Imaginez un peu : vous êtes défenseur en Ligue 2, vous regardez le tableau d’affichage et vous voyez que Troyes arrive avec son leader au classement… et que leur meilleur buteur, absent un mois, est de retour. Frisson garanti ou pas ?
C’est exactement ce qui attend Rodez ce samedi après-midi. Tawfik Bentayeb, 23 ans, prêté par l’US Touarga, va retrouver le terrain après une suspension et une blessure aux côtes. Et franchement, dans le vestiaire troyen, on ne cache pas sa joie. Quand votre serial buteur revient, c’est un peu comme si on vous rendait votre arme fatale.
Un retour qui change tout pour le leader
Troyes caracole en tête de la Ligue 2 et pourtant, pendant quatre semaines, ils ont dû faire sans lui. Résultat ? Les coéquipiers ont serré les dents, un jeune du centre a même marqué son premier but pro en Coupe de France, Renaud Ripart est revenu de blessure, Mounaïm El-Idrissy a dépanné… Mais soyons honnêtes : ce n’était pas pareil.
Parce que Bentayeb, ce n’est pas juste un attaquant qui marque. C’est le genre de joueur qui oblige l’adversaire à changer son plan de match dès l’échauffement. Son entraîneur, Stéphane Dumont, le dit sans détour :
« Dans une équipe qui veut performer, il faut un attaquant capable de donner confiance à tout le monde et de faire peur à l’adversaire. Tawfik coche ces cases. »
Et quand on regarde les chiffres, on comprend mieux. Huit buts en neuf matchs de championnat. Presque un but par rencontre. En Ligue 2, c’est monstrueux.
Un profil rare, presque trop complet
Ce qui impressionne le plus, c’est sa polyvalence. Gaucher naturel, mais il marque aussi du droit, de la tête, en pivot, en appel-counter, en renard des surfaces. Renaud Ripart, qui a pourtant vu passer quelques bons attaquants dans sa carrière, ne tarit pas d’éloges :
« Il déclenche vite, il est adroit des deux pieds, bon de la tête… Et en plus c’est un super mec, calme, introverti mais toujours souriant. Il coche toutes les cases. »
Renaud Ripart
Même son coach ajoute une couche :
« Il est spontané, attiré par le but comme un aimant. Il peut aussi jouer en point d’appui, dévier, faire jouer les autres. Et être gaucher, ça nous ouvre des options tactiques supplémentaires. »
Bref, on parle d’un attaquant complet. Pas juste un finisseur. Un vrai numéro 9 moderne.
Rodez, l’étape qui a tout lancé
Retour en arrière. C’est à Rodez, la saison dernière, que Bentayeb a découvert le football français. Arrivé en cours d’exercice, il plante dix buts en Ligue 2 malgré un temps de jeu limité. Entré en cours de match ? Souvent décisif. Titulaire ? Efficace. Les stats avaient déjà tapé dans l’œil des recruteurs.
Le manager général ruthénois se souvient encore :
« On bossait beaucoup la data. Ses chiffres au Maroc étaient dingues. On a senti qu’il pouvait exploser chez nous. Il a assimilé nos principes rapidement et ses qualités naturelles ont fait le reste. »
Malheureusement pour Rodez, le prêt n’a pas été prolongé. Plusieurs clubs de L2 se sont positionnés, Troyes a gagné la bataille. Et aujourd’hui, les Aveyronnais vont devoir gérer celui qu’ils ont contribué à révéler. Ironie du sort.
Un caractère en or dans un vestiaire
Ce qui revient tout le temps quand on parle de lui, c’est aussi l’humain. Discret, presque timide hors terrain, mais avec une vraie personnalité dès qu’il franchit la ligne blanche. Les anciens adorent le chambrer, il répond avec le sourire. Intégration express dans le groupe.
Dans un vestiaire, ça compte énormément. Un buteur qui fait l’unanimité, ça soude. Ça donne envie de se battre pour lui. Et quand il marque, tout le monde célèbre comme si c’était son propre but.
Et maintenant ? Vers la Ligue 1… ou plus haut ?
À 23 ans, avec déjà ce niveau en Ligue 2, la question commence à se poser sérieusement. Des clubs de l’élite suivent le dossier, paraît-il. Forcément. Un gaucher complet, international U23 marocain, formé à l’académie Mohammed VI… Le profil fait saliver.
Moi je vous le dis tout net : si Troyes monte (et ils sont bien partis), garder Bentayeb l’été prochain tiendra du miracle. Son prêt se termine en juin, et son club propriétaire risque de vouloir capitaliser. À moins que l’ESTAC ne sorte le chéquier pour le conserver définitivement.
En attendant, profitons. Parce qu’un buteur comme ça, on n’en voit pas tous les week-ends en Ligue 2.
Pourquoi il fait peur (vraiment) aux défenses
- Il cadre presque toutes ses frappes → peu de gâchis
- Toujours bien placé dans la surface → sens du but inné
- Explosif sur les premiers mètres → difficile à prendre
- Bon dans les duels aériens malgré sa taille moyenne
- Capable de marquer sur une action ou sur un exploit individuel
Autrement dit, vous ne savez jamais d’où le danger va venir. Et ça, en défense, c’est l’enfer.
Ce samedi, Rodez va devoir trouver la solution. Moi je parie qu’ils vont mettre deux gars sur lui dès le coup d’envoi. Et même comme ça… bonne chance.
Alors oui, on peut parler collectif, pressing haut, animation offensive. Mais parfois, dans le foot, il y a des joueurs qui transcendent tout ça. Bentayeb est en train de devenir l’un d’eux. Et quelque chose me dit que ce n’est que le début.
Parce que quand un gamin de 23 ans fait déjà cet effet-là en Ligue 2, on se dit qu’il y a de la marge. Beaucoup de marge.
Alors rendez-vous samedi à 14 heures. Et gardez les yeux grands ouverts : il se pourrait bien qu’on assiste au début d’une très belle histoire.
