Il est deux heures du matin, le chat me regarde comme si j’étais devenu fou, et moi je suis scotché à l’écran avec mon café froid. Quand les quatre premiers épisodes de la saison 5 de Stranger Things se sont lancés, j’ai immédiatement compris que le sommeil allait attendre. Dix-huit mois après la fin de la saison 4 (et trois ans et demi dans la vraie vie, merci les grèves et la pandémie), la série phénomène est de retour. Et croyez-moi, elle n’a pas pris une ride… elle a juste gagné en puissance.
Un retour à Hawkins qui fait mal au cœur (et aux nerfs)
Hawkins n’est plus la petite ville tranquille où on se partageait des glaces chez Scoops Ahoy. Dix-huit mois après la catastrophe de la saison précédente, la ville est sous cloche. Barbelés, checkpoints militaires, hélicos qui tournent en permanence… L’ambiance fait penser à un mélange entre Chernobyl et The Last of Us. Et pourtant, dès les premières minutes, on retrouve cette magie si particulière qui a fait de Stranger Things un monstre culturel.
Le flash-back d’ouverture, celui qui nous ramène à la disparition originelle de Will, m’a littéralement donné la chair de poule. C’est brutal, c’est beau, c’est une façon géniale de nous rappeler pourquoi on est tous tombés amoureux de cette bande de gamins en 2016. Et puis hop, on replonge direct dans le présent. Le choc est violent.
Nos héros ont grandi… et ça se voit
La première chose qui saute aux yeux ? Les acteurs. Millie Bobby Brown, Finn Wolfhard, Gaten Matarazzo, Caleb McLaughlin, Noah Schnapp… ils ont tous 20 ans ou presque maintenant. Et les frères Duffer ont eu l’intelligence de ne pas essayer de les faire passer pour des collégiens. Non, ils sont jeunes adultes, avec les corps, les voix et parfois les cernes qui vont avec. Ça change tout.
Onze, notamment, dégage une intensité différente. Elle s’entraîne comme une athlète de haut niveau, court, soulève des poids, tente de retrouver la pleine maîtrise de ses pouvoirs. Millie Bobby Brown porte littéralement la série sur ses épaules et, franchement, elle assure grave. On sent qu’elle a bossé, qu’elle a compris l’importance de ce rôle dans sa carrière.
Will, lui, reste le cœur battant de l’histoire. Noah Schnapp livre une performance déchirante. Ses visions, sa connexion toujours aussi forte avec le Monde à l’envers… on sent que tout va tourner autour de lui cette saison. Et j’avoue que ça me touche particulièrement : j’ai presque grandi avec eux, moi aussi.
Vecna plus terrifiant que jamais
Parlons du grand méchant. Vecna n’est plus seulement un villain charismatique, il est devenu une force de la nature. Les scènes où il apparaît sont filmées avec une maîtrise hallucinante : jeux de lumière rouge, sons qui font vibrer les tripes, plans séquence qui te laissent le souffle coupé. Jamie Campbell Bower mérite tous les prix pour ce qu’il fait avec ce personnage.
Et puis il y a les créatures. Les Démogorgons, les nouvelles bestioles… tout est plus gros, plus organique, plus dégueulasse (dans le bon sens du terme). Le budget effets spéciaux a clairement explosé et ça se voit à chaque seconde.
Cette saison 5, c’est comme si les frères Duffer avaient pris tout ce qui marchait avant et l’avaient poussé à 200%.
Les nouveaux visages qui marquent
Linda Hamilton arrive en mode Terminator et c’est jouissif. Son personnage de haut gradé militaire froid et déterminé apporte exactement ce qu’il fallait de tension avec les autorités. Mais celle qui m’a vraiment scotché, c’est la jeune Nell Fisher dans le rôle de Holly, la petite sœur de Mike et Nancy.
Cette gamine est terrifiante de naturel. Son « ami imaginaire » et la façon dont elle le décrit… j’ai eu des frissons dans le dos pendant toute sa première scène majeure. Clairement, elle va compter dans la suite. Les frères Duffer ont toujours eu le don de dénicher des enfants incroyables (remember Millie à 11 ans) et ils recommencent.
