Imaginez-vous au volant, un vendredi soir, après une semaine écrasante dans Paris. L’autoroute défile, les embouteillages s’estompent, et soudain, plus rien. Juste des champs, des forêts, et ce petit panneau qui annonce « Villiers-sous-Grez ». Une heure à peine après avoir quitté la capitale, vous êtes ailleurs. C’est exactement ce que vivent des centaines de Parisiens chaque week-end. Et ils sont de plus en plus nombreux à posséder la clé d’une maison dans ce village de 700 âmes.
Un record qui ne doit rien au hasard
Près d’une maison sur cinq ici est une résidence secondaire. 19,9 % très exactement, ce qui place ce petit coin de Seine-et-Marne tout en haut du podium francilien. Loin devant les stations de montagne ou les bords de mer que l’on imagine spontanément quand on parle de « maison de campagne ».
Je me suis promené dans les ruelles l’autre jour. Le silence est presque gênant pour un Parisien habitué au bruit permanent. Quelques retraités discutent sur un banc, un chat traverse la chaussée sans se presser, et de temps en temps, une berline récente avec une plaque 75 se gare devant une belle maison en pierre. Le contraste est frappant.
« On savait qu’il y en avait beaucoup, mais presque 20 %, franchement, on ne s’y attendait pas »
– Le maire du village, encore surpris par les chiffres officiels
Le Covid, le grand accélérateur
On ne va pas se mentir : tout a vraiment explosé avec la pandémie. Confinements, télétravail obligatoire, visio à longueur de journée… Beaucoup ont réalisé qu’on pouvait très bien travailler depuis une maison avec jardin plutôt que depuis un 35 m² au sixième sans ascenseur.
Les agences immobilières locales s’en souviennent encore. Les téléphones n’arrêtaient pas de sonner. Des familles entières débarquaient le samedi matin, visitaient trois maisons dans la journée et signaient le soir même. Les prix ont grimpé, parfois de 30 à 40 % en deux ans. Un phénomène que l’on a vu partout en France, mais qui prend ici une dimension particulière à cause de la proximité avec Paris.
- Trajet Paris – Villiers-sous-Grez : 1h à 1h15 en voiture hors embouteillages
- Gare la plus proche (Fontainebleau-Avon) : 20 minutes en voiture
- Forêt de Fontainebleau et ses blocs d’escalade : moins de 10 minutes
- Commerces de proximité et école primaire dans le village
Autant dire que l’équation est simple : on garde son job à Paris, on profite du calme la semaine quand on veut, et le week-end devient une vraie parenthèse.
La forêt de Fontainebleau, l’aimant ultime
Parlons-en de cette forêt. Elle n’est pas juste jolie, elle est mythique. Pour les grimpeurs, c’est La Mecque. Des blocs mondialement connus, des circuits de tous niveaux, et une ambiance unique. Résultat : des Anglais, des Allemands, des Belges, et bien sûr des Parisiens viennent y passer le week-end.
Certains louent, d’autres ont carrément acheté. Et Villiers-sous-Grez bénéficie de sa situation idéale : assez près pour aller grimper à pied ou en vélo, assez loin pour rester préservé du tourisme de masse qui touche parfois Fontainebleau ville.
J’ai croisé un couple de quadragénaires parisiens qui venaient de faire l’acquisition d’une longère à retaper. Lui est ingénieur, elle est avocate. Ils m’ont expliqué qu’ils venaient déjà depuis dix ans en week-end escalade. Le Covid a juste été le déclencheur pour franchir le pas.
« Le vendredi soir, on finit le boulot, on prend la voiture, et deux heures après on est en train de boire l’apéro dans le jardin en regardant les étoiles. À Paris, c’était impensable. »
Et les habitants de toujours dans tout ça ?
Évidemment, la question qui brûle les lèvres : est-ce que ça pose problème ? La réponse est nuancée. D’un côté, les nouveaux arrivants font vivre les commerces, participent aux associations, rénovent de belles maisons qui étaient parfois à l’abandon.
De l’autre, il y a cette sensation que le village change de visage. Les maisons occupées uniquement le week-end, les prix qui flambent et rendent l’accès à la propriété impossible pour les jeunes du coin, les places à l’école qui se font rares parfois… Ce sont les classiques griefs que l’on entend dans tous les villages attractifs.
Le maire le reconnaît sans détour : il faut trouver un équilibre. Des terrains constructibles sont encore disponibles, mais il veut éviter la surenchère. Certains habitants historiques apprécient la nouvelle dynamique, d’autres regrettent le village « d’avant » où tout le monde se connaissait depuis l’enfance.
Un modèle qui pourrait inspirer d’autres villages
Ce qui se passe à Villiers-sous-Grez n’est pas isolé, mais il est particulièrement abouti. Proximité immédiate d’une grande métropole + environnement naturel exceptionnel + desserte correcte = cocktail gagnant.
Et avec le développement du télétravail – qui, soyons honnêtes, n’est pas près de disparaître complètement – ce genre de villages risque de continuer à séduire. On parle déjà d’une « génération Covid » qui a changé durablement ses priorités de vie.
Personnellement, je trouve ça plutôt rassurant. Cela prouve que même à l’ère du tout-numérique, le besoin de nature, de calme et de vrais rapports humains reste plus fort que tout. Et puis, franchement, qui n’a jamais rêvé d’avoir une petite maison à la campagne à moins d’une heure de son bureau ?
Ce qu’il faut retenir
- Un village record : près de 20 % de résidences secondaires
- À 65 km de Paris seulement
- La forêt de Fontainebleau comme moteur touristique et sportif
- Le Covid a été le déclencheur, le télétravail l’entretient
- Un phénomène qui pose des questions d’équilibre et de vivre-ensemble
- Un modèle qui pourrait se répéter autour de toutes les grandes métropoles
Alors, Villiers-sous-Grez, eldorado des Parisiens en quête de verdure ou village en pleine mutation identitaire ? Sans doute un peu des deux. Une chose est sûre : le week-end, la petite rue de l’Église voit défiler bien plus de plaques parisiennes qu’avant. Et ce n’est probablement qu’un début.
Et vous, vous laisseriez-vous tenter par une petite maison à une heure de Paris ? Ou préférez-vous rester en ville ? Dites-le moi en commentaire, j’ai vraiment envie de savoir où en sont vos envies d’ailleurs en cette fin d’année…
