Vous imaginez-vous réveiller un matin avec 70 000 supporters qui débarquent à deux pas de chez vous tous les quinze jours ? C’est exactement la question que se posent des milliers d’habitants de Massy depuis que le Paris Saint-Germain a jeté son dévolu sur le site de la Tuilerie. Et franchement, la réponse qui ressort n’est pas vraiment celle qu’espéraient les dirigeants du club.
Une consultation qui fait parler
Ce mercredi soir, dans une salle municipale bondée, l’opposition locale a dévoilé les résultats d’une consultation citoyenne qu’elle a menée tambour battant pendant plus de deux mois. Le verdict ? 74 % des votants se déclarent contre l’arrivée d’un stade de 65 000 à 80 000 places à Massy. Seuls 26 % se disent favorables. Autant dire que le message est clair.
Plus de 3 500 personnes ont participé, que ce soit dans la rue, sur les marchés ou en ligne. Après tri et invalidation des votes douteux (non-résidents, doublons, etc.), il reste 2 542 suffrages valides. Des chiffres qui, selon les organisateurs, ne peuvent être balayés d’un revers de main.
« La majorité municipale comme le club ne peuvent ignorer un résultat aussi net. »
Porte-parole de l’opposition massicoise
La mairie minimise… et contre-attaque
Du côté de l’hôtel de ville, on voit les choses très différemment. Le maire, Nicolas Samsoen, n’y va pas par quatre chemins : cette consultation n’aurait qu’un objectif électoraliste – récupérer des mails pour les municipales de 2026. Il promet, lui, d’organiser un vrai référendum, basé sur les listes électorales et accompagné d’une information « fiable et vérifiée ».
Autrement dit : on recommence, mais à ma façon. Classique jeu politique. Chacun brandit sa propre consultation comme on brandit un bouclier. Et pendant ce temps, les habitants attendent de savoir ce qui va réellement leur tomber dessus.
Pourquoi un tel rejet ?
Les arguments des opposants reviennent comme un refrain bien rodé :
- Trafic infernal les soirs de match (et même les jours de concert)
- Nuisances sonores permanentes
- Insécurité perçue autour du stade
- Perte d’un terrain encore relativement préservé pour un projet purement commercial
- Promesses d’embauches locales qui sentent le déjà-vu (et souvent le déjà-menti)
Beaucoup préfèreraient voir naître un nouveau quartier mixte : logements, commerces, espaces verts. Quelque chose qui serve la ville au quotidien, pas seulement les soirs de Ligue des champions.
Je comprends parfaitement. Habiter à côté d’un stade, c’est un peu comme vivre à côté d’une discothèque géante qui ne fonctionne que 25 soirs par an… mais qui bloque tout le quartier ces soirs-là. Le rêve.
Le PSG en mode séduction
Le club, lui, ne lâche pas l’affaire. Il y a quelques semaines, il organisait une grande réunion publique pour vendre son projet : pelouse rétractable, toiture ouvrante, capacité modulable, événements culturels toute l’année… Bref, le stade multifonctions dont tout le monde rêve (sauf apparemment les riverains).
Ils ont même montré des photos de stades ultra-modernes à Los Angeles, Londres ou Munich. Très beau sur PowerPoint. Moins évident quand on sait que le terrain choisi est coincé entre l’autoroute A10 et la ligne B du RER.
Le PSG met en avant l’accessibilité exceptionnelle : gare TGV, RER, future ligne 18 du Grand Paris Express… Sur le papier, Massy coche effectivement toutes les cases. Dans la réalité, tout le monde sait que les soirs de match, même les meilleures dessertes finissent saturées.
Poissy, l’autre prétendante
Il reste une concurrente sérieuse : Poissy, dans les Yvelines. Terrain plus vaste, moins urbanisé, autoroute A13 et A14 toutes proches. Certains supporters parient déjà que le club finira par choisir les Yvelines si Massy bloque trop.
Mais pour l’instant, les deux villes sont toujours en lice. Et le PSG continue de sonder ses fans : un récent questionnaire en ligne demandait carrément leur avis entre les deux sites. Preuve que rien n’est joué.
Et les supporters dans tout ça ?
Paradoxalement, les ultras et les abonnés historiques du Parc des Princes ne sont pas tous emballés non plus. Beaucoup restent attachés au vieux stade mythique, même s’il est trop petit et vétuste. Quitter Paris intra-muros pour l’Essonne ou les Yvelines, ça fait mal au cœur pour certains.
D’autres, au contraire, trépignent d’impatience à l’idée d’avoir enfin une arène digne des plus grands clubs européens. Le débat fait rage sur les forums et les réseaux. Comme toujours avec le PSG, il n’y a jamais de demi-mesure.
Un référendum, vraiment la solution ?
La promesse d’un référendum local semble séduisante. Mais en pratique, c’est rarement si simple. Qui rédige la question ? Qui finance la campagne ? Quelles informations sont mises en avant ? On a déjà vu des consultations soigneusement encadrées donner des résultats… surprenants.
Et puis, soyons honnêtes : un projet de cette envergure dépasse largement les frontières d’une commune. L’État, la région, les transports franciliens, tout le monde aura son mot à dire. Le référendum local risque de n’être qu’une étape parmi d’autres.
Ce que nous enseigne l’histoire
On a déjà vu ce film. Stade de France à Saint-Denis, Arena 92 à Nanterre, même le Groupama Stadium à Décines près de Lyon : à chaque fois, les riverains ont crié au loup, les élus ont promis monts et merveilles, et au final… le stade s’est fait (ou pas).
Le plus souvent, les craintes se sont révélées exagérées, mais certaines promesses (transports, emplois durables) n’ont jamais été tenues. L’expérience montre qu’un grand stade change irréversiblement un territoire. En bien, en mal, souvent les deux à la fois.
Et maintenant ?
Le bras de fer ne fait que commencer. L’opposition locale a marqué un point symbolique important avec ses 74 %. Reste à voir si cela suffira à faire plier un club soutenu par le Qatar et habitué à obtenir ce qu’il veut.
Une chose est sûre : le dossier du futur stade du PSG est loin d’être refermé. Entre rêves de grandeur footballistique et réalité du quotidien des habitants, le compromis s’annonce compliqué. Et comme toujours en Île-de-France, c’est souvent l’argent qui finit par parler le plus fort.
À suivre, donc. Très attentivement.
Et vous, vous en pensez quoi ? Le PSG mérite-t-il un grand stade moderne, même si cela doit se fait au prix de quelques sacrifices locaux ? Ou faut-il préserver la qualité de vie des habitants avant tout ? Le débat est ouvert.
