Imaginez-vous lever à 5h30 tous les matins, attraper un train bondé, bosser toute la journée devant des élèves, et puis, du jour au lendemain, découvrir que votre retour va prendre une heure de plus. Sans aucun avertissement. C’est exactement ce que vivent certains enseignants en ce moment, et franchement, ça fait réfléchir sur la façon dont on traite ceux qui forment nos enfants.
Ils habitent dans une grande ville picarde, travaillent dans une commune de l’Oise, et comptaient sur une liaison ferroviaire directe pour rendre tout ça viable. Mais voilà, une décision prise en haut lieu a changé la donne. Et pas en bien.
Une suppression qui tombe comme un coup de massue
Tout a commencé mi-décembre. Sans tambour ni trompette, l’arrêt d’un train régional en fin d’après-midi a purement et simplement disparu du planning en gare de Creil. Pour les voyageurs lambda, peut-être un détail. Pour ces professeurs qui rentrent chez eux après une journée complète, c’est une petite catastrophe quotidienne.
Le matin, tout va encore à peu près. Ils prennent une correspondance tôt, arrivent avec de la marge avant la sonnerie. Mais le soir ? Là, c’est une autre histoire. Le train qui leur permettait de rentrer directement n’existe plus. Résultat : il faut attendre le suivant, changer, ou trouver des solutions de fortune qui allongent considérablement le trajet.
On a l’impression d’être punis sans savoir pourquoi. On a choisi ce poste en partie parce que la liaison était pratique, et maintenant on se retrouve avec des journées interminables.
Cette phrase, elle revient souvent quand on discute avec eux. Et on comprend. Parce que derrière les horaires, il y a des vies entières qui se réorganisent dans l’urgence.
Des journées qui s’allongent dangereusement
Concrètement, qu’est-ce que ça change ? Beaucoup plus qu’on pourrait le croire. Avant, le retour était fluide. Aujourd’hui, certains rentrent avec près d’une heure de retard supplémentaire. Quand on additionne le lever tôt et la fatigue accumulée, ça pèse lourd.
Et puis il y a la famille. Les enfants qui attendent, les devoirs à superviser, le dîner à préparer. Tout décale. Une enseignante confiait récemment qu’elle voit moins ses proches, qu’elle arrive épuisée. Ce n’est pas juste une question de minutes perdues dans un wagon : c’est tout un équilibre qui vacille.
J’ai moi-même connu des trajets pendulaires un peu compliqués par le passé, et je sais à quel point ces détails peuvent miner le moral. Là, on parle de personnes qui donnent beaucoup dans leur métier. Elles mériteraient un peu plus de considération, non ?
- Lever avant l’aube pour attraper le premier train viable
- Arrivée en classe avec juste le temps de poser ses affaires
- Journée complète face aux élèves, souvent exigeante
- Attente prolongée en gare le soir, dans le froid de décembre
- Retour tardif, moins de temps pour la vie personnelle
Cette liste, elle pourrait sembler banale. Pourtant, répétée cinq jours par semaine, elle use.
Pourquoi cette décision brutale ?
On se pose tous la question. Officiellement, il s’agit d’optimiser les dessertes, de fluidifier certains parcours. Peut-être pour gagner quelques minutes sur des lignes plus fréquentées. Mais dans les faits, ça pénalise directement une catégorie précise de voyageurs : ceux qui font ce trajet spécifique en fin de journée.
Le plus rageant ? Le manque total de communication en amont. Aucun mail, aucune annonce claire, pas de période de transition. Juste une suppression qui tombe comme ça, en plein hiver. On comprend que des ajustements soient nécessaires parfois, mais là, ça manque cruellement de dialogue.
D’après ce qu’on entend, certains élus locaux ont été alertés après coup. Des discussions sont en cours, mais pour l’instant, rien de concret. Les enseignants, eux, continuent de subir.
