Imaginez la scène : vous posez le pied à Pretoria, 1 350 mètres d’altitude, chaleur écrasante, un panneau qui vous nargue à l’entrée du tunnel avec un sympathique « Ça compte ». Et derrière, 50 000 supporters prêts à transformer le Loftus Versfeld en chaudron. Franchement, combien d’équipes françaises seraient venues chercher cinq points là-bas ? Très peu. L’UBB, elle, l’a fait. Et plutôt deux fois qu’une.
Un départ canon qui donne le ton
Dès le coup d’envoi, on a senti que quelque chose de spécial se préparait. Les Bordelais récupèrent le ballon et, au lieu de balancer un petit par-dessus tranquille, ils décident d’envoyer du lourd. 56 secondes de jeu à la main, franchissements, passes après contact, jusqu’à une pénalité rapidement jouée et un essai de Damian Penaud dès la 4e minute. Le message est clair : on n’est pas venus pour gérer, on est venus pour gagner.
Ce n’était pas seulement un essai d’entrée. C’est une déclaration d’intention. Matthieu Jalibert, intenable tout le match, l’expliquera après-coup :
« On voulait frapper les premiers. On sait que c’est une équipe très lourde, très dense physiquement. On voulait les asphyxier et ne pas attendre qu’ils imposent leur rythme. »
Et le plan a fonctionné à merveille. Parce que derrière cette action éclair, il y a surtout le retour des cadres. Pour la première fois depuis le début de saison, l’UBB alignait enfin son quinze champion d’Europe du printemps dernier. Lucu, Moefana, Buros, tous étaient là. Et ça change tout.
Jalibert en mode patron
Parlons-en de Matthieu Jalibert. Le mec a tout simplement livré un récital. Direction, animation, coups de pied, défense, et même un essai personnel à la 69e pour sceller la victoire. On l’a vu partout, toujours juste, toujours dangereux. Quand il accélère, les lignes bougent. Quand il fixe, ça crée des brèches. Les Bulls n’ont jamais trouvé la solution.
Ce qui frappe, c’est sa maturité. À 26 ans, il semble avoir passé un cap mental. Plus de précipitation, plus de déchet inutile. Juste du rugby de très haut niveau. Si l’équipe de France cherche un patron au poste de 10, elle sait où regarder.
Un pack qui a tenu la route… et plus encore
On a beaucoup parlé de l’attaque bordelaise (à juste titre), mais le vrai tournant du match s’est joué devant. À l’heure de jeu, les Bulls mènent 34-33 et obtiennent une mêlée à 5 mètres de l’en-but girondin. Sur le banc sud-africain, on fait entrer les finisseurs : Grobbelaar, Steenekamp, Louw… des champions du monde, rien que ça.
Autant vous dire que tout le monde a retenu son souffle. Et là, huit secondes. Huit longues secondes où la mêlée bordelaise ne bouge pas d’un millimètre. Huit secondes où Perchaud, Tameifuna et Barlot repoussent les monstres d’en face. Huit secondes qui changent tout.
« Cette mêlée à 5 mètres, elle nous fait pratiquement gagner le match »
– Jean-Baptiste Poux, entraîneur de la mêlée
Derrière cette action, l’UBB reprend le ballon, dégage, et repart à l’attaque. Cinq minutes plus tard, Jalibert aplatit. Le break est fait. Le bonus offensif tombera dans la foulée. Tout est parti de ces huit secondes de résistance héroïque.
Une seconde période à sens unique
Ce qui impressionne le plus, c’est la gestion. Menés à la pause, jamais les Bordelais n’ont paniqué. Ils savaient que les Bulls finiraient par craquer physiquement dès lors qu’ils parviendraient à enchaîner les temps de jeu. Et c’est exactement ce qui s’est passé.
Entre la 50e et la 80e, l’UBB a tout simplement marché sur son adversaire. Vitesse, soutien, offloads, précision : tout y était. Les Sud-Africains couraient après le ballon sans jamais le revoir. Le score final (on ne va pas se mentir) ne reflète même pas la domination bordelaise en fin de match.
Ce que ça dit pour la suite
Cette victoire, c’est plus qu’un simple succès bonifié à l’extérieur. C’est une prise de pouvoir. Dans une poule où tout le monde s’attendait à voir les franchises sud-africaines dominer, l’UBB vient de poser sa patte. Et de rappeler qu’une équipe championne en titre ne lâche pas son bien si facilement.
Avec ce départ parfait, Bordeaux envoie un message clair aux autres gros : Leinster, Toulouse, La Rochelle… on est là, et on a faim. Vraiment faim.
- 5 points pris à l’extérieur contre une franchise sud-africaine
- Retour des cadres et cohésion retrouvée
- Jalibert au sommet de son art
- Un pack capable de tenir tête aux meilleurs
- Bonus offensif arraché avec le caractère
Franchement, si on m’avait dit en début de saison que l’UBB irait chercher le bonus à Pretoria, j’aurais signé direct. Là, ils l’ont fait. Et avec la manière.
Prochain rendez-vous dans quinze jours. Mais quelque chose me dit que cette équipe-là n’a pas fini de nous faire vibrer cette saison. Quand tu démarres la défense de ton titre comme ça, tu peux aller très loin. Très très loin.
Et vous, vous en pensez quoi ? L’UBB peut-elle conserver son titre ? Jalibert a-t-il définitivement pris une autre dimension ? Laissez-moi votre avis en commentaire, on en discute avec plaisir.
