Vous souvenez-vous de l’époque où tout le monde voulait un vélo électrique, peu importe le prix ? On était prêts à débourser des mille et des cents pour rouler sans transpirer. Et puis, patatras. Certaines marques ultra-branchées ont disparu du jour au lendemain, laissant leurs clients avec des batteries HS et zéro service après-vente. Résultat : aujourd’hui, on réfléchit autrement. On veut du solide, du réparable, du beau… et si possible, du français.
Franchement, quand j’ai vu les chiffres du marché du vélo chuter de presque 30 % en deux ans, je me suis demandé qui allait survivre. Eh bien figurez-vous que quelques irréductibles Gaulois tiennent encore la route, et plutôt bien. Ils ont compris la leçon : en ville, on n’a pas besoin d’un engin connecté à 15 applis, on veut juste un vélo qui démarre tous les matins, qui ne pèse pas une tonne à monter au troisième étage et qu’on peut faire réparer au coin de la rue.
Le renouveau du vélo urbain français : quand l’ingéniosité remplace le bling-bling
Ce qui m’impressionne le plus chez ces jeunes entreprises, c’est leur capacité à repartir de zéro. Là où certains misaient tout sur le design et les gadgets, eux ont choisi la simplicité intelligente. Et ça marche. J’ai passé plusieurs semaines à rouler avec quatre modèles qui m’ont franchement bluffé. Allez, je vous emmène en balade.
Bastille : la courroie carbone qui change tout
Imaginez un vélo qui ne fait presque aucun bruit. Pas de chaîne qui claque, pas de graisse sur le pantalon. Bastille a opté pour une transmission par courroie en carbone, le genre de technologie qu’on voit habituellement sur des vélos à 8000 euros. Ici, c’est intégré dès le départ, et croyez-moi, le silence est addictif.
Le cadre est en aluminium hydroformé, assemblé dans l’Hexagone, et le design est tellement épuré qu’on dirait un objet d’art. Mais le vrai coup de génie, c’est le système de batterie. Elle s’enlève en deux secondes par le haut du tube de selle – oui, comme une bouteille Thermos – et se recharge sur n’importe quelle prise. Fini les galères pour hisser 25 kg dans l’escalier.
« On a voulu créer le vélo qu’on rêvait d’avoir quand on habitait en appartement parisien » m’a confié l’un des cofondateurs. Et force est de constater qu’ils ont tapé dans le mille.
Poids total ? 16,8 kg avec la batterie. En version musculaire, on descend même sous les 12 kg. Pour un vélo équipé de garde-boue, porte-bagages et éclairage intégrés, c’est tout simplement remarquable.
Ellipse : le roi du vélo ultra-léger
Quand j’ai soulevé l’Ellipse pour la première fois, j’ai cru qu’on m’avait donné un vélo d’enfant. 13,9 kg tout équipé en version électrique. Treize virgule neuf. Laissez-moi répéter : 13,9 kg. C’est moins qu’un VTT bas de gamme d’il y a dix ans.
Comment ils font ? Cadre carbone fabriqué en France (oui, vous avez bien lu), moteur roue arrière ultra-compact, batterie intégrée dans le tube diagonal mais amovible en cinq secondes avec une clé magnétique plutôt maligne. Le résultat est saisissant : on grimpe les côtes raides du nord de Paris sans même s’en rendre compte, et on porte le vélo à bout de bras sans se luxer l’épaule.
- Moteur 250 W ultra-silencieux
- Autonomie réelle 60-70 km (testée dans Paris intra-muros)
- Charge complète en 2h30
- Freins à disque hydrauliques de série
- Garantie 5 ans cadre et 3 ans batterie
Petit détail qui tue : les pneus anti-crevaison renforcés avec une bande réfléchissante. Je roule depuis trois mois, zéro crevaison. Dans Paris, c’est presque un miracle.
Starway : l’outsider qui mise sur l’entretien zéro
Starway, c’est l’histoire de deux ingénieurs qui en avaient marre de passer leurs samedis à nettoyer leur chaîne. Leur solution ? Un vélo avec moyeu à vitesses intégrées et courroie carbone, mais surtout un cadre monocoque en aluminium conçu pour ne jamais rouiller et des composants scellés à vie.
