Vous souvenez-vous de ce frisson quand Tiger Woods enfilait son polo rouge le dimanche ? Ce sentiment que, quoi qu’il arrive, quelque chose d’historique pouvait se produire ? Moi oui. Et pourtant, en cette fin d’année 2025, l’homme qui a redéfini le golf nous donne une tout autre sensation : celle d’un champion qui lutte, encore et toujours, mais cette fois contre son propre corps.
À quelques semaines de ses 50 ans, le Tigre a pris la parole aux Bahamas, là où il organise chaque année son tournoi caritatif. Et le message est clair : non, il ne reviendra pas demain. Peut-être même pas l’an prochain. La phrase qui reste en tête ? « Je suis encore très loin. » Difficile de faire plus honnête.
Une opération de plus dans une longue liste
Octobre 2025. Nouvelle intervention chirurgicale. Cette fois, c’est un disque lombaire qui a été remplacé. Rien d’anodin quand on connaît le passif médical du bonhomme. Depuis son terrible accident de voiture en février 2021, Tiger Woods collectionne les opérations comme d’autres collectionnent les trophées. Chevilles, genoux, dos… le corps dit stop, régulièrement.
Et pourtant, à chaque fois, on y croit. Parce que c’est lui. Parce qu’il a déjà réalisé l’impossible : revenir gagner le Masters 2019, onze ans après son dernier Majeur, avec un dos déjà rafistolé de partout. Ce dimanche d’avril à Augusta reste l’un des plus grands moments de l’histoire du sport. Mais aujourd’hui, la réalité semble plus lourde.
« La rééducation est lente. Je ne peux pas faire grand-chose après le remplacement d’un disque. Vraiment pas grand-chose. Ça va prendre du temps. »
Tiger Woods, décembre 2025
Des progrès… mais minuscules
Il y a du positif, quand même. La semaine dernière, les médecins lui ont enfin donné le feu vert pour taper des petits chips et des putts. Vous savez, ces coups tout doux autour du green. Pour vous et moi, c’est presque rien. Pour un homme qui n’a pas touché un club en compétition depuis le British Open 2024, c’est énorme.
Mais Tiger reste lucide. Il sait que passer des putts de deux mètres à frapper des drives à 300 mètres, il y a un monde. Et ce monde-là, il l’a déjà traversé plusieurs fois. Il connaît la chanson : patience, souffrance, doutes, petites victoires, rechutes. Le cycle infernal des grands blessés.
50 ans : l’âge où tout change
Le 30 décembre 2025, Tiger Woods soufflera ses cinquante bougies. Dans le golf, c’est l’âge où l’on bascule officiellement sur le PGA Tour Champions, le circuit senior. Beaucoup imaginent déjà le Tigre dominer cette catégorie comme il a dominé la grande scène pendant vingt ans.
Sauf que… rien n’est moins sûr. Parce que sur le circuit senior, on joue aussi cinq jours d’affilée parfois. Parce qu’il faut encore marcher des kilomètres. Parce que le corps, même à 50 ans, doit suivre. Et pour l’instant, celui de Tiger dit non.
- Pas de calendrier 2026 envisagé
- Aucune idée de quand il pourra rejouer 18 trous
- Même les tournois sur invitation (où il choisit ses dates) semblent hors de portée pour l’instant
- Le Hero World Challenge qu’il organise ? Il n’y participe pas, il regarde seulement
Le mental : la dernière arme du Tigre
Ce qui frappe, c’est que l’envie est toujours là. À aucun moment il n’a parlé de retraite. Il dit simplement : « J’aimerais pouvoir rejouer au golf. » Pas gagner. Pas dominer. Juste jouer. Quand on a 82 victoires sur le PGA Tour et 15 Majeurs, on pourrait comprendre qu’il se pose. Mais non.
Je me souviens d’une phrase qu’il avait lâchée après son Masters 2019 : « Je ne sais pas combien il m’en reste, mais je vais tout donner pour chacun. » Six ans plus tard, cette phrase résonne encore plus fort. Parce que chaque retour potentiel est désormais un petit miracle.
Et nous, que doit-on espérer ?
On a tous en tête des images : Tiger qui boite sur le parcours, Tiger qui grimace après un swing, Tiger qui abandonne au milieu d’un tournoi. Est-ce vraiment ce qu’on veut revoir ? Ou préférerait-on garder en mémoire le monstre de compétitivité qui faisait trembler les parcours entiers ?
Personnellement, je pense qu’on sous-estime encore sa capacité à nous surprendre. Peut-être pas un retour à 100 %, peut-être pas dix tournois par an. Mais un ou deux Majeurs où il passe le cut ? Un dimanche où il signe une carte dans le top 20 ? Ce serait déjà énorme. Et tellement lui.
« J’ai seulement hâte de pouvoir jouer à nouveau, laissez-moi faire ça, et ensuite je verrai quel sera le programme. »
Cette phrase résume tout. Pas de promesse. Pas de faux espoirs. Juste l’envie brute de remettre un tee dans le sol et de frapper une balle. Le reste viendra… ou pas.
Un héritage déjà immense
Qu’il rejoue ou non, Tiger Woods a déjà tout changé. Il a fait entrer le golf dans une autre dimension. Il a inspiré des millions de gamins – notamment des minorités – à prendre un club. Il a transformé un sport de notables en spectacle mondial.
Aujourd’hui, même blessé, même diminué, il reste l’attraction numéro 1. Quand il parle, le monde du golf écoute. Quand il marche sur un practice, les caméras zoome. C’est ça, la marque des très grands.
Alors oui, la convalescence sera longue. Oui, 2026 risque d’être une nouvelle année blanche ou presque. Mais tant qu’il n’aura pas dit stop, je continuerai à y croire. Parce que c’est Tiger. Parce que l’impossible, il l’a déjà fait plusieurs fois.
Et vous, vous y croyez encore ?
(Article écrit avec passion par un amoureux du golf qui a vu chaque comeback du Tigre depuis 2000. Le compte à rebours vers ses 50 ans est lancé… et on reste suspendu à ses prochaines paroles.)
