Il y a des déclarations qui ne passent pas inaperçues. Quand un joueur sort d’un triplé en coupe d’Europe et qu’il balance, calme mais sûr de lui, que la Coupe du monde 2026 est son objectif prioritaire, on tend l’oreille. Corentin Tolisso l’a fait. Et franchement, ça fait du bien d’entendre un mec assumer aussi clairement ses ambitions.
On était nombreux à penser que son histoire avec les Bleus appartenait presque au passé. Dernière sélection ? Juin 2021, ce fameuse match contre le Portugal à l’Euro. Depuis, blessures, changement de statut à Munich, retour à Lyon… Et pourtant, à 31 ans, le gamin de Tarare n’a rien perdu de sa flamme.
Un retour aux sources qui change tout
Revenir à l’Olympique Lyonnais, c’était déjà un pari osé. Beaucoup y voyaient une fin de carrière tranquille, un club historique pour se refaire une santé loin des projecteurs allemands. Raté. Tolisso a débarqué avec une faim de loup et, saison après saison, il remonte le temps.
Le triplé contre le Maccabi Tel-Aviv en Ligue Europa ? Pas un feu de paille. C’est la preuve que le moteur tourne à nouveau à plein régime. Puissance, vision, frappe de loin, lecture du jeu : tout y est. Et quand tu ajoutes à ça une condition physique enfin stable, tu obtiens un milieu complet qui fait mal à n’importe quelle défense.
« Je crois vraiment que le travail va être récompensé, j’y crois dur comme fer. La Coupe du monde, c’est carrément un objectif. »
Corentin Tolisso, en conférence de presse
Cette phrase-là, elle pèse. Parce qu’elle n’est pas lancée en l’air après un bon match. Elle arrive après des mois de boulot dans l’ombre, de séances supplémentaires, de sacrifices. Tolisso ne demande pas un cadeau, il veut gagner sa place. Et ça change tout.
La concurrence ? Un mur de titulaires du Real, de Chelsea et compagnie
Maintenant, soyons honnêtes deux minutes. Didier Deschamps a des migraines de luxe au milieu. Regardez la dernière liste :
- Aurélien Tchouaméni, patron du Real Madrid
- Eduardo Camavinga, déjà incontournable à 22 ans
- Warren Zaïre-Emery, le prodige qui joue comme un vieux briscard
- N’Golo Kanté, toujours là à 34 ans
- Manu Koné, Khéphren Thuram en embuscade…
Et on pourrait même rajouter Adrien Rabiot quand il est en forme ou Youssouf Fofana qui ne lâche rien. Franchement, c’est violent. Tolisso le sait mieux que personne. Il a même glissé un petit sourire en conf’ : « Je pars de loin, on va dire. » Sous-entendu : il voit très bien les choix du sélectionneur.
Mais c’est là que ça devient intéressant. Parce que dans ce genre de situation, il y a deux écoles. Ceux qui baissent les bras en se disant « trop de monde devant ». Et ceux qui se servent de la concurrence comme carburant. Tolisso, clairement, est dans la deuxième catégorie.
Pourquoi 2026 peut être SON Mondial
Premier argument : l’âge. En juin 2026, il aura 32 ans. L’âge parfait pour un milieu box-to-box expérimenté. Kanté en aura 35, Tchouaméni et Camavinga seront dans la force de l’âge, mais il y aura forcément besoin de profils différents selon les matchs.
Deuxième argument : la polyvalence. Tolisso peut jouer 6, 8, voire 10 en dépannage. Il apporte de la verticalité, des appels, des buts (on l’a vu encore récemment) et une grosse présence dans les duels. Dans un format à 26 joueurs, ce genre de couteau suisse pèse lourd.
Troisième argument, et pas des moindres : l’expérience des grands rendez-vous. Champion du monde 2018 (même s’il était blessé pour la finale), vainqueur de la Ligue des Nations, habitué des demies et finales de Ligue des Champions avec le Bayern. Ça compte, ces lignes-là sur un CV, quand il s’agit de gérer la pression d’un Mondial à 48 équipes.
Le facteur mental : entre ambition et humour désarmant
Ce qui frappe, c’est sa sérénité. Il pourrait râler, pointer du doigt les absents de blessures passées, faire le mec frustré. Non. Il respecte les choix, il bosse, et il garde le sourire. Quand un journaliste lui demande ce qui se passera s’il n’est pas sélectionné, il répond avec une pointe d’humour :
« Si je n’y vais pas, mes filles seront plus contentes. »
Ce genre de réponse, ça désarme. Ça montre un mec en paix avec lui-même, qui sait où il veut aller mais qui ne se prend pas trop au sérieux. Et dans le football de 2025, où tout le monde surjoue la pression, ça fait un bien fou.
Et si Lyon redevenait un tremplin vers les Bleus ?
On a trop souvent considéré l’OL comme un club en reconstruction, presque un plan B pour les joueurs en perte de vitesse. Tolisso est en train de prouver le contraire. Quand tu performes à ce niveau en Ligue 1 et en coupe d’Europe, forcément, tu forces les portes.
D’ailleurs, petit flashback : avant la Coupe du monde 2018, c’est bien à Lyon qu’il avait explosé aux yeux de tout le monde. Histoire de boucler la boucle, non ? Le Groupama Stadium pourrait redevenir, pour lui, ce que le Parc des Princes a été pour certains ou Santiago Bernabéu pour d’autres : un tremplin vers le graal.
Ce qu’il doit faire concrètement d’ici 2026
Rester en bonne santé, évidemment. C’est la base. Ensuite, continuer à empiler les performances XXL, notamment en Ligue Europa où Lyon peut aller loin. Un quart, une demi ? Ça parlerait forcément à Deschamps, qui a toujours eu un faible pour les joueurs en forme au printemps.
- Maintenir une régularité folle en Ligue 1 (buts + passes décisives)
- Être décisif dans les gros matchs (PSG, Marseille, etc.)
- Montrer qu’il peut être leader vocal et technique dans un vestiaire
- Éviter les pépins physiques, surtout cette fameuse cuisse qui l’a tant embêté
Si il coche toutes ces cases, franchement, Deschamps sera obligé de regarder. Parce que laisser un joueur en feu sur le carreau juste pour une question de « hiérarchie établie », ça ne colle pas avec l’histoire du sélectionneur. On l’a vu rappeler Benzema après des années, Kanté après l’Arabie Saoudite… Quand ça chauffe, DD sait trancher.
Et nous, supporters, on en pense quoi ?
Personnellement, j’adore ce genre d’histoire. Un mec qu’on avait presque rangé dans la case « beau souvenir » qui revient cogner à la porte avec une rage intacte. Ça rappelle un peu Giroud avant le Mondial 2022. Tout le monde disait « c’est fini », et il a fermé des bouches à la pelle.
Tolisso a ce même parfum. Celui du mec qui n’a rien à perdre et tout à prouver. Et dans un football où on enterre les joueurs à 30 ans, voir un trentenaire assumer ses ambitions comme ça, ça redonne presque les larmes aux yeux.
Alors oui, la route est longue. Oui, la concurrence est monstrueuse. Mais non, ce n’est pas mission impossible. Parce que quand un joueur retrouve son meilleur niveau et qu’en plus il a la tête bien faite, tout devient possible.
Fin 2025, printemps 2026… On risque de reparler souvent de Corentin Tolisso. Et quelque chose me dit que cette fois, il ne viendra pas juste pour faire de la figuration.
Allez Toli. On croit en toi.
