Vous est-il déjà arrivé d’être tellement ému que vous en oubliiez les règles ? Dimanche soir, à Amsterdam, des centaines de supporters de l’Ajax ont vécu ce moment-là. Un hommage à l’un des leurs, parti trop tôt. Et puis, en quelques secondes, le ciel s’est embrasé. Littéralement. Ce qui devait rester un instant de recueillement a viré au chaos pyrotechnique total. Et le match contre Groningue n’a jamais repris.
J’étais devant mon écran, comme souvent le dimanche soir, et j’ai cru pendant un instant que c’était voulu. Que le club avait organisé quelque chose de grandiose. Mais non. C’était spontané, incontrôlé, et surtout interdit. Résultat : plus de quarante minutes d’interruption, un arbitre furieux, et une décision radicale : on reprend mardi… sans public.
Quand la F-Side voulait juste dire au revoir
La F-Side, c’est le cœur battant de la Johan Cruijff Arena. Une tribune mythique, connue dans toute l’Europe pour son ambiance électrique. Quand un des leurs disparaît, ils ne pleurent pas en silence. Ils rendent hommage à leur manière : chants, tifos, et parfois… un peu trop de feu.
Cette fois, l’idée semblait belle sur le papier. À la 6e minute, le stade entier se pare de rouge. Des fumigènes, des torches, puis des feux d’artifice qui montent haut, très haut dans le ciel néerlandais. L’image est sublime. On dirait une cathédrale de lumière en l’honneur d’un frère. Sauf que les fusées retombent. Sur la pelouse. Près des joueurs.
Et là, plus personne ne rigole.
Les joueurs fuient, l’arbitre explose
Les images parlent d’elles-mêmes. On voit les joueurs de Groningue sprinter vers le tunnel, certains se protègent la tête avec les mains. Côté Ajax, même chose. Personne ne prend de risque. L’arbitre, Bas Nijhuis – un gars connu pour ne pas avoir la langue dans sa poche – attrape le micro et lâche :
« Je ne peux plus garantir la sécurité des joueurs. Ce genre de comportement, ce n’est quand même pas possible. »
Il a raison. Complètement. Mais en même temps… on sent la frustration. Celle d’un mec qui aime le foot et qui voit, encore une fois, le spectacle gâché par quelques excités.
Pendant plus de quarante minutes, le stade tente de se calmer. Message sur l’écran géant : « Feux d’artifice interdits ». Demandes au micro. Rien n’y fait. Une nouvelle tentative de reprise échoue. Nijhuis siffle la fin définitive. Rideau.
Le club condamne, la fédération sanctionne
L’Ajax n’a pas attendu longtemps pour réagir. Communiqué cinglant dans la foulée :
« Ce qui s’est passé ce soir dans le stade est tout simplement scandaleux. La sécurité des spectateurs et des joueurs a été mise en danger. C’est inacceptable. »
Et ils ajoutent, presque amers : malgré les fouilles renforcées, les chiens renifleurs, les contrôles à l’entrée… impossible d’empêcher tout. C’est la dure réalité des gros matchs.
La fédération néerlandaise, elle, a déjà le marteau à la main. Enquête disciplinaire ouverte dans la foulée. Et un rappel clair des sanctions :
- Amende de 450 € par personne identifiée
- Interdiction de stade de 18 à 60 mois
- Et surtout, match à huis clos mardi à 14h30
Le pire, dans tout ça ? Ce sont les vrais supporters – ceux qui viennent en famille, qui chantent sans jamais allumer une torche – qui trinquent. Eux n’iront pas voir leur équipe finir le match.
Un problème qui dépasse l’Ajax
Ce n’est pas la première fois. Loin de là. Le 1er novembre dernier, déjà, face à Heerenveen, même scénario. Fumigènes, interruption. On commence à connaître la chanson.
Et ce n’est pas qu’aux Pays-Bas. En Italie, en Allemagne, en Turquie, en Amérique du Sud… partout où la culture ultra est forte, le même débat revient : jusqu’où peut-on laisser la passion s’exprimer ? Où trace-t-on la ligne entre folklore et danger public ?
Personnellement, j’ai un faible pour les ambiances latines ou est-européennes. Ces tifos immenses, ces chants qui font vibrer les tribunes. Mais quand ça met en péril la sécurité des gens… là, non. Il y a des limites. Et elles ont été franchies dimanche soir.
Et maintenant ?
Mardi après-midi, l’Ajax finira son match contre Groningue dans un stade désespérément vide. Un symbole fort. Peut-être trop fort. Certains diront que punir tout un public pour les actes de quelques-uns est injuste. D’autres répondront que c’est la seule solution pour faire passer le message.
Une chose est sûre : la F-Side va réfléchir. Pas tous, bien sûr. Mais certains, oui. Parce que rendre hommage à un frère, c’est beau. Le faire en mettant tout le monde en danger… c’est tout l’inverse du respect qu’on lui doit.
Le football, c’est l’émotion. C’est la communion. C’est aussi, parfois, la bêtise humaine. Dimanche soir à Amsterdam, on a eu les trois en même temps. Et franchement, ça laisse un goût amer.
Alors oui, le spectacle était magnifique pendant dix secondes. Mais après ? Juste du rouge. Pas celui du maillot. Celui de la honte.
Et vous, où placez-vous le curseur ? Dites-le moi en commentaire. Parce que ce débat, il n’est pas prêt de s’éteindre.
