Vous vous souvenez de l’été dernier ? Trois entraîneurs issus de Ligue 2 faisaient leurs grands débuts en Ligue 1. L’un a déjà sauté, un autre vacille sérieusement, et le troisième… eh bien le troisième s’appelle Stéphane Gilli et il est toujours là, tranquillement installé dans le costume qu’on disait trop grand pour lui.
Je ne sais pas vous, mais moi j’ai toujours trouvé fascinant ces entraîneurs qui arrivent dans l’élite avec l’étiquette « petit poucet » collée dans le dos. On leur prédit l’enfer, on guette la moindre contre-performance, et pourtant certains tiennent. Mieux, certains construisent.
Un homme qui bosse comme s’il était là pour dix ans
Quand on lui demande s’il sent la pression, Stéphane Gilli répond cash : « Je n’ai pas de pression. » La phrase peut paraître arrogante lue comme ça, mais quand on connaît le contexte interne du Paris FC, elle prend tout son sens.
Depuis le rachat par la famille Arnault, le club vit dans une bulle un peu particulière. À l’extérieur, on scrute, on juge, on compare avec le grand voisin parisien. À l’intérieur, on construit patiemment, presque en silence. Et Gilli, lui, bénéficie d’une confiance aveugle de ses dirigeants.
« Je travaille comme si j’allais rester cinq ou dix ans ici »
Stéphane Gilli
Cette phrase, il l’a lâchée récemment et elle en dit long. Dans un monde où les entraîneurs sont jugés sur huit matches et virés avant Noël, entendre ça d’un coach 14e de Ligue 1, ça fait presque figure d’ovni.
Le décalage entre perception extérieure et réalité interne
C’est probablement l’aspect le plus intéressant de l’histoire du Paris FC version 2025-2026. Dehors, on se dit que le projet est énorme, que l’exigence doit être terrible, que Gilli risque sa peau à chaque week-end. Dedans ? Ambiance presque familiale.
Les actionnaires ne regardent pas seulement le classement à la trêve. Ils regardent la manière, l’état d’esprit, la progression des jeunes, la solidité du modèle. Et pour l’instant, tout ça valide leur choix de maintenir Gilli aux commandes.
Résultat : l’entraîneur dort plutôt bien la nuit. Enfin, façon de parler, parce qu’un coach qui prépare un match contre Toulouse à Jean-Bouin, suivi d’un 32e de finale de Coupe de France, il a forcément la tête qui turbine.
Un début de saison en montagnes russes
Objectivement, le Paris FC n’est pas encore au niveau espéré. 17 journées. 14e place, 19 points, une différence de buts négative… Sur le papier, c’est moyen. Mais quand on creuse un peu, on voit autre chose.
- Une série de trois victoires consécutives en octobre qui avait fait rêver
- Des matches référence contre des cadors où le PFC a montré qu’il pouvait rivaliser
- Un effectif jeune, parfois trop, qui manque encore de régularité
- Des blessés à des postes clés qui ont déséquilibré l’équipe pendant plusieurs semaines
En clair, il y a du positif et du perfectible. Exactement ce qu’on attend d’un promu ambitieux qui découvre l’élite.
Paris FC – Toulouse : bien plus qu’un match de milieu de tableau
Ce samedi soir à 21h05, le stade Jean-Bouin va vivre un moment important. Toulouse, 9e, vient avec l’étiquette d’équipe solide à l’extérieur. Le Paris FC, lui, a absolument besoin de se rassurer avant la trêve.
Une victoire ferait un bien fou au moralement et comptablement. Elle permettrait aussi de valider tout le travail de fond réalisé depuis août. Une défaite, en revanche, relancerait les doutes et les commentaires assassins sur les réseaux.
Et puis il y a ce 32e de finale de Coupe de France qui suit juste derrière. Deux matches couperets en l’espace de quelques jours. Même si Gilli dit ne pas avoir de pression, il sait très bien que ces deux résultats pèseront lourd dans la perception globale de sa première partie de saison.
Pourquoi Gilli a toutes les chances de réussir sur la durée
Franchement, j’ai rarement vu un entraîneur aussi bien armé pour réussir dans ces conditions. D’abord parce qu’il connaît parfaitement la maison : il entraînait déjà l’équipe en Ligue 2 lors de la montée. Il n’a pas découvert le groupe en juillet, il l’a façonné.
Ensuite parce qu’il a un discours cohérent. Pas de grandes phrases, pas de promesses folles. Juste du travail, de la rigueur et une vision claire du football qu’il veut voir pratiquer.
Enfin, et c’est peut-être le plus important, il a le temps. Ce temps que la plupart des entraîneurs de Ligue 1 n’ont plus depuis longtemps. Cette confiance absolue des dirigeants change tout. Elle permet de traverser les tempêtes sans paniquer.
« On ne construit rien en cinq mois. On pose les fondations, on ajuste, on progresse. »
Un proche du vestiaire
Et si le vrai danger venait… de l’impatience extérieure ?
Le seul vrai risque pour Stéphane Gilli, à mon sens, ce n’est pas son vestiaire. Ce n’est pas non plus ses joueurs. C’est nous. Les observateurs, les réseaux sociaux, les plateaux télé qui adorent les histoires de crise.
Parce que si jamais le Paris FC rate son match contre Toulouse et se fait sortir en Coupe de France dès janvier, la machine à polémique va se mettre en route à plein régime. Et là, même la confiance des Arnault pourrait être mise à rude épreuve, malgré toute leur patience affichée.
Mais quelque chose me dit que Gilli a les épaules. Il a cette capacité à rester focus sur son projet, à ne pas se laisser parasiter par le bruit extérieur. C’est rare. Très rare même.
Ce qu’il faut retenir de cette première moitié de saison
Que le Paris FC est bel et bien en Ligue 1 pour y rester. Que le projet est sérieux, structuré, pensé sur le long terme. Que Stéphane Gilli n’est pas un intérimaire ou un pari fou, mais bien l’homme de la situation.
Et surtout qu’on vit peut-être le début de quelque chose de grand. Pas forcément cette saison – soyons honnêtes, le maintien reste l’objectif prioritaire – mais dans deux, trois, cinq ans.
Parce qu’un entraîneur qui travaille « comme s’il allait rester dix ans », avec le soutien inconditionnel de ses dirigeants et un effectif qui progresse match après match… ça ne court pas les rues du foot français.
Alors oui, il y a urgence de résultats ce samedi contre Toulouse. Mais non, Stéphane Gilli ne joue pas sa tête. Il joue la suite de son histoire avec le Paris FC.
Et quelque chose me dit que cette histoire est loin d’être terminée.
Allez, on se retrouve après le match pour débriefer tout ça. Mais d’ici là, moi je mise sur un sursaut d’orgueil du Paris FC. Parce que quand un entraîneur est aussi serein dans la tempête, c’est souvent bon signe.
