Imaginez-vous dans une ville où les sirènes des drones remplacent le chant des oiseaux, où les hôpitaux, censés être des refuges, deviennent des cibles. C’est la réalité brutale du Soudan aujourd’hui, un pays déchiré par une guerre civile impitoyable et frappé par une épidémie de choléra qui fait des ravages. En tant que rédacteur, je me suis souvent demandé comment un peuple peut endurer autant de souffrances en si peu de temps. Ce qui se passe au Soudan, ce n’est pas juste une statistique dans un rapport humanitaire : c’est une tragédie humaine qui mérite qu’on s’y arrête.
Une Guerre qui Détruit Tout
Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans un conflit sanglant entre l’armée régulière, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les Forces de soutien rapide (FSR), menées par Mohamed Hamdane Daglo. Ce qui a commencé comme une lutte pour le pouvoir s’est transformé en une guerre totale, divisant le pays en deux. L’armée contrôle le centre, l’est et une partie du nord, tandis que les paramilitaires dominent l’ouest, notamment la région du Darfour. Mais au-delà des stratégies militaires, ce sont les civils qui paient le prix fort.
Un récent événement a mis en lumière l’horreur de cette guerre. Dans la ville d’El-Obeid, capitale du Kordofan-Nord, un hôpital a été frappé par une attaque de drone attribuée aux FSR. Six personnes ont perdu la vie, et une douzaine d’autres ont été blessées. Ce n’était pas un incident isolé : un deuxième hôpital a été visé par des tirs d’artillerie lourde, rendant l’accès aux soins encore plus précaire. Comment soigner les blessés quand les lieux de soin eux-mêmes sont attaqués ?
Les hôpitaux ne devraient jamais être des cibles. Cette violence contre les infrastructures médicales est une violation inacceptable des droits humains.
– Expert en aide humanitaire
El-Obeid : Une Ville sous Pression
El-Obeid, située à un carrefour stratégique entre Khartoum et le Darfour, est un symbole de la résilience et de la souffrance soudanaises. Pendant près de deux ans, la ville a été assiégée par les FSR, jusqu’à ce que l’armée brise ce siège en février dernier. Mais la victoire a été de courte durée. Ces dernières semaines, les paramilitaires ont intensifié leurs attaques, utilisant des drones et de l’artillerie lourde pour semer la peur. Les quartiers résidentiels ne sont pas épargnés, et les habitants vivent dans une terreur constante.
Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est la destruction d’un hôpital clé, celui de l’Assurance sociale. Les dégâts ont forcé sa fermeture, laissant des patients sans accès aux soins. Dans une ville où les ressources médicales sont déjà limitées, c’est un coup dur. Et pourtant, ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres d’une guerre qui ne respecte aucune règle.
Le Darfour : Une Région à Feu et à Sang
À l’ouest, la région du Darfour est un autre théâtre de violences. Les FSR y exercent un contrôle quasi total, et la ville d’El-Facher, dernier bastion de l’armée dans la région, est sous une pression constante. Les camps de déplacés, où s’entassent des milliers de personnes fuyant les combats, sont régulièrement bombardés. Selon des rapports récents, même les infrastructures humanitaires, comme un centre du Programme alimentaire mondial (PAM), ont été endommagées par ces attaques.
Les États-Unis ont condamné ces violences, réclamant un accès humanitaire sécurisé. Mais sur le terrain, la situation reste chaotique. Les routes sont dangereuses, les convois d’aide sont bloqués, et les travailleurs humanitaires risquent leur vie. Comment peut-on espérer aider une population quand les belligérants ignorent les appels à la trêve ?
- Attaques ciblées : Les FSR visent des infrastructures vitales comme les hôpitaux et les camps de déplacés.
- Blocage de l’aide : Les routes et les convois humanitaires sont régulièrement attaqués ou entravés.
- Crise alimentaire : Les bombardements aggravent l’insécurité alimentaire dans des régions déjà vulnérables.
