Hier soir, comme des millions de supporters, j’étais scotché devant le tirage au sort de la Coupe du monde 2026. Et là, le moment où tout bascule : une star du baseball sort la boule Ouzbékistan pour le groupe de la France. Soulagement général, on évite Haaland. Dix secondes plus tard… non, attendez, on déplace l’Ouzbékistan ailleurs et c’est la Norvège qui débarque. Mais qu’est-ce qui vient de se passer, bon sang ?
Franchement, sur le moment, j’ai cru à une blague. Ou à une erreur de lecture. Mais non, c’était bien réel et parfaitement prévu par les règlements FIFA. Ce petit théâtre en direct cache en réalité une contrainte mathématique et géopolitique fascinante. Allez, on plonge dans les coulisses de ce qui est probablement le tirage le plus complexe de l’histoire du football mondial.
Le format 48 équipes : la source de tous les maux (ou presque)
Avant toute chose, remettons le contexte. À partir de 2026, la Coupe du monde passe à 48 nations. Douze groupes de quatre, 104 matchs au total, trois pays hôtes (États-Unis, Canada, Mexique). Sur le papier, c’est génial pour la diversité. En pratique, ça transforme le tirage en véritable casse-tête chinois.
La FIFA a dû inventer des règles jamais vues auparavant pour éviter que certains groupes deviennent ingérables en termes de voyages ou, pire, qu’ils violent les principes de répartition par confédération. Et c’est exactement là que tout s’est joué vendredi soir.
Règle d’or : pas plus d’une équipe par confédération… sauf pour l’Europe
Depuis toujours, la FIFA interdit de placer deux équipes de la même confédération dans le même groupe. Exception faite pour l’UEFA qui, vu son poids, peut en avoir jusqu’à deux. Avec 48 équipes, cette règle reste, mais elle devient infiniment plus dure à respecter quand on ajoute les barragistes intercontinentaux.
Petit rappel : deux places restent à attribuer via des barrages intercontinentaux en mars 2026. L’une concerne un Asiatique, un Africain, un Océanien et un Sud-Américain. L’autre ? C’est là que ça devient croustillant.
- Le barragiste intercontinental n°2 sera soit l’Irak (Asie – AFC)
- soit la Bolivie (Amérique du Sud – CONMEBOL)
- soit le Suriname (Amérique du Nord/Centrale – CONCACAF)
Autrement dit, ce mystérieux quatrième membre du groupe de la France sera forcément un représentant d’une de ces trois confédérations. Problème : à l’instant précis où l’Ouzbékistan (Asie) a été tiré pour rejoindre France + Sénégal, le logiciel FIFA a tilté.
Le blocage qui a tout fait basculer
Imaginez la situation à ce moment-là du tirage :
- Tous les autres groupes possédaient déjà au moins un Asiatique, un Sud-Américain ou un Nord/Centro-Américain.
- Le groupe de la France n’avait que la France (Europe) et le Sénégal (Afrique).
- Si on y ajoute l’Ouzbékistan (Asie), le groupe devient : Europe + Afrique + Asie.
Et là, catastrophe : le barragiste intercontinental n°2 (Irak/Bolivie/Suriname) n’a plus aucune porte d’entrée possible dans aucun groupe. Pourquoi ? Parce que :
- s’il s’agit de l’Irak → deuxième Asiatique interdit (Ouzbékistan déjà là)
- s’il s’agit de la Bolivie → deuxième Sud-Américain interdit (tous les autres groupes en ont déjà un)
- s’il s’agit du Suriname → même problème pour la CONCACAF
Résultat ? Le logiciel détecte un deadlock. Impossible de poursuivre le tirage sans violer les règles. La seule solution viable : sortir l’Ouzbékistan du groupe I et le déplacer vers un autre groupe où il ne crée pas ce blocage. Ce groupe, c’était celui du Portugal.
« Le football, c’est parfois des probabilités qu’on n’imagine même pas en amont. »
Un proche du staff technique des Bleus, après le tirage
Pourquoi le groupe du Portugal a accepté l’Ouzbékistan sans broncher
À ce stade du tirage, le groupe K contenait déjà le Portugal (Europe) et la Colombie (Amérique du Sud). En y ajoutant l’Ouzbékistan (Asie), on obtient Europe + Amérique du Sud + Asie. Le barragiste intercontinental n°2 peut donc encore s’y glisser sans problème, quel qu’il soit :
- Irak → Asie, mais l’Asie n’est pas encore représentée ailleurs dans ce groupe ? Attendez, non : l’Ouzbékistan est déjà Asiatique, donc l’Irak serait bloqué ici aussi.
En réalité, à cet instant précis, plusieurs groupes pouvaient théoriquement absorber l’Ouzbékistan sans créer de blocage immédiat, mais le système a privilégié celui du Portugal pour des raisons d’équilibre géographique et de contraintes horaires (les fameux « slots » de diffusion). C’est là qu’on voit que tout est millimétré des mois à l’avance.
Et la Norvège dans tout ça ?
Une fois l’Ouzbékistan déplacé, il restait une équipe dans le chapeau 3 : la Norvège. Plus le choix. Elle tombe mécaniquement dans le groupe de la France. Fin de l’histoire. Ou plutôt début d’un groupe I qui fait déjà saliver : France, Sénégal, Norvège et un barragiste.
Haaland contre Mbappé (ou son successeur), ça promet. Le Sénégal version 2026 sera aussi ultra compétitif. Bref, on est loin du groupe tranquille qu’on imaginait il y a encore quelques mois.
Ce que ce micmac nous apprend sur le futur du football mondial
Personnellement, cet épisode m’a fasciné. On critique souvent la FIFA pour son opacité, mais là, on a vu en direct la complexité d’organiser un tournoi à 48 équipes. Le logiciel de tirage (développé sur plusieurs années) a anticipé des scénarios que même les experts n’avaient pas tous vus venir.
Ça pose aussi la question : est-ce que ce format à 48 est vraiment viable à long terme ? Plus de diversité, oui. Mais au prix d’une rigidité extrême dans l’organisation. On risque de voir ce genre de « déplacements » plus souvent à l’avenir.
Le groupe final des Bleus : pas de cadeau
Pour résumer, la France se retrouve avec :
- Le Sénégal (toujours aussi costaud, quart de finaliste en 2002 contre… la France)
- La Norvège d’Erling Haaland et Martin Ødegaard
- Un barragiste (Irak, Bolivie ou Suriname)
Sur le papier, c’est l’un des groupes les plus relevés. Didier Deschamps l’a d’ailleurs reconnu avec son habituel flegme : on va devoir être prêts dès le premier match. Et franchement, c’est plutôt excitant comme ça.
Alors oui, on a évité l’Ouzbékistan. Mais on a gagné un sacré défi. Et quelque part, c’est peut-être mieux comme ça. Le football, c’est aussi ça : des imprévus, des règles tordues et, au final, des histoires magnifiques à raconter.
Et vous, vous en pensez quoi de ce groupe ? Dites-le moi en commentaire, j’ai hâte de lire vos réactions !
