Vous est-il déjà arrivé de vous demander où s’arrête la blague potache et où commence le geste qui fait mal ? Moi, je n’aurais jamais imaginé qu’une matinale radio censée réveiller la France en douceur puisse un jour se retrouver au cœur d’une affaire d’agression sexuelle. Et pourtant, c’est exactement ce qui se passe en ce début décembre 2025 au tribunal correctionnel de Paris.
Un animateur star face à la justice
Il y a dix ans, il incarnait le sourire propre sur lui des grandes chaînes et des radios musicales. Aujourd’hui, à 43 ans, l’ex-vedette arrive escorté par les photographes, mais c’est pour répondre de faits bien moins glamour : deux morsures aux fesses infligées à une collègue entre novembre 2015 et février 2016, alors qu’il animait la tranche matinale d’une radio très écoutée.
La plaignante, une standardiste de l’époque, a attendu 2017 pour porter plainte. Pourquoi si tard ? La question revient souvent dans ce genre de dossiers. Peur de ne pas être crue, crainte pour sa carrière, sentiment que « c’était juste lui », cet animateur connu pour ses « délires »… Tous ces mécanismes que l’on commence seulement à décrypter grâce au mouvement #MeToo.
Les faits : plus qu’une simple « blague de vestiaire »
Reprenons calmement. Deux épisodes distincts, devant témoins. La première fois, la jeune femme se penche pour ramasser quelque chose. L’animateur aurait lancé la phrase devenue célèbre dans le dossier : « Tout cul tendu mérite son dû », avant de planter ses dents dans la chair. La seconde fois, même scénario ou presque.
Preuve irréfutable déposée au tribunal : la photo d’un hématome rond, violacé, impressionnant. Le président de la cour lui-même a reconnu que la marque était « assez spectaculaire ». Difficile de parler d’une petite tape amicale quand on voit le cliché.
« Il a mordu 90 % des membres de l’équipe »
Témoignage recueilli pendant l’enquête
Et là, ça devient intéressant. Car on découvre que la plaignante n’est pas un cas isolé. Plusieurs personnes ont décrit un animateur qui mordait régulièrement ses collègues, hommes compris apparemment, comme une sorte de marque d’affection maladroite. Une autre animatrice connue a également été victime de ces « croques » surprise.
L’alcool, l’immaturité, le sentiment d’impunité
Dans les témoignages, un portrait se dessine. Celui d’un grand enfant, sympathique au premier abord, mais qui perdait vite ses limites dès qu’il avait bu. Plusieurs sources parlent d’un consommation régulière d’alcool, y compris en dehors des heures de travail mais parfois dans les locaux. Le genre de détail qui fait grincer des dents quand on connaît la responsabilité d’un animateur en direct à l’antenne.
- Comportements répétitifs sur plusieurs mois
- Gestes commis devant témoins, donc sans peur d’être repris
- Victimes multiples, hommes et femmes
- Absence apparente de remise en question à l’époque
- Plainte déposée seulement deux ans après les faits
Cette liste donne le vertige. On est loin du dérapage isolé. On parle d’un climat où ce type de « jeu » était toléré, voire intégré à la culture de l’équipe. Et c’est peut-être ça le plus inquiétant.
Un procès en 2025 : pourquoi maintenant ?
Dix ans après les faits, certains diront que c’est de l’histoire ancienne. Sauf que la justice a son rythme, et que la parole des victimes met parfois du temps à se libérer. Entre 2015 et 2017, #MeToo n’avait pas encore tout bouleversé. Porter plainte contre une personnalité connue quand on est simple standardiste, ça ne se faisait pas comme ça.
Aujourd’hui, le contexte a changé. Les entreprises de médias, comme tant d’autres, ont été forcées de se pencher sur leurs pratiques. Formations au harcèlement, cellules d’écoute, chartes de bonne conduite… Tout ça existait à peine il y a dix ans dans certaines rédactions.
Le procureur requiert six mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende. C’est peu, direz-vous ? Peut-être. Mais symboliquement, c’est énorme. C’est la reconnaissance qu’un geste, même présenté comme « rigolo », peut marquer quelqu’un durablement et relever de l’agression sexuelle.
Et nous, qu’est-ce qu’on en pense vraiment ?
Personnellement, j’ai du mal à rire quand j’entends la phrase « tout cul tendu mérite son dû ». Ce qui pouvait passer pour une private joke entre potes dans les années 2000 fait franchement tache en 2025. Et pourtant, je parie que certains auditeurs ou anciens collègues doivent encore trouver ça « bon enfant ».
C’est tout le problème. On a tous en tête des animateurs ou des patrons qui se permettaient des gestes « affectueux » un peu trop appuyés. On rigolait jaune, on détournait les yeux. Aujourd’hui, la société dit stop. Et ce procès, aussi médiatisé soit-il, participe à tracer la nouvelle ligne rouge.
Ce n’est pas parce qu’on est connu et qu’on fait rire à l’antenne qu’on a tous les droits en coulisses.
La défense, elle, va probablement insister sur le côté « pas méchant », sur l’absence d’intention sexuelle caractérisée, sur le caractère potache. Des arguments que l’on entend souvent dans ce genre de dossiers. Reste à savoir si le tribunal les suivra.
Les leçons à tirer pour les médias (et pas que)
Derrière l’anecdote croustillante, il y a une vraie question de culture d’entreprise. Dans les rédactions radio, dans les plateaux télé, dans beaucoup de milieux encore, il existe cette idée que « l’ambiance familiale » justifie tout. Qu’on peut se permettre des familiarités qu’on n’oserait jamais ailleurs.
Cette affaire montre que non. Un lieu de travail reste un lieu de travail. Et le consentement, ça ne se présume pas selon qu’on est drôle ou connu.
Depuis quelques années, les grands groupes audiovisuels ont mis en place des référents harcèlement, des formations obligatoires, des numéros verts. Est-ce que ça suffit ? Clairement pas partout. Mais chaque procès comme celui-ci fait bouger les lignes, même un peu.
Et puis il y a la victime. Celle qu’on oublie parfois derrière le nom clinquant du prévenu. Elle a gardé la photo de son hématome pendant des années. Elle a attendu le bon moment pour parler. Elle a accepté que son histoire devienne publique. Ça mérite le respect.
Le délibéré tombera dans quelques semaines. Quelle que soit la décision, cette affaire aura marqué un tournant. Parce qu’en 2025, mordre les fesses d’une collègue, même « pour rire », ce n’est plus une anecdote de matinale. C’est un délit. Point.
Et vous, où placez-vous la limite ? Dites-le moi franchement en commentaire. Parce que c’est en en parlant qu’on fait bouger les choses, vraiment.