La BO toujours au top (et quelques surprises)
On ne présente plus « Running Up That Hill » de Kate Bush, devenue l’hymne officieux de la série. Elle revient, évidemment, et c’est toujours aussi puissant. Mais les nouveaux épisodes nous offrent aussi des pépites : Diana Ross avec « Upside Down » utilisé de façon absolument géniale, du Abba, du Tiffany… La playlist Spotify de cette saison va faire mal.
- Le placement de « Upside Down » dans l’épisode 1 est juste parfait
- Une scène avec du Abba qui m’a fait pleurer de rire et de nostalgie en même temps
- Et oui, Kate Bush est toujours là, plus forte que jamais
Un rythme qui ne laisse aucun répit
Les épisodes font respectivement 68, 54, 66 et 83 minutes. Le dernier est un véritable petit film. Et pourtant, pas une seconde de mou. Les frères Duffer alternent à merveille les moments d’émotion pure (les retrouvailles, les doutes, les peurs) et les séquences d’action totalement dingues.
L’épisode 4 se termine sur une séquence d’une intensité rare. J’ai littéralement applaudi devant mon écran à 4h12 du matin. Oui, j’étais encore debout. Non, je ne regrette rien.
Ce qu’on apprend (sans spoiler)
Beaucoup de questions qui nous hantaient depuis la fin de la saison 4 trouvent enfin des réponses. Notamment sur le sort d’un personnage qu’on avait laissé dans une situation plus que critique (vous savez de qui je parle). Et franchement, c’est fait avec une élégance rare.
Il y a aussi des développements très forts sur la représentation LGBTQ+ avec une relation naissante entre deux personnages qu’on n’attendait pas forcément ensemble. C’est doux, c’est naturel, c’est touchant. Dans une série aussi mainstream, ça fait du bien.
Pourquoi cette saison 5 démarre si fort
Parce qu’elle n’a plus rien à prouver. Les frères Duffer savent qu’on est accros, alors ils se lâchent complètement. Plus de temps perdu à poser les enjeux : on est en pleine guerre contre le Monde à l’envers et chaque épisode avance les pions à une vitesse folle.
Parce que les acteurs sont au sommet de leur art. Ils ne jouent plus des ados, ils sont ces jeunes adultes qui portent le poids du monde sur leurs épaules.
Parce que la réalisation est dingue. Les plans séquence dans le Monde à l’envers, les effets pratiques mélangés au CGI, les jeux de lumière… c’est du cinéma.
Et surtout, parce qu’on sent que c’est la fin. Chaque scène a un goût de « dernière fois ». La dernière fois qu’on verra Dustin avec son chapeau, la dernière fois que Steve sera le babysitter ultime, la dernière fois que Onze saignera du nez en sauvant le monde.
Je ne vais pas vous mentir : j’ai pleuré plusieurs fois. Pas que de tristesse. D’émotion pure. Parce que cette série m’accompagne depuis presque dix ans. Parce que j’ai vu ces gamins grandir en même temps que moi.
Les quatre premiers épisodes de la saison 5 de Stranger Things ne sont pas parfaits. Il y a toujours ce petit côté « recette qu’on connaît par cœur ». Mais franchement ? Ils sont maîtrisés comme jamais. Ils sont beaux, ils sont intenses, ils sont émouvants.
Et surtout, ils nous rappellent pourquoi on aimait tant cette série : parce qu’au fond, c’est l’histoire d’une bande d’amis prête à tout pour se protéger. Même quand le monde s’écroule. Surtout quand le monde s’écroule.
Rendez-vous le 27 décembre pour les trois suivants. Et le 1er janvier pour la toute fin.
D’ici là, je vais essayer de dormir un peu.
Mais je sais déjà que je vais y penser toute la journée.
Comme en 2016.
Merci Stranger Things.
(Et désolé pour les cernes, patron.)