Le Choléra : Une Menace Silencieuse
Comme si la guerre ne suffisait pas, le Soudan fait face à une épidémie de choléra qui se propage à une vitesse alarmante. À Khartoum, la capitale, 70 personnes sont mortes en seulement deux jours. Les chiffres sont glaçants : plus de 7 700 cas ont été recensés dans l’État de Khartoum depuis le début de l’année, dont un millier d’enfants de moins de cinq ans. Et ce n’est probablement que la partie visible de l’iceberg.
Le choléra, une maladie liée à l’eau contaminée, prospère dans des conditions de chaos. Les récentes attaques de drones ont détruit les infrastructures d’eau et d’électricité à Khartoum, rendant l’accès à l’eau potable presque impossible. Ajoutez à cela une chaleur étouffante de 40°C et des hôpitaux débordés, et vous obtenez une recette pour une catastrophe sanitaire.
Nous faisons tout notre possible pour contenir cette épidémie, mais les conditions sont contre nous. Les patients affluent, et nos ressources s’épuisent.
– Médecin à Khartoum
Des Hôpitaux au Bord de l’Effondrement
Dans les hôpitaux de Khartoum, comme celui de Bashair, les médecins luttent dans des conditions inhumaines. Les patients, souvent des enfants, sont allongés à même le sol, sous des tentes où la chaleur est insupportable. Les perfusions intraveineuses sont administrées dans des couloirs bondés, faute de place. Les fournitures médicales manquent cruellement, et le personnel soignant est à bout de forces.
Ce qui me frappe, c’est le courage de ces soignants. Ils continuent à travailler malgré les bombardements, malgré le manque de matériel, malgré la peur. Mais combien de temps pourront-ils tenir ? La saison des pluies, qui débute en juin, risque d’aggraver la situation en rendant les routes impraticables et en accélérant la propagation du choléra.
| Problème | Impact | Conséquences |
| Bombardements | Destruction des hôpitaux | Accès aux soins limité |
| Choléra | Propagation rapide | Milliers de cas, décès |
| Manque d’eau | Crise sanitaire | Aggravation de l’épidémie |
Une Crise Humanitaire sans Précédent
La guerre au Soudan a déjà fait des dizaines de milliers de morts et forcé 13 millions de personnes à fuir leur foyer. L’ONU parle de la pire crise humanitaire en cours dans le monde. Les camps de déplacés sont surpeuplés, les ressources alimentaires sont rares, et l’aide internationale peine à arriver. Les enfants, en particulier, sont les premières victimes : selon l’Unicef, plus d’un million d’entre eux risquent de contracter le choléra dans l’État de Khartoum.
Ce qui m’interpelle, c’est l’ampleur de cette catastrophe qui semble pourtant passer sous les radars. Pourquoi en parle-t-on si peu ? Peut-être parce que le Soudan, loin des projecteurs médiatiques, est perçu comme un conflit lointain. Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : 185 morts du choléra dans un seul État, et ce n’est qu’un début. Si rien n’est fait, la saison des pluies pourrait transformer cette crise en une tragédie encore plus grande.
Que Faire Face à l’Horizon Sombre ?
Alors, que peut-on faire ? Les appels à l’aide se multiplient, mais les obstacles sont immenses. Les belligérants doivent cesser de cibler les infrastructures vitales, comme les hôpitaux et les réseaux d’eau. Les organisations humanitaires ont besoin d’un accès sécurisé pour distribuer nourriture, médicaments et eau potable. Et surtout, la communauté internationale doit se mobiliser pour mettre fin à ce conflit qui déchire le Soudan.
En tant que rédacteur, je ne peux m’empêcher de penser à ces familles qui vivent dans la peur, à ces enfants qui luttent contre la maladie sous des tentes surchauffées. Le Soudan nous rappelle une vérité brutale : en temps de guerre, ce sont toujours les plus vulnérables qui souffrent le plus. Et si nous fermions les yeux, nous serions complices de leur abandon.
Chaque vie perdue est un échec de l’humanité. Nous devons agir, et vite.
– Travailleur humanitaire
Le Soudan est à un tournant. Entre la guerre, le choléra et la faim, le pays lutte pour sa survie. Mais dans cette obscurité, il y a encore de l’espoir : celui porté par les soignants, les humanitaires et les civils qui refusent de baisser les bras. La question est : les entendrons-nous à temps ?
