Il y a des joueuses qui traversent les tempêtes sans jamais couler. Sakina Karchaoui fait partie de celles-là. À 29 ans, la capitaine du PSG féminin continue d’afficher un niveau exceptionnel alors que son club vit l’une des pires campagnes européennes de son histoire. Zéro point après quatre journées de Ligue des champions, dernière place du groupe, qualification directe pour les quarts déjà hors de portée… Et pourtant, elle, elle brille. Vraiment.
Je ne sais pas vous, mais moi, quand je regarde les matchs du PSG cette saison en C1, j’ai parfois l’impression de voir une équipe coupée en deux : d’un côté la galère collective, de l’autre une femme qui refuse de sombrér. C’est presque fascinant.
Sakina Karchaoui, la bouée de sauvetage du PSG en crise
Revenons un peu en arrière. Après une trêve internationale où elle a encore montré toute sa classe avec les Bleues – buteuse, décisive, élue meilleure joueuse face à la Suède –, Sakina est revenue à Paris avec le sourire. Forcément. Pendant que le PSG enchaînait les déconvenues en Europe, elle ramenait la troisième place de la Ligue des nations avec l’équipe de France. Un contraste saisissant.
Ce mardi soir, le PSG reçoit Louvain au Parc des Princes. Un match déjà décisif. Pas pour la première place, non, c’est trop tard. Mais pour garder un espoir, même mince, de passer par les play-offs. Et pour ça, il faudra des cadres. Des vrais. Ceux qui montrent l’exemple quand tout va mal.
Un changement de poste qui a tout changé
Il y a un peu plus d’un an, on a commencé à la voir évoluer au milieu. Une latérale gauche de formation, reconvertie en milieu relayeuse. Beaucoup ont tiqué. Moi le premier. Et puis… force est de constater que c’était une idée de génie.
Aujourd’hui, elle rayonne. Elle touche des dizaines de ballons, casse les lignes, récupère haut, se projette. Elle fait tout, en fait. Et surtout, elle le fait bien. Très bien même.
« Je suis très content de ce qu’elle fait. Je ne demande pas qu’elle change sa manière d’être, juste de continuer à évoluer, à jouer son football avec des responsabilités un peu plus larges qu’avant. »
– L’entraîneur du PSG féminin
Quand votre coach dit ça en conférence de presse, c’est que vous faites partie des intouchables. Et il a raison.
Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
On peut toujours discuter du beau jeu, des intentions, du projet. Mais il y a des stats qui ne mentent pas. En Ligue des champions cette saison, aucune joueuse – je dis bien aucune – n’a gagné plus de duels que Sakina Karchaoui. 33. C’est énorme.
- Plus de duels gagnés que n’importe quelle autre joueuse en C1
- Présente dans les 30 mètres adverses comme dans les siens
- Capitaine à seulement 29 ans, dans un vestiaire rempli de stars
- Modèle déclaré pour toute une génération de jeunes du club
33 duels gagnés. Laissez ça poser deux secondes. Dans une compétition où le PSG prend l’eau tactiquement et mentalement, elle est la seule à tenir la baraque physiquement. C’est pas rien.
Une grande sœur pour les jeunes
Au-delà des stats, il y a l’humain. Et là, Sakina marque peut-être encore plus de points.
Prenez Anaïs Ebayilin, 17 ans (bientôt 18), qui monte en puissance au milieu. Elle ne tarit pas d’éloges sur sa capitaine :
« Ça fait des années que je la regarde. Elle met beaucoup d’énergie, c’est facile de la suivre, de s’en inspirer. Elle agit comme une grande sœur pour moi, elle me donne beaucoup de conseils. »
– Anaïs Ebayilin, milieu du PSG
Dans un vestiaire où l’on parle souvent de stars, d’ego, de salaires XXL, entendre ça, ça fait du bien. Sakina, c’est la joueuse qui montre la voie sans faire de bruit. Par l’exemple. Toujours.
Et ce n’est pas que du discours. Sur le terrain, elle n’hésite pas à replacer, à encourager, à engueuler quand il le faut. Elle porte le brassard, mais surtout elle porte l’équipe.
Un leadership naturel dans la tempête
Ce qui frappe, c’est qu’elle ne baisse jamais les bras. Même quand le PSG prend 3-1 contre le Bayern à domicile. Même quand l’équipe est menée 2-0 à la mi-temps quelque part en Europe. Elle court, elle harangue, elle tente.
On l’a vue, après certaines défaites, rester de longues minutes sur la pelouse à discuter avec les plus jeunes. À expliquer. À consoler parfois. C’est rare, ce genre de comportement, dans le foot pro d’aujourd’hui.
Et pourtant, elle n’a que 29 ans. Pas 35, pas 37. À un âge où beaucoup pensent encore à leur carrière individuelle, elle pense collectif. C’est peut-être ça, la vraie marque des grands capitaines.
Et maintenant ? Le match contre Louvain, un tournant
Ce soir, c’est presque un match de la dernière chance. Pas pour tout sauver, non. Mais pour garder un semblant d’espoir. Pour montrer que le PSG féminin n’est pas complètement à la dérive.
Et pour ça, il faudra une Sakina Karchaoui au top. Encore une fois.
On sait qu’elle répondra présente. Elle l’a toujours fait cette saison. Mais une joueuse, aussi forte soit-elle, ne peut pas tout porter seule éternellement. Les autres cadres devront se réveiller. Les jeunes devront suivre. L’entraîneur devra trouver les bons mots, les bons schémas.
Parce que oui, Sakina surnage. Magnifiquement. Mais même les meilleures nageuses finissent par avoir besoin qu’on leur tende la main pour sortir de l’eau.
Pourquoi elle incarne l’avenir du foot féminin français
Au-delà du PSG, Sakina représente quelque chose de plus grand. Une génération de joueuses françaises qui n’ont plus rien à envier aux meilleures mondiales. Technique, physique, mental : elle a tout.
Et surtout, elle a cette rage de vaincre chevillée au corps. Cette envie de prouver, match après match, qu’une fille issue de l’immigration, passée par Montpellier puis Lyon, peut devenir capitaine du PSG et leader des Bleues.
C’est un message puissant. Pour toutes les petites filles qui regardent les matchs à la télé. Pour toutes celles qui débutent dans les clubs de quartier.
Sakina Karchaoui, ce n’est pas juste une joueuse. C’est un symbole. Un modèle. Une preuve que quand on bosse, qu’on y croit, qu’on ne lâche rien, tout devient possible.
Même quand son club traverse la pire crise européenne de son histoire.
Alors oui, ce soir, j’espère une victoire du PSG. Pas seulement pour les trois points. Mais surtout pour elle. Parce qu’elle le mérite. Parce qu’elle porte ce maillot avec une classe rare.
Allez Sakina. Encore une fois, montre-leur.
(Article mis à jour après le match si besoin – mais quelque chose me dit qu’on reparlera encore d’elle…)
