Quand on pense au football, on imagine souvent des stades bondés, des stars comme Kylian Mbappé, ou des matchs à couper le souffle. Mais il existe une autre facette du foot, plus discrète, plus humaine, qui raconte des histoires de courage et de résilience. À l’Unity Euro Cup, un tournoi organisé par l’UEFA, une équipe de France pas comme les autres entre en scène : celle des réfugiés. Ces joueurs, venus d’Afghanistan, d’Éthiopie, du Soudan ou encore de Somalie, portent le maillot tricolore avec une fierté qui transcende les frontières. Leurs parcours, marqués par l’exil, la guerre, ou la persécution, font de ce tournoi bien plus qu’une simple compétition. Alors, qui sont ces héros méconnus du ballon rond ?
L’Unity Euro Cup : Un Tournoi Qui Repousse Les Frontières
Chaque année, l’Unity Euro Cup réunit des équipes de réfugiés à travers l’Europe pour un tournoi de football à 7. Créé en 2022 par l’UEFA et le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR), cet événement n’est pas seulement une célébration du sport, mais un symbole d’inclusion et d’espoir. Dix-huit équipes, un record pour l’édition 2025, s’affrontent cette semaine à Zeist, aux Pays-Bas. La France, représentée par une équipe mixte de sept hommes et quatre femmes, vise à briller, après une belle quatrième place en 2022. Mais au-delà des résultats, ce tournoi met en lumière des parcours de vie extraordinaires.
Le sport, et le football en particulier, est un langage universel qui unit les gens, peu importe d’où ils viennent.
– Un responsable du projet d’intégration par le sport
J’ai toujours trouvé fascinant comment un simple ballon peut devenir un outil de reconstruction. Pour ces joueurs, le foot n’est pas juste un jeu : c’est une bouée de sauvetage, une façon de retrouver un sens à leur vie après des épreuves inimaginables. Alors, partons à la rencontre de trois d’entre eux, dont les histoires incarnent l’esprit de ce tournoi.
Ammar, Le Coach Rescapé Des Bombes
Imaginez jouer au foot dans votre village, entendre le sifflement d’un avion militaire, puis voir votre monde s’effondrer. C’est l’histoire d’Ammar, 31 ans, originaire du Soudan. Arrivé en France en 2019, cet homme discret aux longues tresses est aujourd’hui le coach de l’équipe française à l’Unity Euro Cup. Son parcours est digne d’un roman. Lors d’un bombardement, il perd son père. Sa maison est attaquée, sa famille se disperse. Forcé de fuir, il traverse la Libye, où il découvre des conditions encore plus dures, avant d’embarquer sur un bateau de fortune en Méditerranée.
Sur les 140 personnes à bord, seules 48 survivent. « C’était comme si le destin jouait aux dés avec nos vies », confie-t-il. Sauvé en mer, Ammar atterrit dans un camp en Italie, puis à Paris, où il trouve enfin un refuge. Devenu éducateur sportif, il utilise le football pour transmettre des valeurs d’espoir et de persévérance. Pour lui, entraîner l’équipe de France des réfugiés est une façon de rendre à ce pays ce qu’il lui a offert : une seconde chance.
La France m’a donné plus que mon pays natal. Je veux montrer que les réfugiés peuvent apporter quelque chose de beau.
– Ammar, coach de l’équipe
Ce qui m’a marqué dans son histoire, c’est cette capacité à transformer la douleur en énergie positive. Ammar ne se contente pas de survivre : il inspire. Son rôle de coach, c’est un symbole fort, comme une passe décisive pour toute une équipe en quête de reconnaissance.
Shabnam, La Combattante Féministe
Shabnam, 24 ans, est une force de la nature. Venue d’Afghanistan, elle a fui son pays en 2021 après le retour des talibans au pouvoir. À l’époque, elle était joueuse professionnelle de football, mais aussi une militante féministe, ce qui faisait d’elle une cible. Une explosion à l’aéroport de Kaboul retarde son départ, l’obligeant à un périple à travers le Pakistan, le Qatar, l’Italie et le Luxembourg avant d’arriver en France. « J’ai choisi ce pays pour son engagement envers les droits des femmes », explique-t-elle avec conviction.
Aujourd’hui, Shabnam travaille pour une association qui aide les personnes déplacées à s’intégrer, avec un accent particulier sur les femmes. Elle a appris le français grâce au sport, un outil qu’elle considère comme essentiel pour surmonter les traumatismes. « Le foot, c’est ma paix intérieure », dit-elle. Récemment récompensée pour son engagement dans l’inclusion par le sport, elle prouve que les opportunités existent, à condition de les saisir.
- Engagement : Shabnam milite pour l’égalité des genres à travers le sport.
- Résilience : Elle a surmonté un exil périlleux pour reconstruire sa vie.
- Inspiration : Son parcours motive d’autres réfugiés à s’intégrer.
Ce qui me touche chez Shabnam, c’est son courage. Elle ne se contente pas de jouer : elle change les règles du jeu pour celles et ceux qui viennent après elle. N’est-ce pas ça, l’essence du sport ?
Wubanch, L’Amour Et Le Foot Comme Moteurs
Wubanch, 28 ans, est une Éthiopienne au sourire communicatif. Ancienne professeure des écoles à Addis-Abeba, elle a tout quitté par amour pour un photographe breton rencontré en 2019. Mais la guerre en Éthiopie l’a empêchée de retourner dans son pays. « J’étais indépendante, heureuse, et le foot était ma passion », raconte-t-elle avec une pointe de nostalgie. En France, elle a trouvé une nouvelle famille dans le football, jouant deux saisons au Red Star avant de devenir éducatrice pour enfants.
