Quand j’ai appris qu’une ville aussi grande que Paris venait de créer, en décembre 2025, un poste entièrement dédié à la défense des enfants face aux violences sexuelles dans les établissements scolaires, j’ai eu un pincement au cœur. D’un côté, enfin une réponse institutionnelle forte. De l’autre… il a fallu attendre combien de drames pour en arriver là ?
Les chiffres font froid dans le dos : quinze enquêtes ouvertes rien que cette année pour des faits présumés d’agressions sexuelles dans des écoles maternelles de la capitale. Et derrière chaque dossier, il y a un enfant de trois, quatre ou cinq ans qui a peut-être vu son monde s’effondrer en quelques minutes.
Un poste inédit qui change la donne
C’est officiel depuis ce jeudi 4 décembre 2025 : Dominique Versini, 71 ans, figure historique de la protection de l’enfance en France, devient la toute première Défenseure des enfants de la Ville de Paris. Un rôle taillé sur mesure, indépendant de la mairie et de son administration, pour écouter, orienter et, si nécessaire, saisir la justice.
Concrètement ? N’importe quel enfant, parent ou proche peut la saisir directement. Elle instruit, elle enquête en interne, elle accompagne les familles et, surtout, elle peut alerter immédiatement le parquet quand un mineur est en danger. C’est du jamais-vu à l’échelle d’une collectivité locale.
« Je serai la garante de l’intérêt supérieur des enfants et à l’écoute des familles dont les attentes vis-à-vis de l’administration sont légitimes. »
Dominique Versini, fraîchement nommée
Pourquoi maintenant ? Le contexte est lourd
Difficile de ne pas faire le lien avec la vague de signalements qui secoue le périscolaire parisien depuis plusieurs mois. Trente animateurs suspendus en 2025, dont seize pour des suspicions à caractère sexuel. Des chiffres qui donnent le vertige quand on sait que ces personnes étaient en contact quotidien avec des tout-petits.
Ce qui frappe, c’est la recrudescence brutale des plaintes. Comme si, après des années de silence, la parole se libérait enfin. Un peu à l’image du mouvement « MeToo des enfants » que certains observateurs n’hésitent plus à évoquer.
J’ai discuté avec des parents d’élèves ces derniers jours. Beaucoup disent la même chose : « On n’ose plus laisser notre enfant à la garderie sans angoisser. » Et franchement, qui pourrait leur en vouloir ?
Les mesures concrètes du plan municipal
La création du poste de Défenseure n’est qu’une partie d’un plan plus large adopté en novembre au Conseil de Paris. Voici les grandes lignes qui ont été envoyées aux 100 000 familles via la plateforme numérique scolaire :
- Renforcement drastique du recrutement (vérifications approfondies des casiers judiciaires, entretiens psychologiques systématiques)
- Formation obligatoire et continue de tous les animateurs sur la détection des signes de maltraitance et les limites à ne jamais francher
- Suspension immédiate et conservatoire de tout agent mis en cause, même au stade de la simple suspicion
- Mise en place d’un numéro vert et d’une adresse mail dédiée pour les signalements anonymes
- Accompagnement psychologique gratuit proposé aux enfants et aux familles concernées
On sent une volonté de rattraper le retard. Reste à voir si ces mesures seront appliquées avec la rigueur promise.
Indépendance : le mot-clé qui rassure (ou pas)
La mairie insiste lourdement sur l’indépendance de la Défenseure. Dominique Versini a d’ailleurs démissionné de son poste d’adjointe et de conseillère de Paris pour éviter tout conflit d’intérêts. Un signal fort.
Mais soyons honnêtes : dans une ville où tout est politique, certains parents restent sceptiques. « C’est bien joli l’indépendance sur le papier, mais quand on connaît les liens historiques… » m’a confié une mère de famille du 19e arrondissement. Difficile de lui donner totalement tort.
Et les enfants dans tout ça ?
Ce qui me touche le plus, c’est qu’on parle enfin directement aux enfants. La Défenseure a annoncé vouloir aller à leur rencontre, dans les écoles, les centres de loisirs, avec des mots simples et une écoute sans jugement.
Parce que rappelons-le : un enfant de maternelle ne « dénonce » pas comme un adulte. Il dessine parfois ce qu’il n’arrive pas à dire. Il se met soudain à faire pipi au lit. Il refuse d’aller à la cantine. Ce sont ces signaux faibles que le nouveau dispositif veut apprendre à repérer très en amont.
« Un enfant qui parle, même maladroitement, doit toujours être cru d’abord. Ensuite on vérifie. Mais on ne commence jamais par douter de lui. »
Une psychologue spécialisée dans les traumas infantiles
Un modèle qui pourrait faire école ailleurs ?
Paris est la première ville française à se doter d’un tel poste à l’échelle locale. Si l’expérience fonctionne, d’autres grandes métropoles pourraient suivre. Lyon, Marseille, Lille… Toutes ont leurs lots de signalements en hausse.
D’ailleurs, plusieurs associations de protection de l’enfance appellent déjà à la généralisation du modèle au niveau national, avec un Défenseur des enfants renforcé et doté de vrais pouvoirs d’investigation.
Ce que les parents attendent vraiment
Au-delà des annonces, ce que veulent les familles, c’est de la transparence et de la rapidité. Savoir exactement ce qui s’est passé quand un animateur est suspendu. Avoir un retour clair sur les suites données. Et surtout, ne plus jamais entendre « on ne savait pas ».
Parce que derrière les statistiques, il y a des prénoms. Des doudous qu’on serre trop fort. Des cauchemars qu’on n’ose pas raconter. Et des parents qui, certains soirs, pleurent dans leur cuisine en se demandant s’ils auraient pu voir quelque chose.
La création de ce poste de Défenseure des enfants, aussi symbolique soit-elle, marque peut-être un tournant. Espérons simplement qu’elle arrive à temps pour ceux qui en ont le plus besoin. Parce que dans cette histoire, le temps n’a jamais été un allié des enfants.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce que ce type de dispositif vous rassurerait si vous aviez un enfant en maternelle à Paris ? Ou pensez-vous qu’il reste encore énormément à faire ? N’hésitez pas à partager votre ressenti en commentaire, anonymement si vous le souhaitez. Chaque témoignage compte.
