Vous est-il déjà arrivé de voir un mec au crâne dégarni, sourire XXL, qui semble toujours prêt à chambrer tout le monde, et de vous demander ce qu’il fout là au milieu des stars ? Moi oui. À chaque match de l’OM cette saison, je repère ce grand gaillard sur le banc ou dans le rond central après les victoires, enceinte sur l’épaule, et je me dis : « Mais c’est qui ce type ? » Eh bien c’est Théo Vermot. Et son histoire est tellement improbable qu’elle mériterait un film.
L’incroyable ascension d’un gardien que personne n’attendait
Imaginez le tableau : un gardien formé à Saint-Étienne, qui signe son premier contrat pro à 21 ans, rêve de la Ligue 1… et se retrouve à galérer en réserve pendant des années. Puis direction Orléans en National, deux petits matchs en trois saisons, puis retour aux sources à Fréjus en National 2. À 26 ans, la plupart auraient rangé les gants. Pas Théo.
Il accepte de redescendre, accepte d’être titulaire dans un club de sa ville natale, accepte de tout recommencer. Et là, bim : 13 clean sheets en 25 matchs. Le téléphone sonne. L’OM cherche un gardien expérimenté pour encadrer les jeunes de la réserve. Deal. On est en été 2024. Personne ne mise un kopeck sur lui pour voir l’équipe première un jour.
« Je pensais que c’était l’entraîneur des gardiens »
La première fois que Kassim Abdallah, défenseur expérimenté, le voit arriver à la Commanderie, il éclate de rire : « Franchement, avec le crâne dégarni et la barbe, je pensais que c’était un membre du staff ! ».
« Quand je l’ai vu, j’ai dit : “C’est qui ce vieux ?” »
– Un joueur de la réserve, hilare
À 27 ans à l’époque, Théo Vermot fait effectivement plus vieux. Mais sur le terrain, il fait le boulot. Propre, sérieux, et surtout une mentalité en or. Le genre de mec qui ne râle jamais quand il est remplaçant, qui encourage les gamins, qui reste après l’entraînement pour bosser les sorties aériennes avec les jeunes gardiens. Le staff adore.
Le tournant du stage à Rome
Le vrai déclic ? Le stage de cohésion à Rome au printemps 2025. Un gardien manque à l’appel, Théo est appelé en renfort avec les pros. Là, tout change. Il découvre le groupe, la rigueur de Roberto De Zerbi, les blagues d’Adrien Rabiot, les discussions tactiques avec Pierre-Emile Höjbjerg.
Son arme secrète ? Une bonne humeur absolument contagieuse. Le mec arrive à détendu, chambre gentiment tout le monde, parle français avec les francophones, met l’ambiance dans le bus. En deux jours, il est adopté.
« C’est rare un mec qui ne joue pas et qui arrive quand même à être écouté. Théo, il dégage un truc positif, il n’est ni clown ni fayot. »
– Un ancien entraîneur
De grand frère à relais du vestiaire
Aujourd’hui, son nom figure systématiquement sur la feuille de match en Ligue 1. Troisième gardien officiel derrière Gerónimo Rulli et le titulaire. Mais surtout, il est devenu un rouage essentiel hors terrain.
- Il rapproche les jeunes et les cadres
- Il calme les tensions quand ça chauffe
- Il porte l’enceinte après chaque victoire au Vélodrome
- Il est le premier à chambrer quand quelqu’un rate un penalty à l’entraînement
- Il organise les goûters d’anniversaire dans le vestiaire
Robin Vaz, jeune attaquant brésilien, l’a baptisé « baceux » – comprendre « papoteur » en brésilien. Le surnom est resté. Même Medhi Benatia, pourtant pas connu pour être tendre, valide à 100 %.
Et sur le terrain ? Il surprend aussi. Lors des oppositions, il élève le niveau des gardiens titulaires. Intense, vocal, compétitif. Les attaquants détestent l’affronter à l’entraînement parce qu’il sort des parades de malade quand on s’y attend le moins.
Pourquoi cette histoire nous touche autant
Dans un foot business où on ne parle que de millions, de clauses, de caprices de stars, l’histoire de Théo Vermot fait du bien. Elle rappelle qu’on peut arriver au sommet sans être un phénomène à 18 ans. Qu’il suffit parfois d’avoir une mentalité irréprochable, de l’humilité, et une envie folle de vivre son rêve.
Il n’a toujours pas joué le moindre match officiel avec les pros. Peut-être qu’il ne jouera jamais. Et alors ? Il vit son rêve quand même. Il porte le maillot de son club de cœur (oui, il est supporter de l’OM depuis tout petit), côtoie Aubameyang, Pavard, Aguerd, Rabiot. Il voyage en Ligue des Champions. Il fait chanter le Vélodrome après les victoires.
Franchement, y a-t-il plus belle revanche ?
Ce que Théo Vermot nous apprend
À l’heure où certains jeunes pros se plaignent sur Instagram dès qu’ils ne jouent pas, Théo rappelle les vraies valeurs du foot :
- L’humilité paie toujours
- Le collectif passe avant l’égo
- La bonne humeur est une arme
- On peut arriver à 28 ans sans avoir joué en pro et quand même marquer les esprits
- Le talent, c’est bien. La mentalité, c’est mieux.
Personnellement, j’ai rarement vu un joueur aussi unanimement apprécié dans un vestiaire aussi exigeant que celui de l’OM actuel. Même les plus grands cadres le protègent. Parce qu’ils savent qu’un mec comme Théo, ça ne court pas les rues.
Alors la prochaine fois que vous verrez ce grand chauve souriant avec l’enceinte sur l’épaule au Vélodrome, vous saurez. Ce n’est pas un membre du staff. C’est Théo Vermot. Le mec qui a transformé un plan B en rêve éveillé. Et qui prouve, match après match (ou plutôt entraînement après entraînement), que dans le foot, il reste encore de la place pour les belles histoires.
Chapeau l’artiste.