Meilleure joueuse de la Coupe de Paris l’an dernier avec son club, Wubanch rêve de revenir au football à 11. En attendant, elle s’engage auprès des réfugiés, organisant des activités pour les jeunes. « Le sport m’a donné une place, une voix », dit-elle. Son histoire, c’est celle d’une femme qui a transformé un déracinement en nouvelle racine, avec le ballon comme boussole.
| Nom | Pays d’origine | Rôle | Contribution |
| Ammar | Soudan | Coach | Éducateur sportif, inspire par son vécu |
| Shabnam | Afghanistan | Joueuse | Militante pour l’inclusion des femmes |
| Wubanch | Éthiopie | Joueuse | Éducatrice, modèle pour les jeunes |
En écoutant Wubanch, je me dis que le foot a ce pouvoir unique de créer des ponts entre les cultures. Son parcours montre que l’amour – pour une personne ou pour un sport – peut tout changer.
Le Football, Un Outil D’Intégration Puissant
Le football n’est pas seulement un sport : c’est un vecteur d’intégration sociale. Pour les réfugiés, il offre un espace où les barrières linguistiques et culturelles s’effacent. Selon des experts en inclusion, le sport permet de réduire les traumatismes, de renforcer la confiance en soi et de créer des liens avec la communauté d’accueil. L’Unity Euro Cup en est la preuve vivante, avec des équipes comme la Lettonie, tenante du titre, ou la Finlande, qui brillent par leur diversité.
En France, des associations partenaires de la Fédération Française de Football (FFF) jouent un rôle clé. Elles organisent des entraînements, des tournois, et des programmes pour accompagner les réfugiés. Le résultat ? Des joueurs qui, comme Ammar, Shabnam ou Wubanch, trouvent dans le foot un moyen de se reconstruire et de s’exprimer.
Le foot, c’est plus qu’un jeu : c’est une façon de se sentir chez soi, même à des milliers de kilomètres de son pays.
– Un acteur associatif impliqué dans l’intégration
Ce qui m’impressionne, c’est la simplicité avec laquelle le football opère cette magie. Un ballon, un terrain, et voilà que des vies brisées retrouvent un sens. N’est-ce pas là la vraie victoire ?
Pourquoi Ce Tournoi Compte
L’Unity Euro Cup n’est pas seulement une compétition sportive : c’est un message. Dans un monde où les crises migratoires font les gros titres, ce tournoi rappelle que les réfugiés ont des talents, des rêves, et une énergie à partager. Chaque passe, chaque but, chaque sourire sur le terrain est une réponse aux préjugés. En 2025, avec 18 équipes participantes, l’événement prend une ampleur inédite, prouvant que le sport peut changer les mentalités.
Pour la France, c’est aussi une occasion de montrer son engagement en faveur de l’inclusion. Les joueurs, soutenus par la FFF, portent fièrement le maillot bleu, même sans la nationalité. Leur ambition ? Faire mieux qu’en 2022, où ils ont frôlé le podium. Mais au fond, le vrai trophée, c’est l’espoir qu’ils incarnent.
- Visibilité : Le tournoi met en lumière les talents des réfugiés.
- Unité : Il favorise les échanges entre cultures et communautés.
- Espoir : Il offre une plateforme pour des histoires de résilience.
En tant que passionné de sport, je trouve que ce genre d’initiative redonne ses lettres de noblesse au football. Dans un monde parfois divisé, voir ces joueurs unis sous un même maillot, c’est une bouffée d’oxygène.
Et Après ? Les Défis De L’Intégration
Si l’Unity Euro Cup est une belle vitrine, l’intégration des réfugiés ne s’arrête pas à la fin du match. Trouver un emploi, apprendre la langue, ou simplement se sentir chez soi reste un défi pour beaucoup. Le football peut ouvrir des portes, mais il faut des politiques et des initiatives durables pour accompagner ces parcours. Des associations travaillent sans relâche, mais les besoins sont immenses.
Pour Ammar, Shabnam et Wubanch, le tournoi est une étape, pas une fin. Leur engagement – que ce soit en tant que coach, militante ou éducatrice – montre qu’ils veulent contribuer à leur nouvelle société. Mais pour que leurs histoires inspirent au-delà du terrain, il faut un effort collectif. Peut-être que le foot, avec sa popularité, peut pousser les décideurs à agir davantage.
Ce qui me frappe, c’est l’énergie de ces joueurs. Ils ne demandent pas la charité : ils veulent juste une chance de prouver leur valeur. Et si le football peut leur offrir cette tribune, pourquoi ne pas en faire un modèle pour d’autres secteurs ?
Un Message Universel
L’Unity Euro Cup nous rappelle une vérité simple : le sport transcende les frontières. À Zeist, cette semaine, des joueurs venus du monde entier vont montrer que, malgré les épreuves, l’espoir est toujours là. Ammar, Shabnam, Wubanch et leurs coéquipiers ne jouent pas seulement pour un trophée : ils jouent pour une cause, pour une identité, pour une place dans le monde.
En écrivant cet article, j’ai réalisé à quel point ces histoires résonnent. Elles nous parlent de résilience, d’unité, et de la beauté du football quand il devient plus qu’un jeu. Alors, la prochaine fois que vous regarderez un match, pensez à ces joueurs. Ils n’ont peut-être pas la notoriété des stars, mais leur courage est hors norme. Et ça, c’est une victoire qui ne se mesure pas en buts.