J’ai particulièrement aimé leur philosophie « entretien tous les 10 000 km ». Dix mille kilomètres. Pas tous les ans, pas tous les 1000 km comme certains constructeurs vous le font croire. Juste un check-up tous les deux ou trois ans selon votre usage. En ville, ça veut dire potentiellement cinq ans sans toucher à une clé Allen.
Le modèle phare pèse 15,2 kg et propose une géométrie très confortable, parfaite pour ceux qui font 20-30 km par jour. Le porte-bagages intégré peut supporter 27 kg, les éclairages sont alimentés par une dynamo moyeu (donc zéro pile), et il existe même une version cargo capable de transporter deux enfants ou 80 kg de courses.
Origine et son Montmartre : 15 kg d’élégance pure
Quand Origine a annoncé un vélo électrique à 15 kg tout rond, j’ai franchement rigolé. Et puis je l’ai essayé. Le Montmartre est une petite bombe. Cadre carbone fabriqué dans les Hauts-de-France, assemblage à la main, moteur Bafang ultra-léger logé dans le moyeu arrière.
Mais le vrai secret, c’est la batterie. Seulement 250 Wh (contre 500 ou 600 habituellement), mais grâce au faible poids du vélo, l’autonomie reste excellente – j’ai tenu 65 km en conditions réelles avec du dénivelé. Et surtout, le vélo reste maniable même batterie vide, ce qui n’est pas du luxe quand on tombe en panne à 15 km de chez soi.
« On préfère proposer 60 km d’autonomie réelle avec un vélo de 15 kg plutôt que 100 km avec 23 kg », explique le responsable produit. Et je dois dire que je suis complètement d’accord.
Le design est magnifique : tube supérieur légèrement incliné, soudures invisibles, peinture mate sublime. On sent le savoir-faire français à chaque détail.
Pourquoi ces vélos français ont tout compris
Ce qui ressort de tous ces essais, c’est une philosophie commune : arrêter de courir après la performance brute pour se concentrer sur l’usage réel. Ces marques ont compris que :
- En ville, on monte rarement au-dessus de 25 km/h
- On habite souvent en appartement sans ascenseur
- On veut pouvoir réparer soi-même ou chez le réparateur du quartier
- On en a marre de jeter un vélo de 3000 euros parce qu’une carte électronique est morte
Résultat : des vélos garantis 5 à 10 ans, avec des pièces standards (sauf quelques innovations maison), des batteries remplaçables à coût raisonnable, et surtout un poids qui change complètement l’expérience.
Et puis il y a cette petite fierté, je l’avoue. Quand je croise un livreur ou un autre cycliste et qu’il me demande « C’est quoi comme marque ? », répondre « C’est du français » avec un sourire en coin, ça n’a pas de prix.
Lequel choisir pour Noël ?
Tout dépend de votre usage, évidemment :
| Profil | Le modèle idéal | Pourquoi |
| Appartement sans ascenseur | Ellipse ou Origine Montmartre | Moins de 15 kg, ça change la vie |
| Trajets > 20 km/jour | Bastille ou Starway | Batterie plus généreuse, confort longue distance |
| Entretien-phobe | Starway | Presque zéro maintenance |
| Esthète assumé | Origine Montmartre | Le plus beau, objectivement |
Ce qui est certain, c’est que ces vélos ne sont pas les moins chers du marché. Comptez entre 2900 et 4900 euros selon les modèles et les options. Mais quand on voit la qualité de fabrication, la durée de vie annoncée et surtout le plaisir d’utilisation, le calcul est vite fait.
Et puis offrir (ou s’offrir) un objet fabriqué en France, par des gens passionnés qui se battent pour maintenir un savoir-faire industriel, c’est aussi ça, le plus beau des cadeaux.
Alors cette année, sous le sapin, et si on mettait un peu de rouge, blanc, bleu… qui roule ?
