Vous êtes-vous déjà demandé ce que ressentiraient vos enfants si, demain, la France devait vraiment se battre ? Pas une opération lointaine, non : une vraie guerre, sur notre sol ou juste à côté. Personnellement, cette question me hante depuis quelques années. Et quand un ancien chef d’état-major des armées, quelqu’un qui a commandé des dizaines de milliers d’hommes, déclare qu’il faut « réapprendre aux petits Français à aimer leur pays », on tend l’oreille. Très fort.
Parce que, soyons honnêtes, on vit dans un drôle de paradoxe : jamais la paix n’a semblé aussi fragile depuis 1945, et pourtant, jamais une génération n’a été aussi éloignée de l’idée même de sacrifice pour la patrie. C’est ce fossé que pointe du doigt le général Pierre de Villiers, et il ne le fait pas avec des pincettes.
La paix de 80 ans est en train de s’effriter sous nos yeux
Il l’a dit calmement, presque avec tristesse : « Il faut accepter que la situation de paix que nous vivons depuis 80 ans soit en train de changer. » Quatre-vingts ans. C’est le temps qui nous sépare de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour la plupart d’entre nous, la guerre, c’est du cinéma ou les livres d’histoire. Pour nos parents ou grands-parents, c’était la réalité.
Aujourd’hui, les signaux s’accumulent. À l’est, un conflit de haute intensité fait rage depuis bientôt quatre ans. Au sud, le terrorisme reste une menace permanente. Et partout, les grandes puissances se réarment à marche forcée. Pendant ce temps, notre armée, aussi professionnelle et courageuse soit-elle, reste sous-dimensionnée face à ce qui pourrait arriver. Le mot est lâché.
« Avant la chute du Mur, nous nous préparions à la guerre. Depuis, nous sommes capables de faire des opérations de guerre, ce n’est pas la même chose. Il faut retrouver cette capacité à faire la guerre. »
Général Pierre de Villiers
La nuance est énorme. Faire une opération extérieure, c’est une chose. Tenir face à une armée de plusieurs centaines de milliers d’hommes équipés de missiles hypersoniques et de drones en essaim, c’en est une autre. Et là, on n’est plus dans le domaine du possible : on est dans celui du probable si rien ne change.
Un service militaire volontaire : la réponse possible ?
Le chef de l’État a récemment remis sur la table l’idée d’un service militaire volontaire. Pas l’ancien service obligatoire d’un an, non. Quelque chose de plus court, de plus modulable, mais surtout ouvert à tous ceux qui le souhaitent. L’objectif annoncé : 3 000 jeunes en 2026, puis monter progressivement jusqu’à 50 000 par an d’ici 2035.
Pierre de Villiers, lui, trouve ça bien… mais trop timide. « On pourrait peut-être aller plus vite », glisse-t-il avec ce ton de sous-officier qui n’aime pas trop attendre. Et franchement, quand on voit la vitesse à laquelle le monde change, on se dit qu’il n’a peut-être pas tort.
- Un mois intensif de formation militaire et civique
- Apprentissage des gestes qui sauvent
- Éducation à la résilience et à la discipline
- Découverte des valeurs républicaines et du fonctionnement des institutions
- Possibilité d’engagement plus long dans la réserve opérationnelle
Ce n’est pas juste mettre un treillis sur le dos d’un jeune et lui apprendre à démonter un FAMAS. C’est surtout lui redonner le goût de quelque chose de plus grand que lui. Lui faire comprendre que la liberté, ça se défend. Que la France, ce n’est pas qu’un passeport ou un compte Instagram avec un filtre bleu-blanc-rouge le 14 juillet.
Le vrai problème : avons-nous encore envie de nous battre pour la France ?
Et là, le général tape juste. Très juste. Il pose la question que personne n’ose vraiment formuler en public :
« Comment voulez-vous vous battre pour votre pays, s’ils ne l’aiment pas ? »
Boum. Dans le mille. Parce qu’on peut avoir la meilleure armée du monde, les meilleurs chars, les meilleurs avions (et ce n’est malheureusement plus le cas), si les gens ne se sentent plus concernés par le sort collectif, tout s’effondre.
