Vous arrive-t-il parfois de vous dire que certains acteurs semblent défier le temps ? Moi, quand j’ai appris que Sigourney Weaver, 76 ans bien tassés, allait incarnerait une adolescente de 14 ans dans le troisième Avatar, j’ai d’abord cru à une blague. Et puis j’ai vu les premières images… et là, franchement, c’est bluffant.
Le film sort le 17 décembre prochain et, déjà, tout le monde ne parle que de ça : comment une icône du cinéma, connue pour Ripley dans Alien, peut-elle redevenir crédible en gamine à la peau bleue ? La réponse tient en trois mots : James Cameron.
Quand James Cameron vous voit toujours comme une gamine de 14 ans
Imaginez la scène. Vous avez 76 ans, vous avez joué dans certains des plus gros films de l’histoire du cinéma, et un réalisateur vous appelle pour vous dire : « Sigourney, j’ai un rôle pour toi… une ado de 14 ans. » La plupart des gens raccrocheraient. Elle, elle a dit oui direct.
« Au début, je ne voulais pas jouer une adolescente. Je voulais redevenir une adolescente. »
Sigourney Weaver
Cette phrase, elle l’a lâchée avec un sourire en coin lors de l’avant-première européenne, et franchement, elle résume tout l’état d’esprit. Ce n’est pas du tout une question de jouer un rôle. C’est une vraie régression joyeuse, presque magique.
Kiri, l’ado qui change tout dans l’univers Avatar
Dans les deux premiers films, Sigourney Weaver incarnait la docteure Grace Augustine, scientifique humaine tuée à la fin du premier opus. Son avatar, enceinte au moment de sa mort, a donné naissance à Kiri – une Na’vi un peu particulière, fille « miraculeuse » selon les croyances locales.
Kiri est donc à la fois la fille spirituelle de Grace et une adolescente en pleine crise identitaire. Elle entend Eywa (la force vitale de Pandora) plus fort que les autres, contrôle parfois la flore et la faune d’une façon qui fait flipper tout le monde, et pose des questions existentielles à n’en plus finir. Bref, l’ado parfaite version extra-terrestre.
- 14 ans dans le film (mais déjà plus mature que la plupart des adultes)
- Capacité à communiquer directement avec la nature pandorienne
- Regard perpétuellement émerveillé… ou révolté
- Chevelure indomptable et queue expressive
La performance capture, cette machine à rajeunir
Si vous pensez que tout se fait en post-production avec des effets spéciaux, vous vous trompez à moitié. Le secret, c’est le tournage en performance capture version Cameron : des centaines de caméras, un casque avec une mini-caméra collée au visage, et des combinaisons couvertes de capteurs.
Le corps de Kiri est joué par une doublure plus jeune pour les scènes physiques exigeantes, mais le visage, les expressions, la voix… tout vient de Sigourney. Et là, c’est hallucinant : les micro-mouvements des yeux, les sourires timides, la moue boudeuse – tout est là.
J’ai vu des extraits où on voit les deux versions côte à côte : Sigourney en combinaison grise dans un hangar vide, et Kiri dans la forêt bioluminescente. On a l’impression qu’une gamine de 14 ans a pris possession du corps de l’actrice. C’est presque flippant de réalisme.
« Jim me traite comme si j’avais toujours 14 ans »
« Pour James Cameron, j’ai toujours 14 ans ! Il me parle comme à une gosse, il me pousse dans mes retranchements, il me dit “arrête de réfléchir comme une adulte, pense comme une enfant qui découvre le monde”. C’est épuisant… et génial. »
Ce qui est touchant, c’est la relation quasi paternelle entre les deux. Ils se connaissent depuis Aliens en 1986. Presque 40 ans de complicité. Cameron sait exactement quels boutons appuyer pour faire sortir l’enfant intérieure de son actrice.
Et Sigourney le reconnaît volontiers : elle adore ça. Elle dit qu’elle n’a jamais autant ri sur un plateau, jamais autant pleuré non plus. Parce que redevenir ado, ça veut aussi dire revivre les doutes, les colères, les émerveillements brutaux.
Un tournage sous l’eau et dans les airs
Avatar 3 (et 4 et 5, tournés en même temps) a repoussé encore plus loin les limites techniques. Cette fois, une grosse partie se déroule dans l’océan, avec des clans Na’vi aquatiques. Donc oui, Sigourney a passé des mois à tourner sous l’eau en apnée, avec tout l’attirail de capteurs.
À 76 ans. Laissez-moi répéter : à 76 ans.
Elle raconte qu’elle s’entraînait tous les jours à retenir sa respiration, qu’elle arrivait à tenir plus de six minutes. « J’ai l’impression d’avoir rajeuni de trente ans rien quithmiquement », plaisante-t-elle.
Pourquoi cette renaissance artistique touche autant
Ce qui me frappe le plus, c’est que Sigourney Weaver n’avait plus rien à prouver. Elle aurait pu se contenter de rôles de grand-mère sage ou de méchante sophistiquée. Au lieu de ça, elle choisit l’inconfort total : redevenir une gamine, se mettre à nu émotionnellement, accepter qu’on la voie fragile et perdue.
C’est rare. Très rare. Et ça force le respect.
Dans un Hollywood obsédé par la jeunesse, voir une femme de 76 ans incarner l’adolescence avec autant de vérité, c’est presque un acte politique. Une façon de dire : l’âge n’est qu’un chiffre quand on parle d’émotion et d’imagination.
Et nous, on en retire quoi ?
Personnellement, cette histoire me fait réfléchir à ma propre capacité à rester émerveillé. On devient vite cynique, on se dit qu’on a tout vu, tout vécu. Et puis arrive une actrice de 76 ans qui nous rappelle que non, on peut encore découvrir le monde avec des yeux neufs.
Le 17 décembre, quand Kiri apparaîtra à l’écran, ce ne sera pas seulement un exploit technique. Ce sera la preuve qu’on peut, à tout âge, choisir de redevenir un enfant.
Et ça, franchement, ça vaut tous les effets spéciaux du monde.
Alors, prêt à vous laisser émouvoir par une ado de 14 ans qui a 76 ans dans la vraie vie ? Moi, je réserve déjà ma place en IMAX. Parce que parfois, le cinéma nous rappelle qu’on n’est jamais trop vieux pour rêver en bleu Pandora.
