Vous vous souvenez de ce sentiment quand tout s’effondre ? Ce vide bizarre qui reste quand un club historique disparaît. À Tours, on a vécu ça il y a tout juste un an. Un 32e de finale de Coupe de France annulé à quelques heures du coup d’envoi, des supporters devant des grilles fermées, et puis plus rien. Le Tours FC n’existait plus. Rideau.
Mais le football, c’est têtu. Il revient toujours. Et là, dans l’ancienne enceinte de la Vallée du Cher, quelque chose est en train de renaître. Pas une simple résurrection, non. Une vraie union. Un club qui porte bien son nom : l’Union Foot Touraine. Et ce dimanche après-midi, ils reçoivent Troyes, leader de Ligue 2, pour le 8e tour de la Coupe de France. Autant vous dire que la ville retient son souffle.
De la descente aux enfers à l’espoir retrouvé
Reprenons depuis le début, parce que l’histoire mérite d’être racontée correctement. Le Tours FC, c’était quand même un club qui a connu la Ligue 1 (oui, oui, en 1980-81 déjà, mais surtout dans les années 2000 avec des joueurs comme Olivier Giroud ou Laurent Koscielny en jeunes). Une institution en Indre-et-Loire. Et puis, lentement, tout a basculé.
Descentes successives, problèmes financiers, salaires impayés, ambiance délétère… Jusqu’à ce fameux mois de décembre 2024 où le match contre Lorient est annulé pour « défaut d’organisation ». Le symbole parfait d’un club à l’agonie. Quelques mois plus tard, liquidation judiciaire. Fin de l’histoire ? Non. Début d’une autre.
« Que tu aimes le Tours FC ou pas, voir des gamins et des familles devant un stade fermé à trois heures du match, c’est juste triste pour le territoire. »
Basile Riboud, vice-président de l’UFT
Basile Riboud, petit-fils du fondateur de Danone et figure locale, n’a pas voulu laisser le football tourangeau mourir. Avec d’autres passionnés, il a mis sur pied un projet ambitieux : fusionner ce qui restait du Tours FC, du Joué-lès-Tours FC et surtout s’appuyer sur la solide structure du FC Ouest Tourangeau (déjà en National 3). Résultat ? Près de 900 licenciés, une équipe fanion 2e de son groupe de N3, et un vrai projet de club sain.
Un stade qui garde les traces du passé
Quand tu pousses la porte de la Vallée du Cher aujourd’hui, tu sens encore l’ancien Tours FC partout. La peinture ciel et noir un peu défraîchie sur les murs, les anciennes inscriptions, les souvenirs. Mais petit à petit, les nouvelles couleurs s’installent : bleu, jaune, blanc. Et surtout ce slogan peint en grand : « Tous unis. » Ça claque.
Le stade n’a pas changé de place, mais l’ambiance, si. Le 1er novembre dernier, l’UFT y disputait son premier match officiel à domicile (victoire 2-0 contre Les Sables-d’Olonne). Quelques milliers de curieux étaient là. Ce dimanche, on attend beaucoup plus de monde.
Olivier Pickeu, l’homme qui connaît la maison
Parmi les têtes pensantes du projet, il y a un nom qui fait tilt chez tous les amateurs de foot français : Olivier Pickeu. L’ancien directeur sportif d’Angers (celui qui a construit l’équipe qui a tenu tête au PSG pendant des années) et ex-président de Caen. À 55 ans, il a accepté le rôle de manager général.
Et il n’est pas tombé là par hasard. Pickeu a joué à Tours en 1990-1991 en D2, et il garde un souvenir précis : un retourné acrobatique contre Toulouse en Coupe de France. Il connaît la ferveur du public tourangeau. Il sait ce que ce stade peut donner quand il est plein.
« Ce n’est pas seulement la division qui m’intéresse, c’est le projet. Tours, c’est un environnement très favorable au football. Un projet à moyen/long terme avec des gens de qualité. J’ai dit banco. »
Olivier Pickeu
Troyes, un adversaire qui fait rêver… et peur
Sur le papier, c’est David contre Goliath version 2025. Troyes caracole en tête de Ligue 2, avec un effectif taillé pour la montée. L’UFT est en National 3, 5e division. Mais voilà, c’est exactement ça, la Coupe de France. L’endroit où les logiques se renversent parfois.
Les joueurs de l’Union Foot Touraine le savent. Ils se préparent depuis des semaines. L’entraîneur, Michel Pottier, répète que « l’exploit est possible si on met les ingrédients ». Ambiance vestiaire bouillante, supporters qui commencent à rêver tout haut sur les réseaux.
- Un stade qui peut accueillir 16 000 personnes (même si on sera loin du compte)
- Une pelouse refaite à neuf cet été
- Une billetterie qui tourne à plein régime
- Des anciens du Tours FC qui reviennent voir « leur » stade revivre
Pourquoi ce match peut être le match de la renaissance
Je vais être honnête : je ne donne pas cher de la peau de l’UFT sur le terrain. Troyes est trop fort, trop structuré, trop expérimenté. Mais ce n’est pas le plus important.
Ce qui compte, c’est ce qui se passe autour. Voir des gamins avec le nouveau maillot bleu ciel dans les rues de Tours. Entendre des discussions animées dans les cafés : « Tu vas au match dimanche ? » Sentir que le foot local reprend des couleurs. C’est ça, la vraie victoire.
Si par miracle (et le football en est rempli), l’Union Foot Touraine passe, ce sera l’exploit dont on parlera toute la France. Et même en cas de défaite honorable, ce match aura rempli sa mission : redonner envie aux Tourangeaux de pousser la porte d’un stade.
Et après ? Un projet qui ne s’arrête pas à dimanche
L’UFT ne se fixe pas d’objectif chiffré de montée immédiate. On parle de club sain, de formation, de structuration. Basile Riboud le répète : « Chaque chose en son temps. » Mais on sent quand même une ambition cachée. Avec Pickeu aux manettes et une base de près de 900 licenciés, le potentiel est là.
Dans Dans cinq ans, revoir un club tourangeau en National ? Dans dix ans, pourquoi pas rêver plus haut ? L’important, c’est que le football revive. Et qu’on n’ait plus jamais à vivre l’humiliation d’un match annulé à la dernière minute.
Dimanche à 16 heures, la Vallée du Cher va vibrer à nouveau. Peut-être pas comme à la grande époque des réceptions du PSG ou de Lyon. Mais avec une émotion différente. Celle du renouveau. Celle des secondes chances.
Parce qu’en fin de compte, le football, ce n’est pas seulement des millions ou des stars. C’est aussi ça : un territoire qui se retrouve le sourire autour d’un ballon. Et ça, ça n’a pas de prix.
Allez l’UFT. Faites-nous rêver, même juste un peu.
