Imaginez : dans six mois à peine, le plus grand spectacle footballistique de l’histoire doit démarrer. Quarante-huit équipes, cent quatre matchs, trois pays, des millions de supporters prêts à traverser la planète. Et là, paf, un seul homme menace de tout faire basculer. Pas un président de fédération, pas un cheikh qatari, non : le président des États-Unis en personne. Donald Trump, revenu à la Maison Blanche, semble avoir décidé que le Mondial 2026 serait aussi son terrain de jeu politique. Franchement, on n’avait pas vu venir un tel feuilleton.
Quand le football rencontre la realpolitik à l’américaine
Le football, censé être la fête universelle, se retrouve pris dans les filets d’une politique migratoire ultra-musclée et d’une guerre froide interne entre républicains et démocrates. Ce n’est plus seulement une question de pelouse ou de VAR : c’est devenu un enjeu de souveraineté, de sécurité nationale et même de revanche électorale. Et le pire ? Tout ça se joue maintenant, à quelques heures du tirage au sort qui doit avoir lieu à Washington.
Les visas, ce cauchemar qui n’en finit pas
On le savait : obtenir un visa américain, ce n’est déjà pas une partie de plaisir en temps normal. Mais depuis le retour de Trump, c’est devenu mission impossible pour certains. Après un incident sécuritaire grave à Washington, le couperet est tombé : suspension immédiate des visas pour les ressortissants de dix-neuf pays considérés à risque. Parmi eux, deux nations qualifiées pour le Mondial : Haïti et l’Iran.
Pour Haïti, déjà bouleversé par des années de crise, c’est un coup dur symbolique terrible. Pour l’Iran, c’est carrément explosif. Téhéran a d’abord menacé de boycotter purement et simplement le tirage au sort. Finalement, retournement de situation de dernière minute : la délégation iranienne sera bien présente. Mais à quel prix en coulisses ? Personne ne le dit officiellement, mais on imagine les appels téléphoniques tendus entre diplomates.
« Votre billet n’est pas un visa » – la phrase cinglante du secrétaire d’État Marco Rubio résume tout.
Trump a bien tenté d’apaiser les esprits en promettant un « pass FIFA » : les détenteurs de billets officiels seraient prioritaires pour un rendez-vous consulaire. Sympa sur le papier. Sauf que, comme l’a aussitôt précisé l’administration, les critères d’admission, eux, ne bougent pas d’un iota. En clair : on vous reçoit plus vite, mais on peut toujours vous refuser. Résultat ? Des milliers de supporters vivent dans l’angoisse, billets en main, sans savoir s’ils fouleront un jour le sol américain.
Sécurité renforcée ou intimidation politique ?
Autre sujet brûlant : la sécurité dans les villes hôtes. Sur les onze villes américaines retenues, plusieurs sont dirigées par des maires démocrates farouchement opposés à Trump. Los Angeles, San Francisco, Seattle… Des métropoles accusées – souvent sans preuves solides – de laisser filer criminalité et immigration illégale.
Et là, Trump sort l’artillerie lourde : il brandit la menace de retirer purement et simplement les matchs prévus dans ces villes si la sécurité n’est pas, selon ses critères, à la hauteur. Huit matchs à L.A., six à San Francisco, six à Seattle… Imaginez le chaos : hôtels réservés, vols achetés, packages vendus depuis des mois. Tout à refaire ?
- Réservations hôtelières déjà effectuées par centaines de milliers
- Billets d’avion non remboursables pour la plupart
- Contrats signés avec les villes hôtes depuis 2018
- Stades flambant neufs ou rénovés pour des milliards de dollars
Juridiquement, c’est très compliqué. Les contrats prévoient des clauses de sortie uniquement en cas de force majeure – guerre, catastrophe naturelle, émeutes majeures. Un désaccord politique ? Ça ne rentre pas dans la case. Mais avec Trump, on a appris que les règles peuvent parfois plier sous la pression.
