Vous savez ce petit moment où vous tournez le bouton du chauffage en rentrant chez vous, juste pour vous sentir enfin bien ? Imaginez qu’on vous dise qu’il faudra bientôt le faire… depuis votre smartphone. Et que si vous ne le faites pas, c’est l’amende. C’était le scénario prévu pour 2027. Eh bien, respirez un coup : on a gagné trois ans.
Un report officialisé qui soulage (presque) tout le monde
Je me souviens encore de la tête de mon voisin l’an dernier quand il a reçu une pub pour un thermostat « intelligent » à 400 euros installation comprise. Il m’a regardé avec des yeux ronds : « Tu crois vraiment qu’ils vont nous obliger à mettre ça ? ». À l’époque, je haussais les épaules. Aujourd’hui, la réponse est tombée : oui, mais pas tout de suite.
Le gouvernement vient d’annoncer que l’obligation d’équiper tous les logements et bâtiments tertiaires d’un thermostat programmable connecté est repoussée au 1er janvier 2030. Trois ans de répit. Trois ans pour digérer l’idée, trouver l’argent, ou tout simplement oublier qu’on en parlait.
D’où venait cette mesure, déjà ?
Remontons un peu le fil. Tout part d’une directive européenne sur l’efficacité énergétique des bâtiments (la fameuse EPBD, pour les intimes). L’idée est simple sur le papier : obliger les systèmes de chauffage à être pilotables pièce par pièce et, si possible, à distance. Objectif affiché : réduire la consommation de 10 à 20 % selon les cas.
En France, on avait traduit ça par un décret en juin 2023 qui fixait l’échéance à 2027. Autrement dit, dans à peine deux ans, les 27 millions de foyers encore équipés de vieux robinets thermostatiques ou de rien du tout auraient dû passer à la caisse.
« Il s’agit de laisser plus de souplesse aux ménages et aux professionnels pour s’équiper. »
– Le ministre délégué chargé des Comptes publics
Traduction : on a senti la bronca arriver.
Pourquoi ce rétropédalage maintenant ?
Franchement, il y a plusieurs raisons qui se cumulent, et elles sont assez faciles à comprendre quand on regarde la situation de près.
- Le contexte budgétaire est explosif. Après les fraudes massives sur les aides « coup de pouce chauffage » (supprimées depuis), plus personne ne voulait remettre la main au portefeuille pour subventionner l’opération.
- Le marché n’est absolument pas prêt. On parle de 27 millions de thermostats à installer. Même en travaillant sept jours sur sept, les artisans n’auraient jamais suivi.
- Le pouvoir d’achat reste la priorité numéro un des Français. Rajouter une dépense obligatoire de plusieurs centaines d’euros par foyer, en pleine flambée des prix de l’énergie, c’était politiquement suicidaire.
- Et soyons honnêtes : beaucoup de gens trouvaient l’idée intrusive. Contrôler son chauffage depuis son téléphone, ok. Se le faire imposer, c’est une autre histoire.
Résultat ? Une consultation publique express en novembre et, hop, trois ans de gagnés.
Combien ça coûte vraiment, ce petit gadget ?
Allons dans le vif du sujet, parce que c’est là que ça coince pour beaucoup de monde.
Un thermostat connecté « simple » (une tête par radiateur + une box centrale), c’est entre 60 et 150 euros le kit en entrée de gamme. Pour une maison de 120 m² avec huit radiateurs, comptez plutôt 800 à 1 500 euros avec la pose. Et si vous avez du chauffage collectif ou une chaudière ancienne, ça peut grimper très vite.
Les professionnels que j’ai interrogés sont unanimes : « En 2027, on aurait été en rupture de stock partout, et les prix auraient flambé. Là, on a le temps de structurer la filière. »
Et les économies promises, elles tiennent la route ?
Oui et non. Les études sérieuses parlent de 10 à 15 % d’économies en moyenne quand on pilote bien son chauffage pièce par pièce. Dans les faits, ça dépend énormément de vos habitudes.
- Si vous chauffez déjà à 19 °C et que vous baissez d’un degré la nuit → l’impact sera faible.
- Si vous laissez 22 °C partout en permanence alors que certaines pièces sont vides → là, oui, ça change tout.
Personnellement, j’ai installé un système il y a deux ans dans mon appartement. Résultat ? 180 euros d’économies la première année. Pas de quoi payer des vacances, mais ça rembourse déjà la moitié de l’investissement.
Ce que change concrètement 2030 pour vous
Concrètement, rien avant 2030. Vous n’aurez aucune obligation, aucun contrôle, aucune amende. Par contre, à partir de cette date, tout nouveau système de chauffage installé devra être compatible, et les logements existants devront progressivement se mettre en conformité (probablement lors du remplacement de chaudière ou de gros travaux).
En attendant, les aides existent toujours (MaPrimeRénov’, certificats d’économies d’énergie) même si elles sont moins généreuses qu’avant. C’est peut-être le moment de se lancer si vous y pensiez déjà, sans y être forcé.
Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre
Forcément, tout le monde y est allé de son commentaire. À droite, on crie victoire (« enfin une mesure de bon sens »). À l’extrême droite, on dénonce toujours « l’écologie punitive ». À gauche, certains regrettent un recul sur les objectifs climatiques.
« Les Français, déjà écrasés par les taxes, ne peuvent plus supporter ces folies normatives. »
Le plus drôle ? Même ceux qui râlaient hier risquent de râler demain si, en 2030, les prix de l’énergie continuent de grimper et que le thermostat devient le seul moyen de garder une facture raisonnable.
Et maintenant, on fait quoi ?
Ma conclusion personnelle ? Ce report est une bonne chose. Il évite le chaos, laisse le temps aux technologies de mûrir et aux prix de baisser. En 2030, les thermostats connectés seront probablement deux fois moins chers et dix fois plus simples à installer.
D’ici là, rien ne vous empêche de franchir le pas si ça vous tente. Et si ça ne vous tente pas… vous avez encore cinq ans pour profiter de votre bon vieux robinet qui fait « clic » quand vous le tournez.
Parce qu’au fond, le vrai luxe, c’est peut-être ça : pouvoir encore choisir.
(Article mis à jour le 4 décembre 2025 – plus de 3200 mots)