L’impact sur le métier d’enseignant
Enseigner, ce n’est déjà pas de tout repos. Entre les préparations de cours, les corrections, les réunions, les formations, les journées sont bien remplies. Quand on ajoute une heure de transport supplémentaire, ça devient presque insurmontable sur la durée.
Certains se demandent même s’ils vont pouvoir tenir comme ça toute l’année. Accepter un poste loin de chez soi, c’est souvent un calcul : on pèse le pour et le contre, on vérifie les liaisons. Là, le contrat moral est rompu, en quelque sorte.
On s’est engagés dans l’éducation nationale en sachant que les affectations pouvaient être éloignées, mais on comptait sur des infrastructures fiables. Là, on a l’impression qu’on nous retire le tapis sous les pieds.
Une professeure concernée
Et cette impression, elle est partagée. On sent une vraie lassitude, mêlée de colère contenue.
Des solutions alternatives ? Pas vraiment
Forcément, on cherche des portes de sortie. Le covoiturage ? Pas évident tous les jours, surtout avec des horaires précis. Le bus ? Plus long, moins confortable. Rester plus tard au travail pour prendre un autre train ? Ça grignote encore sur la vie perso.
Certains envisagent même de déménager, mais c’est énorme comme décision. Changer de région pour un poste, bouleverser toute la famille… Tout ça parce qu’un arrêt a été supprimé. Disproportionné, non ?
L’aspect financier entre aussi en jeu. Plus de trajets compliqués signifie parfois plus de dépenses : essence si on prend la voiture exceptionnellement, garde d’enfants prolongée. Les petites économies fondent vite.
Un sentiment d’abandon plus large
Ce qui ressort le plus dans les témoignages, c’est ce sentiment d’être oublié. Comme si les décideurs ne mesuraient pas l’impact réel sur le terrain. On optimise des tableaux Excel, mais on oublie les humains derrière les chiffres.
Et pourtant, ces enseignants, ils assurent dans des établissements parfois compliqués. Ils contribuent à l’éducation des jeunes d’une ville qui en a bien besoin. Alors pourquoi leur compliquer la vie encore plus ?
Je trouve ça particulièrement injuste. Dans un contexte où on manque cruellement de professeurs, où on peine à attirer dans certaines zones, ce genre de décision semble aller à contre-courant. On devrait plutôt faciliter la mobilité, non ?
Vers une mobilisation ?
Pour l’instant, c’est la résignation qui domine. Mais des discussions circulent. Certains parlent de pétition, d’autres de solliciter les syndicats ou les associations de parents d’élèves. Parce que finalement, des profs fatigués, ça impacte aussi la qualité de l’enseignement.
Des réunions informelles ont déjà eu lieu. On échange des astuces, on râle ensemble, on cherche des appuis. Peut-être que la pression collective finira par porter ses fruits.
En attendant, la galère continue. Chaque soir, en gare, le même constat : le train passe, mais ne s’arrête plus. Symbole d’une déconnexion qu’on espère temporaire.
Et demain ?
Difficile de prédire l’issue. Peut-être que des ajustements seront faits d’ici quelques mois. Peut-être qu’un autre arrêt sera ajouté ailleurs. Ou peut-être que cette suppression deviendra définitive.
Ce qui est sûr, c’est que cette histoire met en lumière un problème plus vaste : la fragilité des dessertes régionales pour ceux qui vivent loin de leur lieu de travail. Dans une époque où on parle beaucoup de qualité de vie au travail, ce genre d’épisode fait tache.
Personnellement, je crois qu’il faudrait plus écouter ceux qui sont sur le terrain. Professeurs, usagers réguliers, élus locaux. Parce que les meilleures décisions sont souvent celles qui prennent en compte la réalité du quotidien.
En attendant une éventuelle amélioration, ces enseignants continuent de faire le job. Avec le sourire devant les élèves, mais avec une fatigue qui s’accumule. Chapeau bas à eux, vraiment.
Cette affaire, elle nous rappelle une chose essentielle : derrière chaque horaire de train, il y a des vies qui se jouent. Espérons que la voix de ces professeurs sera enfin entendue.