J’ai discuté avec des lycéens récemment. Quand je leur ai demandé s’ils seraient prêts à prendre les armes pour défendre la France, la réponse majoritaire était… un haussement d’épaules. Pas par lâcheté. Par déconnexion totale. Pour eux, la nation, c’est un concept ringard. Un truc de boomer. Ils sont citoyens du monde, connectés, ouverts, tolérants. Super. Mais quand le monde brûle, c’est bien d’avoir un chez-soi à défendre.
Et c’est là que le service militaire volontaire prend tout son sens. Pas seulement pour apprendre à tirer ou à faire un pansement. Mais pour recréer du lien. Entre les jeunes de banlieue et ceux des beaux quartiers. Entre les fils d’ouvriers et les enfants de cadres. Entre ceux qui votent à gauche, à droite ou qui ne votent plus du tout.
Le mythe de la mondialisation heureuse a vécu
Le général le dit sans détour : nous avons perdu notre « creuset national » à force de croire aux sirènes de la mondialisation heureuse et de l’armée européenne. L’idée qu’on allait tous se tenir la main sous un même drapeau étoilé et que plus jamais il n’y aurait de guerre entre nous.
Sauf que la réalité rattrape toujours les belles idées. Et aujourd’hui, les nations qui comptent sont celles qui assument leur souveraineté. Qui investissent massivement dans leur défense. Qui n’ont pas honte de brandir leur drapeau.
Quand un responsable étranger parle de certains pays européens comme d’États « en décrépitude », ça pique. Mais le pire, c’est qu’une partie de nous sait qu’il y a du vrai. Fractures sociales béantes. Déclassement. Sentiment d’abandon dans toute une partie du territoire. Comment voulez-vous que la jeunesse aime un pays qui semble ne plus croire en lui-même ?
Et si c’était le moment du sursaut ?
Je ne vais pas vous mentir : l’idée d’un retour du service national, même volontaire, fait grincer des dents. On va nous parler d’autoritarisme, de nostalgie réactionnaire, de perte de temps pour les études. Je comprends. Vraiment.
Mais regardez autour de vous. Regardez les pays qui tiennent encore debout dans la tempête : ils ont tous un point commun. Une jeunesse qui sait pourquoi elle se lève le matin. Une fierté nationale assumée. Une armée respectée et soutenue par la population.
En Israël, en Corée du Sud, en Suisse, en Finlande, en Estonie… le service militaire (obligatoire ou presque) n’est pas vu comme une corvée. C’est un rite de passage. Un moment où l’on devient pleinement citoyen.
Et si la France, pays de la Révolution et de la Résistance, était capable du même sursaut ? Pas par nostalgie du passé. Mais par lucidité sur l’avenir.
Concrètement, ça donnerait quoi ?
Imaginons un peu. Un jeune de 18 ans, quel que soit son milieu, qui choisit de passer un mois loin de son smartphone. Qui dort en dortoir avec des gens qu’il n’aurait jamais croisés autrement. Qui apprend à marcher au pas, à obéir, à commander, à secourir, à protéger.
Qui découvre que la France, ce n’est pas qu’une carte postale. C’est aussi des gens formidables, des paysages magnifiques, une histoire folle, et oui, des devoirs.
| Objectif | Contenu possible | Impact attendu |
| Formation militaire de base | Tir, topographie, gestes qui sauvent | Confiance en soi, discipline |
| Éducation civique renforcée | Histoire, institutions, valeurs républicaines | Fierté d’appartenance |
| Mixité sociale | Vie en collectivité forcée | Compréhension de l’autre |
| Engagement citoyen | Actions solidaires, réserve | Sentiment d’utilité |
Et si, au bout de ce mois, il rentrait chez lui un peu plus grand. Un peu plus responsable. Un peu plus Français, tout simplement.
Le mot de la fin
On peut toujours attendre que le ciel nous tombe sur la tête. Continuer à se dire que ça n’arrivera pas chez nous. Que les autres paieront la note. Que la technologie ou la diplomatie suffiront.
Ou alors, on peut choisir de se reprendre en main. Collectivement. Commencer par redonner à notre jeunesse le goût de la France. Pas la France parfaite des cartes postales. La France réelle, avec ses défauts, ses divisions, mais aussi son incroyable potentiel.
Parce qu’un pays qu’on n’aime plus, on finit toujours par le perdre.
Et ça, personnellement, je ne suis pas prêt à l’accepter.
Et vous ?
