Vous êtes coincé dans les embouteillages d’une grande ville indienne, klaxons à fond, rickshaws qui slaloment, et soudain vous levez la tête. Là, au milieu du chaos, une silhouette immense de 21 mètres vous domine, maillot argentin, Coupe du monde à bout de bras. Non, vous ne rêvez pas. C’est bien Lionel Messi qui veille sur Calcutta depuis quelques jours. Franchement, qui d’autre que lui pouvait provoquer une telle folie ?
Je crois que cette histoire résume parfaitement ce qu’est devenu le football dans certaines parties du monde : une religion qui transcende tout, même le cricket en Inde.
Un hommage qui touche le ciel
21 mètres. Laissez-moi reformuler : c’est plus haut qu’un immeuble de sept étages. La statue, entièrement réalisée en fer et fibre de verre, représente Messi dans sa pose iconique après la finale de 2022 au Qatar. Le sculpteur principal, Monti Paul, n’a pas caché sa fierté : « C’est la plus grande œuvre de ma carrière. J’ai voulu faire quelque chose à la hauteur de ce qu’il représente pour nous. »
« On voulait que même les avions qui atterrissent à Calcutta puissent voir à quel point on l’aime ici. »
Un membre du fan-club organisateur
Le choix du lieu n’est pas anodin. Installée sur un grand axe très fréquenté, elle est visible à des kilomètres. Le soir, des projecteurs l’illuminent en bleu et blanc, les couleurs de l’Argentine. Les photos circulent déjà partout sur les réseaux, et honnêtement, c’est assez impressionnant.
Pourquoi l’Inde est devenue si folle de Messi
Objectivement, l’Inde n’est pas une terre de football. La sélection nationale végète autour de la 140e place FIFA. Le cricket reste le sport-roi absolu. Et pourtant… Messi (et dans une moindre mesure Ronaldo) a réussi là où des générations de joueurs locaux ont échoué : remplir les stades et faire vibrer des millions de jeunes.
Plusieurs raisons à cela. D’abord, l’accès aux matchs européens via les chaînes câblées et le streaming depuis les années 2010. Ensuite, la victoire en Coupe du monde 2022 qui a achevé de sacraliser la Pulga. Enfin, une forme d’identité : Messi, petit gabarit parti de rien, parle particulièrement aux jeunes Indiens qui se rêvent plus grands que leur quotidien.
- Des fan-clubs Messi dans quasiment toutes les grandes villes indiennes
- Des tournois amateurs baptisés « Messi Cup » un peu partout
- Des écoles de foot qui affichent son portrait à l’entrée
- Des enfants qui portent le n°10 même quand ils jouent au cricket dans la rue
Je me souviens avoir vu, lors d’un voyage à Kerala il y a quelques années, un mur entier peint aux couleurs de l’Argentine dans un village qui n’avait même pas l’eau courante. C’était déjà parlant. Aujourd’hui, c’est carrément monumental.
Une tournée très attendue… mais sous haute sécurité
Messi arrive demain pour trois jours de promotion. Calcutta, Hyderabad, Bombay, New Delhi : le programme est chargé. Il doit rencontrer une immense star de Bollywood et même le Premier ministre. Sauf que, pour des raisons de sécurité évidentes, il ne pourra pas s’approcher de la statue.
Dommage. J’imagine la scène : lui, tout petit à côté de son double géant. Ça aurait fait des photos incroyables. Mais bon, quand on déplace des foules pareilles, on ne prend pas de risques inutiles.
Les autorités locales ont déjà prévu un dispositif exceptionnel. Routes fermées, drones de surveillance, milliers de policiers. Certains supporters ont prévu de camper près de l’hôtel dès ce soir. L’ambiance promet d’être électrique.
Messi vs Ronaldo : la guerre des statues continue
Impossible de ne pas penser à l’éternelle rivalité. Souvenez-vous du buste raté de Ronaldo à l’aéroport de Madère en 2017. Tout le monde s’était moqué. Les fans indiens, eux, ont voulu faire les choses en grand, et surtout bien.
Résultat ? La statue de Calcutta est déjà considérée comme l’une des plus réussies jamais réalisées pour un footballeur. Les traits du visage, la posture, les détails du maillot : tout y est. Certains disent même qu’elle est plus fidèle que certaines statues officielles en Argentine.
« Ronaldo a eu son buste moche, nous on a offert à Messi la plus belle statue du monde. Point final. »
Un supporter interviewé sur place
La guerre des fans continue, même en bronze et en fer.
Ce que ça nous dit du football mondialisé
Plus qu’un simple hommage, cette statue géante est un symptôme. Le football n’appartient plus à l’Europe ou à l’Amérique du Sud. Il est devenu universel. Un gamin de Calcutta vibre aujourd’hui autant pour Messi qu’un enfant de Rosario ou de Barcelone.
Et ça, c’est beau. Même si ça donne parfois des délires complètement fous comme une statue de 21 mètres au milieu d’une ville où le foot reste marginal au niveau professionnel.
Le plus touchant ? Les artisans ont travaillé bénévolement pendant des mois. Certains ont même vendu des biens personnels pour financer le projet. Quand on vous dit que l’amour du foot n’a pas de prix…
Et après ?
La statue va rester là, évidemment. Les autorités locales parlent déjà d’en faire un lieu touristique. Un « Messi Point » avec boutique de souvenirs et tout le tralala. Pourquoi pas.
En attendant, les fans indiens rêvent déjà du prochain exploit : faire venir Messi pour un match d’exhibition. Vu l’engouement, je ne serais pas étonné que ça arrive un jour.
Parce qu’en fin de compte, cette statue de 21 mètres n’est pas seulement un hommage à un joueur. C’est la preuve que le football, quand il est porté par un génie comme lui, peut faire bouger des montagnes. Même en plein de fer au milieu de Calcutta.
Et vous, quelle est la plus belle folie que vous ayez vue pour un footballeur ?
