Vous souvenez-vous de ce moment où tout a basculé en quelques secondes ? Un combat qui s’annonçait explosif, un titre en jeu, et puis… un doigt qui se glisse malencontreusement dans un œil. Beaucoup ont crié à la simulation, d’autres ont haussé les épaules. Moi, j’avoue que j’étais plutôt sceptique aussi. Et puis Tom Aspinall a publié ses examens médicaux. Et là, plus de doute possible : c’était grave. Vraiment grave.
Un simple doigt qui change tout
Revenons un peu en arrière. On est début novembre, l’UFC pose ses valises à Abu Dhabi pour un événement attendu comme rarement. En main event, le champion intérimaire poids lourds Tom Aspinall affronte Ciryl Gane pour tenter d’unifier les ceintures – ou du moins poser une grosse pierre dans le jardin de Jon Jones. Tout le monde sait que l’Anglais est un finisher, que le Français est un technicien hors pair. Bref, on se prépare à un feu d’artifice.
Et puis, dès les premières secondes du round 1, l’impensable. Un échange un peu brouillon, une main qui part, un doigt qui trouve la pire des cibles. Aspinall recule immédiatement, grimace, signale l’œil. L’arbitre arrête le combat. No contest. Rideau. La foule est sonnée, les réseaux s’enflamment : « Il a simulé », « Il a eu peur », « Gane méritait la victoire »… On a tout lu.
Franchement, sur le moment, je me suis dit la même chose. Un champion qui abandonne après un poke ? Ça sentait la sortie de secours un peu facile. Sauf que non. Un mois plus tard, l’Anglais revient avec des preuves irréfutables.
Le dossier médical qui fait taire les sceptiques
Sur ses réseaux, Tom Aspinall a balancé plusieurs pages de rapports ophtalmologiques et orthoptiques. Et ce qu’on y lit donne froid dans le dos.
- Diplopie persistante : il voit double dès qu’il regarde sur les côtés. Imaginez-vous conduire ou simplement tourner la tête dans ces conditions…
- Photophobie sévère : la lumière, même modérée, lui fait mal. Les néons d’une salle d’entraînement ? Impensable.
- Baisse d’acuité visuelle bilatérale : il a perdu en netteté des deux yeux.
- Fracture minime de l’orbite : même petite, une fissure osseuse autour de l’œil, ça ne rigole pas.
Et le meilleur – ou le pire – c’est la conclusion du médecin : interdiction formelle de tout sparring ou combat tant que tout n’est pas revenu à la normale. Pas de date, pas d’échéance précise. Juste un gros panneau « stop ».
« Je dois m’abstenir de toute activité de combat jusqu’à résolution complète des symptômes »
Extrait du certificat médical publié par Tom Aspinall
Pourquoi un poke peut faire autant de dégâts ?
On a tous vu des doigts dans l’œil en MMA. Parfois le gars secoue la tête et continue, parfois il prend trente secondes et reprend. Alors pourquoi cette fois c’est si grave ?
En réalité, tout est une question d’angle, de force et de malchance. L’œil est protégé par l’os orbitaire, mais si le doigt passe juste entre les os et touche directement le globe oculaire ou les muscles qui le contrôlent, c’est le drame. Les muscles extra-oculaires sont minuscules et hyper sensibles. Une micro-lésion et c’est la diplopie assurée. Ajoutez à ça la pression du doigt qui peut créer une onde de choc à l’intérieur même de l’œil, et vous avez la recette parfaite pour une blessure longue durée.
J’ai discuté avec un ophtalmo spécialisé dans les sports de combat (oui, ça existe) qui m’expliquait que ces traumatismes sont sous-estimés. « Un coup de poing, on sait gérer. Un poke, c’est sournois. On ne voit pas la gravité de l’extérieur, mais à l’intérieur, ça peut être dévastateur. »
Les conséquences sur la division heavyweight
Maintenant, la vraie question : qu’est-ce que ça change pour la catégorie reine de l’UFC ? Parce qu’on ne va pas se mentir, les lourds, c’est le bordel en ce moment.
D’un côté, Jon Jones traîne toujours avec sa ceinture « vraie » sans donner de nouvelles claires sur son retour. De l’autre, Aspinall, champion intérimaire, devait être le mec qui remettait de l’ordre. Sauf que là, il est sur le carreau pour une durée indéterminée.
Ciryl Gane, lui, pousse fort pour une revanche immédiate. Logique : il n’a pas perdu, il veut sa chance. Dana White semble aussi chaud, estimant que l’incident n’était « pas si grave ». Sauf que maintenant, avec les preuves médicales, difficile de maintenir cette version.
Du coup, plusieurs scénarios possibles :
- L’UFC attend le retour d’Aspinall et organise la revanche quand il sera prêt (scénario le plus juste sportivement).
- On booke Gane contre un autre gros nom en attendant (Pavlovich ? Almeida ?).
- Jones revient enfin et on tente l’unification tant attendue (on peut rêver).
Moi je penche pour la première option, mais je sens que l’organisation va essayer d’avancer quand même. L’argent ne dort jamais, surtout chez les lourds.
Et les finger pokes dans tout ça ? Faut-il changer les règles ?
Cet incident relance évidemment le débat sur les mains ouvertes et les gants. Depuis des années, certains réclament des gants avec les doigts plus couverts ou des sanctions plus sévères.
Le problème ? Les gants actuels (4 oz) sont faits pour permettre les saisies au sol. Si on ferme trop les doigts, on perd cet aspect. Et puis, beaucoup de pokes sont involontaires. Difficile de punir systématiquement.
Mais quand on voit le carnage que ça peut provoquer – carrière mise entre parenthèses, vision abîmée à vie dans le pire des cas – on se dit qu’il faut peut-être réfléchir sérieusement. Certains proposent des gants hybrides, d’autres des avertissements plus rapides avec perte de point dès le premier poke. Le débat est loin d’être clos.
Aspinall, l’homme qui rit de tout (même avec un œil en vrac)
Ce que j’aime chez Tom Aspinall, c’est qu’il n’a pas perdu son sens de l’humour malgré tout. Quelques jours après le combat, il postait déjà des photos avec un cache-œil de pirate en disant qu’il était prêt pour Halloween. Classe.
Même maintenant, alors qu’il explique qu’il voit double et que la lumière lui fait mal, il garde un ton léger. « Je ne voulais pas que ça finisse comme ça, mais bon, au moins j’ai une bonne excuse pour porter des lunettes de soleil à l’intérieur. » Ce mec est en train de vivre un cauchemar médical et arrive encore à faire rire ses fans. Respect.
Et maintenant, on fait quoi ?
Pour l’instant, on attend. On attend que l’œil d’Aspinall guérisse complètement. Que les médecins donnent le feu vert. Que l’UFC prenne la bonne décision.
Ce qui est sûr, c’est que cette histoire nous rappelle une chose essentielle : derrière les KO spectaculaires et les soumissions fulgurantes, le MMA reste un sport dangereux. Un tout petit geste mal placé peut tout changer. Et parfois, le plus dur n’est pas de prendre un coup de poing, mais de vivre avec les séquelles d’un incident qui semblait anodin.
Prenez soin de vos yeux, les amis. Et croisons les doigts pour que Tom Aspinall revienne plus fort que jamais. Parce que franchement, cette division a besoin de lui.
(Article mis à jour le 30 novembre 2025 – plus de 3200 mots)
