Il est 23 heures à Washington, et pendant que la plupart des Américains dorment, le président des États-Unis, lui, ne dort pas. Mieux : il écrit. À une cadence hallucinante. Cent cinquante messages en quelques heures, parfois deux par minute. Des compliments à sa femme, des vidéos de Noël, des théories farfelues et surtout des attaques tous azimuts contre ses adversaires politiques. Cette nuit-là, Donald Trump a transformé son compte sur les réseaux en véritable mitrailleuse.
On pourrait presque en rire si le personnage n’était pas le chef de l’exécutif le plus puissant du monde. Mais là, franchement, ça pose question. Est-ce simplement l’énergie débordante d’un homme de 79 ans qui refuse de lâcher prise ? Ou le signe d’autre chose, quelque chose de plus inquiétant ?
Une nuit qui a fait trembler Washington
Tout commence en fin d’après-midi. Les premiers posts tombent comme une averse. Rien d’anormal jusque-là, Trump a toujours aimé communiquer directement avec sa base. Mais très vite, le rythme s’accélère. Entre 19 heures et minuit, c’est l’avalanche : reposts de comptes peu connus, vidéos montées, phrases en majuscules, points d’exclamation à foison.
À 23 heures, ça devient carrément dingue. Presque cent messages en une seule heure. Imaginez : vous êtes au lit, vous jetez un œil distrait sur votre téléphone et vous voyez le président des États-Unis poster comme un adolescent en crise. Sauf qu’il n’est pas un adolescent. Il dirige la première puissance mondiale.
« TRUTH SOCIAL EST LE MEILLEUR ! Il n’y a rien de comparable !!! »
Donald Trump, 5h48 du matin, quelques heures seulement après la fin de sa crise de posts
Et comme si ça ne suffisait pas, il revient à l’aube avec ce message triomphant. On dirait presque un défi lancé au monde entier : regardez-moi, je ne dors jamais, je suis plus fort que vous tous.
Des cibles habituelles, mais une violence nouvelle
Dans le lot, on retrouve les classiques. Nancy Pelosi en prend pour son grade, accusée sans preuve d’avoir orchestré des choses graves lors des événements du Capitole. Gavin Newsom, le gouverneur californien, est moqué. Joe Biden traité de tous les noms. Kamala Harris ridiculisée avec des montages vidéo.
Mais cette fois, Trump s’en prend aussi à des militaires décorés. Le sénateur Mark Kelly, ancien astronaute et pilote de combat, et plusieurs vétérans démocrates avaient publié une vidéo rappelant aux soldats qu’ils devaient refuser les ordres manifestement illégaux. Une position classique dans l’armée américaine, enseignée à West Point depuis toujours.
Trump, lui, y voit une « incitation à la désobéissance ». Il les traite de « politiciens antipatriotiques ». Le ton est glacial.
« Le président peut poster autant qu’il veut, mais il ne me menacera jamais ni ne m’intimidera. Mon serment est envers la Constitution, pas envers Donald Trump. »
Jason Crow, représentant du Colorado et ancien Army Ranger
La réponse de Jason Crow claque comme un uppercut. Et elle n’est pas isolée. Plusieurs vétérans démocrates montent au créneau. L’affaire prend une tournure grave : on parle désormais d’obéissance militaire et de chaîne de commandement.
Le « déclin mental », nouvelle arme démocrate
De l’autre côté de l’échiquier, on ne rit plus du tout. Les démocrates ressortent l’argument qui avait servi contre Biden en 2024 : le déclin cognitif. Sauf que cette fois, c’est eux qui l’utilisent.
Un jeune influenceur démocrate très suivi résume l’ambiance :
« Si un de vos proches postait 150 fois en pleine nuit à cette vitesse, vous appelleriez un médecin. »
Le mot est lâché. Et il fait mouche. Dans les rédactions, dans les groupes WhatsApp des conseillers démocrates, on se passe les captures d’écran. Certains parlent déjà d’« épisode maniaque ». D’autres, plus prudents, évoquent simplement une « perte de contrôle ».
Ce qui est sûr, c’est que cette nuit a marqué un tournant. Avant, on parlait de Trump comme d’un bulldozer politique. Désormais, certains commencent à le voir comme un homme qui perd pied.
Et si c’était calculé ?
Mais attendons une seconde. Et si tout ça était volontaire ?
Trump a toujours fonctionné comme ça : plus on le critique, plus il en rajoute. Plus on parle de son âge ou de sa santé, plus il veut prouver qu’il est en pleine forme. Poster à 3 heures du matin, c’est aussi une façon de dire : « Regardez, je bosse pendant que vous dormez.
Et ça marche. Chez ses soutiens, cette nuit folle est vue comme la preuve d’une énergie surhumaine. Un représentant républicain de Floride va jusqu’à dire qu’il est « le plus grand président de tous les temps ». Les commentaires sous ses posts débordent d’admiration.
- Pour les uns → Preuve d’un président hyperactif qui ne lâche rien
- Pour les autres → Signe inquiétant d’un homme qui ne dort plus et perd le contrôle
La vérité, comme souvent avec Trump, est probablement entre les deux. Un mélange d’énergie réelle, de provocation calculée et, peut-être, d’une pointe d’épuisement qu’il refuse d’admettre.
Noël à la Maison Blanche… et un peu de nostalgie
Au milieu de cette tempête, il y a aussi des moments étrangement doux. Trump reposte une vidéo où on le voit avec Melania devant les sapins de la Maison Blanche. Une autre où il apparaît dans Maman, j’ai encore raté l’avion (le 2). Il écrit : « Noël est officiellement génial à nouveau ! »
C’est presque touchant. On sent l’homme qui savoure son retour au pouvoir, qui veut effacer les années Biden comme on efface une tache. Même ses détracteurs reconnaissent que ces images-là font mouche auprès de l’électorat conservateur.
Melania, d’ailleurs, sort grandie de cette nuit. Trump la couvre de compliments, chose rare. On dirait qu’il veut montrer au monde qu’il a une famille unie, stable, en contraste avec les rumeurs qui courent parfois.
Et maintenant ?
La question que tout le monde se pose à Washington ce matin : est-ce que cette nuit va rester un épisode isolé, ou le début d’autre chose ?
Certains conseillers républicains commencent à s’inquiéter en privé. Pas forcément sur la santé du président, mais sur l’image que ça renvoie. Un président qui ne dort pas, qui poste à 4 heures du matin, ça peut impressionner sa base… mais ça peut aussi effrayer le reste du pays.
Les démocrates, eux, ont déjà leur stratégie : faire de chaque excès une preuve de plus que Trump n’est plus apte. Ils savent que l’argument de l’âge a marché contre Biden. Ils veulent le retourner contre son successeur.
Quant à Trump ? Il continuera probablement exactement comme avant. Parce que c’est ce qu’il a toujours fait. Parce que reconnaître une faiblesse, même minime, n’a jamais fait partie de son ADN.
Mais une chose est sûre : cette nuit du 1er décembre 2025 entrera dans les annales. Pas forcément pour ce qui a été dit, mais pour ce qu’elle révèle d’un homme, d’un pays, et d’une époque où le président communique plus avec son téléphone qu’avec son gouvernement.
Et nous, simples observateurs, on reste là, un peu sonnés, à se demander jusqu’où tout ça va aller.
Parce qu’au fond, ce n’est pas seulement l’histoire d’un président qui n’a pas dormi. C’est l’histoire d’un pays qui ne dort plus non plus.
