Imaginez-vous à Washington, un soir de novembre. Une fusillade éclate près d’un monument emblématique, un militaire de la Garde nationale perd la vie, un autre est grièvement blessé. L’auteur ? Un ressortissant afghan. Quelques jours plus tard, la réponse tombe, brutale et sans appel : suspension totale des demandes d’immigration en provenance de 19 pays jugés à haut risque. C’est la décision choc de l’administration Trump, prise début décembre 2025, et elle marque un tournant radical dans la politique migratoire américaine.
Je ne vais pas vous mentir : quand j’ai vu l’annonce, j’ai eu ce petit frisson qu’on ressent quand on comprend que les choses viennent de basculer. On passe d’une restriction déjà sévère à un véritable verrouillage. Et cette fois, ce n’est plus seulement l’entrée sur le territoire qui est bloquée, mais carrément les demandes de cartes vertes et de naturalisation. Autrement dit, même ceux qui attendaient sagement leur tour depuis des années se retrouvent gelés. Indéfiniment ? Probablement.
Un durcissement sans précédent de la politique migratoire
Reprenons depuis le début, calmement. L’histoire commence en réalité bien avant cette fusillade. Dès juin 2025, Donald Trump avait déjà imposé une interdiction d’entrée sur le sol américain pour les ressortissants de douze pays considérés comme particulièrement dangereux ou instables. À l’époque, c’était déjà du jamais-vu depuis le fameux « Muslim Ban » du premier mandat.
Mais là, on monte d’un cran. Sept pays supplémentaires viennent d’être ajoutés à la liste noire, et les restrictions ne concernent plus seulement les visas de tourisme ou d’études. Désormais, tout est bloqué : immigration familiale, professionnelle, humanitaire, demandes d’asile en cours de traitement… Tout.
Les 19 pays concernés : la liste complète
Voici la liste qui fait actuellement trembler des centaines de milliers de personnes à travers le monde :
- Afghanistan
- Birmanie (Myanmar)
- Tchad
- République du Congo
- Guinée équatoriale
- Érythrée
- Haïti
- Iran
- Libye
- Somalie
- Soudan
- Yémen
- Burundi (nouveau)
- Cuba (nouveau)
- Laos (nouveau)
- Sierra Leone (nouveau)
- Togo (nouveau)
- Turkménistan (nouveau)
- Venezuela (nouveau)
Quand on regarde cette liste, on comprend vite le fil conducteur : des États en guerre, en crise humanitaire profonde, ou sous régime autoritaire. Mais on y trouve aussi des surprises, comme le Togo ou le Laos, qui ne font pas souvent la une pour des questions de terrorisme.
Pourquoi ces sept nouveaux pays ?
Officiellement, l’administration justifie ces ajouts par un « risque élevé » lié à la criminalité, au terrorisme potentiel ou à l’incapacité de ces États à fournir des informations fiables sur leurs ressortissants. En clair : Washington estime ne pas pouvoir faire confiance aux documents d’identité ou aux casiers judiciaires délivrés par ces pays.
Mais entre nous, on sent aussi une dimension politique évidente. Cuba et Venezuela ? Deux régimes que l’administration Trump exècre depuis toujours. Le Togo ? Un pays francophone d’Afrique de l’Ouest qui n’avait jamais été dans le viseur. Le message est clair : on élargit le filet, et tant pis si ça touche des populations déjà fragilisées.
« Nous ne voulons pas d’eux, pas d’un seul d’entre eux. »
La ministre de la Sécurité intérieure, sur un ton qui ne laisse place à aucune nuance
Cette phrase, lâchée sur les réseaux sociaux, résume assez bien l’état d’esprit actuel au sommet de l’État. On est loin de la rhétorique nuancée ou compassionnelle. On tape fort, on tape vite, et on assume.
L’attaque de Washington : le déclencheur émotionnel
Revenons à cet événement du 26 novembre. Un homme d’origine afghane ouvre le feu près du Capitole. Bilan : une militaire tuée, une autre entre la vie et la mort. Rapidement, les médias conservateurs s’emparent de l’affaire et en font le symbole d’une immigration « hors contrôle ».
Et là, quelque chose se passe que j’observe depuis des années en politique américaine : quand un drame touche un militaire ou un symbole national, la réponse est toujours disproportionnée. C’est humain. C’est aussi une aubaine pour ceux qui veulent durcir la ligne.
Moins d’une semaine plus tard, le gel des demandes d’asile est annoncé. Puis vient cette suspension massive pour 19 pays. Le timing ne doit rien au hasard.
Ce que ça change concrètement pour des milliers de familles
Derrière les grands titres, il y a des vies brisées. Prenons quelques exemples concrets :
- Une famille haïtienne qui attendait depuis 7 ans la réunification avec un frère installé légalement aux États-Unis → dossier gelé.
- Un ingénieur iranien recruté par une entreprise de la Silicon Valley, visa H-1B approuvé → bloqué au dernier moment.
- Une opposante vénézuélienne menacée de mort dans son pays, demande d’asile en cours depuis 3 ans → plus aucune nouvelle.
- Un étudiant somalien brillant accepté à Harvard avec une bourse complète → rêve américain reporté sine die.
Et je ne parle même pas des milliers de « Dreamers » d’origine congolaise ou érythréenne qui espéraient régulariser leur situation. Tout est suspendu. Le silence administratif devient assourdissant.
Une mesure légale… mais contestée
Sur le plan juridique, l’administration s’appuie sur une section du code de l’immigration qui permet au président de suspendre l’entrée de catégories entières d’étrangers si cela est jugé « préjudiciable aux intérêts des États-Unis ». C’est vaste. Très vaste.
Mais déjà, les grandes associations de défense des droits civiques préparent leurs recours. Elles vont arguer de la discrimination, du caractère arbitraire de certains pays choisis, et surtout de l’effet rétroactif sur des demandes déjà déposées. On s’attend à une bataille juridique longue et acharnée.
Ce qui est intéressant, c’est que même certains républicains modérés commencent à grincer des dents. Bloquer des ingénieurs, des médecins, des talents dont l’économie américaine a besoin ? Est-ce vraiment la meilleure stratégie à long terme ?
Et maintenant ? Vers une fermeture totale ?
La grande question que tout le monde se pose : est-ce un coup de colère passager ou le début d’une fermeture beaucoup plus large ?
Quand on écoute les déclarations les plus radicales au sein de l’administration, on sent que certains rêvent d’aller beaucoup plus loin. On parle déjà d’une possible extension à d’autres pays d’Amérique latine, d’Afrique subsaharienne, voire à certaines nationalités asiatiques.
Et puis il y a cette phrase, presque passée inaperçue, glissée dans le mémorandum : la suspension est décrite comme « temporaire en attendant la mise en place de nouveaux protocoles de vérification renforcés ». Traduction : ça peut durer des mois, voire des années.
Ce qui est sûr, c’est que l’Amérique de 2025 n’est plus tout à fait celle qu’on connaissait. Le rêve américain, pour des millions de personnes issues de ces 19 pays, vient de prendre un sérieux coup dans l’aile. Certains diront qu’il s’agit de protéger les citoyens américains. D’autres y verront une forme de repli identitaire.
Une chose est certaine : on est entrés dans une nouvelle ère de la politique migratoire américaine. Plus dure, plus clivante, et probablement plus durable qu’on ne l’imagine. Et quelque part, ça laisse un goût amer. Parce que derrière chaque statistique, chaque mesure « de sécurité », il y a des destins humains qui se jouent.
À suivre, évidemment. Très attentivement.