Et puis il y a cette image qui glace le sang : des blindés légers de la Garde nationale déployés dans certains quartiers de Los Angeles, officiellement pour « rétablir l’ordre ». Les élus locaux hurlent à l’intimidation. Les supporters latino-américains, eux, se terrent. L’ambiance n’est vraiment pas à la fête.
Le Mexique et le Canada dans le collimateur
Le Mondial 2026 est historique aussi parce qu’il est le premier à être coorganisé par trois pays. L’idée était belle : unir l’Amérique du Nord autour du ballon rond. Sauf que Trump, lui, préfère diviser.
Avec le Canada ? Droits de douane punitifs, menaces à peine voilées d’annexion (oui, vous avez bien lu), et un ton général qui oscille entre mépris et provocation. Avec le Mexique ? C’est encore pire. Trump n’exclut pas des frappes militaires contre les cartels sur le sol mexicain. Autant dire que les réunions tripartites doivent être… animées.
Pourtant, le Mexique accueille quand même seize matchs, le Canada six. Sans une coordination parfaite, c’est la porte ouverte aux galères douanières, aux files d’attente interminables, voire à des incidents diplomatiques à chaque frontière traversée par les supporters.
La FIFA entre le marteau et l’enclume
De son côté, la FIFA marche sur des œufs. L’instance dirigeante a passé des années à négocier ce Mondial XXL. Des stades à 80 000 places, des budgets colossaux, des sponsors qui ont déjà versé des milliards. Tout peut-il vraiment s’effondrer à cause d’un seul homme ?
Officiellement, on serre les dents et on sourit. Le président de la FIFA sera bien présent au tirage au sort aux côtés de Trump – la photo va faire le tour du monde. Mais en privé, on imagine les nuits blanches. Car déplacer ne serait-ce que quelques matchs représenterait un casse-tête logistique monstrueux :
- Renégociation express avec d’autres stades
- Annulation et remboursement partiel de dizaines de milliers de billets
- Reconfiguration du calendrier déjà validé
- Nouvelle campagne de communication mondiale
Et tout ça à moins de six mois du coup d’envoi. Autant dire une mission quasi-impossible.
Et les supporters dans tout ça ?
Le vrai drame, c’est eux. Ceux qui économisent depuis des années pour vivre leur rêve. La famille argentine qui a tout prévu pour voir Messi (peut-être) une dernière fois. Le groupe d’amis marocains qui a réservé à Miami. L’Iranien qui voulait montrer à son fils le pays de ses héros de cinéma.
Aujourd’hui, beaucoup hésitent à annuler, perdant des milliers d’euros, ou à maintenir en priant pour que tout s’arrange. Sur les forums, c’est la panique douce. Les groupes WhatsApp de supporters ressemblent à des cellules de crise. Et pendant ce temps, les prix des assurances annulation flambent.
Un précédent qui fait peur
On a déjà vu des Coupes du monde perturbées par la politique – pensez au Mondial 1978 en Argentine sous la dictature. Mais jamais à ce point, dans un pays démocratique, et avec une telle personnalisation du conflit. Ce qui se passe aujourd’hui est inédit. Et franchement inquiétant.
Car au-delà du football, c’est toute l’image du sport roi qui risque d’en prendre un coup. Si des millions de supporters se retrouvent bloqués aux portes du rêve américain, le message sera terrible : même le football, censé réunir les peuples, plie sous les intérêts nationaux et les règlements de comptes politiques.
Et maintenant ?
Le tirage au sort de ce soir va être scruté comme jamais. Chaque mot, chaque poignée de main, chaque regard entre Trump et les dirigeants du football mondial sera décrypté. Va-t-on assister à un show à l’américaine, avec feux d’artifice et réconciliation sur scène ? Ou à une soirée glaciale qui annoncerait six mois de tensions ?
Une chose est sûre : le Mondial 2026 ne ressemblera à aucun autre. Pas seulement à cause de son format géant. Mais parce qu’il portera, peut-être pour la première fois aussi visiblement, les stigmates d’une époque où le sport n’échappe plus à la grande politique. Reste à savoir si ça le rendra plus fort… ou si ça le brisera.
En attendant, on croise les doigts. Très fort.
