistre déjà les résultats scolaires les plus faibles de France métropolitaine, on mesure l’ampleur du désastre.
- Classes sans titulaire pendant plus de trois mois dans certains quartiers
- Remplaçants épuisés ou tout simplement inexistants
- Enfants qui prennent jusqu’à six mois de retard en un an
- Parents qui se cotisent parfois pour payer des cours particuliers
Ces chiffres font mal. Et ils expliquent pourquoi certaines mairies, comme ici, sortent du cadre habituel pour tenter de limiter les dégâts.
Une solution temporaire qui pose question
Évidemment, tout le monde s’accorde à dire que ces cours municipaux ne sont qu’un pansement sur une jambe de bois. Ils permettent de maintenir un lien avec l’école, de travailler les bases, mais ils ne remplacent pas un enseignement quotidien structuré. Et puis il y a la question de l’équité : toutes les communes n’ont pas les moyens (ni la volonté) d’organiser ce genre de dispositif. Résultat : selon où vous habitez, votre enfant aura ou non une chance de rattraper son retard.
D’ailleurs, certains parents que j’ai pu croiser devant l’école ce samedi-là ne mâchaient pas leurs mots :
« C’est bien gentil tout ça, mais on remercie la mairie, mais c’est pas à elle de faire le boulot de l’État ! »
Difficile de leur donner tort. On touche là à un problème structurel : l’attractivité du métier d’enseignant s’est effondrée. Salaires trop bas, conditions de travail dégradées, violence scolaire en hausse… Les jeunes diplômés préfèrent souvent d’autres voies. Et ceux qui restent brûlent vite leurs ailes.
Et après ? Vers une généralisation de ce modèle ?
Ce qui est intéressant, c’est que l’expérience de Saint-Ouen commence à faire des émules. D’autres villes de Seine-Saint-Denis, mais aussi ailleurs en France, réfléchissent à des dispositifs similaires. Certaines parlent même de conventionner avec des associations ou des étudiants pour proposer du soutien. Est-ce qu’on va vers un système où les mairies deviendront co-responsables de l’enseignement primaire ? L’idée peut paraître folle, mais elle fait son chemin.
En attendant, les enfants continuent d’arriver le mercredi matin, sac à dos sur l’épaule et bonne humeur dans la voix. Ils savent que c’est pas l’idéal, mais c’est déjà ça. Et parfois, dans leurs sourires, on lit une forme de résilience qui fait chaud au cœur. Parce qu’au fond, ce sont eux les premières victimes de cette crise. Et pourtant, ils sont là, à essayer de comprendre pourquoi 326 divisé par 8 ça fait 40,75.
Alors oui, la situation est grave. Mais elle révèle aussi une chose : quand l’État lâche, la société locale sait parfois se mobiliser. Pas parfaitement, pas suffisamment, mais avec cœur. Et ça, c’est déjà une petite victoire dans la tempête.
Allez, on croise les doigts pour que 2026 soit l’année du rebond. Parce que franchement, nos gamins méritent mieux que des cours de rattrapage le samedi matin.
Imaginez la scène : il est huit heures trente un mercredi matin et, au lieu de profiter de leur jour off, une dizaine de gamins de CE2 et CM1 sont déjà installés dans une salle de classe, crayon en main, à plancher sur des divisions à deux chiffres. À côté d’eux, pas de professeur des écoles classique, mais deux animateurs municipaux qui font de leur mieux pour rattraper des semaines de cours sautées. Bienvenue à Saint-Ouen en cette fin d’année 2025, où la crise des absences enseignantes prend une tournure tellement aiguë que la ville a décidé de bricoler sa propre solution.
Quand la mairie devient professeur remplaçant
Personne n’avait vraiment vu venir une rentrée aussi compliquée. Enfin si, les syndicats enseignants alertaient depuis des mois, mais là, on touche le fond. Dans certaines écoles de la ville, des classes sont restées sans titulaire pendant des semaines, parfois des mois. Les remplaçants ? Inexistants ou déjà épuisés ailleurs. Résultat : des parents désemparés, des directeurs d’école au bord de la crise de nerfs et des enfants qui accumulent un retard difficile à combler.
Face à ce fiasco, la municipalité a décidé de ne plus attendre les miracles de l’Éducation nationale. Depuis quelques semaines, elle propose donc des sessions de soutien scolaire deux matinées par semaine, le mercredi et le samedi. Français, mathématiques, un peu de méthodologie : l’idée est de limiter la casse pour les élèves les plus impactés.
Des animateurs motivés, mais pas formés pour ça
Ce matin-là, dans l’école Jean-de-La-Fontaine, Youssoupha et Kendy, tous les deux la petite quarantaine, s’occupent d’une douzaine d’enfants. L’un vient du service jeunesse de la ville, l’autre du centre de loisirs. Ils sont sympas, patients, mais soyons honnêtes : ils n’ont pas le concours de professeur des écoles. Pourtant, ils assurent.
« On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a. Les gamins sont contents de venir, ils savent que c’est pour rattraper le temps perdu. »
Un des animateurs, sous couvert d’anonymat
Et ça marche plutôt bien. Les enfants participent, posent des questions, rigolent même parfois. L’ambiance est loin des cours classiques un peu rigides. Mais derrière le sourire, on sent la frustration. Frustration des parents qui aimeraient que leur enfant ait un vrai professeur cinq jours par semaine. Frustration des animateurs qui se retrouvent profs par défaut.
Un phénomène qui dépasse largement Saint-Ouen
Ce qui se passe ici n’est malheureusement pas isolé. La Seine-Saint-Denis concentre beaucoup de difficultés : postes vacants, arrêts maladie non remplacés, contractuels qui jettent l’éponge après quelques semaines. Certaines académies parlent d’un déficit de plusieurs milliers de professeurs pour cette rentrée. Et quand on sait que le département enregistre déjà les résultats scolaires les plus faibles de France métropolitaine, on mesure l’ampleur du désastre.
- Classes sans titulaire pendant plus de trois mois dans certains quartiers
- Remplaçants épuisés ou tout simplement inexistants
- Enfants qui prennent jusqu’à six mois de retard en un an
- Parents qui se cotisent parfois pour payer des cours particuliers
Ces chiffres font mal. Et ils expliquent pourquoi certaines mairies, comme ici, sortent du cadre habituel pour tenter de limiter les dégâts.
Une solution temporaire qui pose question
Évidemment, tout le monde s’accorde à dire que ces cours municipaux ne sont qu’un pansement sur une jambe de bois. Ils permettent de maintenir un lien avec l’école, de travailler les bases, mais ils ne remplacent pas un enseignement quotidien structuré. Et puis il y a la question de l’équité : toutes les communes n’ont pas les moyens (ni la volonté) d’organiser ce genre de dispositif. Résultat : selon où vous habitez, votre enfant aura ou non une chance de rattraper son retard.
D’ailleurs, certains parents que j’ai pu croiser devant l’école ce samedi-là ne mâchaient pas leurs mots :
« C’est bien gentil tout ça, mais on remercie la mairie, mais c’est pas à elle de faire le boulot de l’État ! »
Difficile de leur donner tort. On touche là à un problème structurel : l’attractivité du métier d’enseignant s’est effondrée. Salaires trop bas, conditions de travail dégradées, violence scolaire en hausse… Les jeunes diplômés préfèrent souvent d’autres voies. Et ceux qui restent brûlent vite leurs ailes.
Et après ? Vers une généralisation de ce modèle ?
Ce qui est intéressant, c’est que l’expérience de Saint-Ouen commence à faire des émules. D’autres villes de Seine-Saint-Denis, mais aussi ailleurs en France, réfléchissent à des dispositifs similaires. Certaines parlent même de conventionner avec des associations ou des étudiants pour proposer du soutien. Est-ce qu’on va vers un système où les mairies deviendront co-responsables de l’enseignement primaire ? L’idée peut paraître folle, mais elle fait son chemin.
En attendant, les enfants continuent d’arriver le mercredi matin, sac à dos sur l’épaule et bonne humeur dans la voix. Ils savent que c’est pas l’idéal, mais c’est déjà ça. Et parfois, dans leurs sourires, on lit une forme de résilience qui fait chaud au cœur. Parce qu’au fond, ce sont eux les premières victimes de cette crise. Et pourtant, ils sont là, à essayer de comprendre pourquoi 326 divisé par 8 ça fait 40,75.
Alors oui, la situation est grave. Mais elle révèle aussi une chose : quand l’État lâche, la société locale sait parfois se mobiliser. Pas parfaitement, pas suffisamment, mais avec cœur. Et ça, c’est déjà une petite victoire dans la tempête.
Allez, on croise les doigts pour que 2026 soit l’année du rebond. Parce que franchement, nos gamins méritent mieux que des cours de rattrapage le samedi matin.
