Il y a des soirs où le football vous rappelle pourquoi on l’aime tant. Mercredi, au Parc des Princes, j’ai vécu un de ces moments où tout bascule en quelques frappes. Vitinha, ce Portugais discret qu’on présentait encore comme un simple relayeur élégant, a décidé de devenir le héros inattendu d’une soirée complètement folle. Un triplé. Pas n’importe lequel. Le genre qui change une carrière, et peut-être une saison entière pour Paris.
Quand le métronome se transforme en maestro assassin
On l’appelait le métronome. Celui qui fait tourner le ballon, qui calme le jeu quand ça s’emballe trop vite, qui accélère quand il faut punir. Mais hier ? Hier, Vitinha a sorti l’artillerie lourde. Trois buts, trois moments clés, trois coups de génie qui ont permis au PSG de renverser une équipe de Tottenham pourtant venue pour jouer crânement sa chance.
Franchement, quand il a envoyé cette frappe enroulée du droit à la 45e minute, j’ai senti le Parc retenir son souffle avant d’exploser. Un bijou absolu. Le ballon caresse la lucarne, le gardien est battu, et Paris revient à 1-1 juste avant la pause. Ce n’était pas juste un but. C’était un déclic.
Premier acte : la frappe qui réveille tout un stade
Revenons un peu en arrière. Le PSG dominait sans vraiment dominer. Beaucoup de possession, oui, mais une lenteur presque coupable dans la circulation. Tottenham, bien en place, attendait les erreurs. Et puis, d’un coup, Vitinha a pris ses responsabilités. À 25 mètres, il arme cette frappe du droit qu’on ne lui connaissait pas vraiment. Le ballon prend une courbe parfaite, s’écrase sur la transversale avant de rentrer. Magnifique.
« Je n’avais jamais pensé marquer un triplé dans ma carrière… »
– Vitinha, sourire en coin en zone mixte
Il rit, presque gêné. Mais ce but-là, c’était déjà plus qu’un simple exploit personnel. C’était le signal que Paris pouvait accélérer. Que le match allait basculer.
Deuxième acte : l’égalisation qui fait mal à Tottenham
Deuxième période, Tottenham reprend l’avantage. On commence à sentir cette petite angoisse familière au Parc. Et là, 53e minute. Vitinha, encore lui, se retrouve dans la surface après une séquence qu’il a lui-même initiée. Contrôle orienté, frappe du gauche. 2-2. Le stade hurle. On sent que quelque chose de grand est en train de se passer.
Ce qui frappe, c’est sa capacité à être partout. 109 ballons touchés dans le match – un chiffre énorme. Il récupère, il distribue, il percute, et maintenant il finit. On parle d’un milieu relayeur, pas d’un numéro 10 ou d’un attaquant. Pourtant, il porte l’équipe comme rarement on l’a vu cette saison.
Le penalty et l’histoire qui s’écrit en direct
Et puis arrive le moment où tout bascule définitivement. 76e minute, penalty pour Paris. Normalement, il y a hiérarchie. Mais Vitinha ne laisse rien au hasard. Il prend le ballon, écarte gentiment mais fermement ses coéquipiers, et transforme calmement. 4-3. Le Parc est en feu. Il vient d’inscrire son premier triplé en professionnel. À 25 ans. En Ligue des Champions. Face à Tottenham.
À ce moment-là, on se dit que c’est écrit. Que ce gamin discret, arrivé de Porto sans faire de bruit, est en train de devenir l’un des joueurs les plus importants de l’histoire récente du PSG.
Marquinhos ne s’y trompe pas : « C’est notre maître à jouer »
« C’est lui qui contrôle notre jeu, notre tempo. C’est notre maître au milieu de terrain. L’un des meilleurs milieux du monde. »
– Marquinhos, capitaine du PSG
Quand ton capitaine dit ça après un match, ça pèse. Et Marquinhos n’est pas du genre à distribuer les compliments à la légère. Vitinha, c’est devenu l’homme de base. Celui sur qui Luis Enrique construit tout. Celui que l’équipe cherche dès que ça coince.
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes cette saison :
- 13 implication sur des buts (5 buts, 8 passes décisives)
- Premier joueur du PSG à marquer un triplé en C1 depuis plus d’un an
- Premier milieu à réussir ça depuis… 2017
- 7 ballons récupérés dans le match – record parisien de la soirée
On parle d’un joueur complet. Vraiment complet.
Un parcours qui mérite d’être raconté
Il faut se souvenir d’où il vient. Arrivé en 2022 contre 40 millions d’euros, Vitinha a mis du temps à s’imposer. On lui reprochait parfois d’être trop propre, pas assez décisif. Et puis, petit à petit, il a gagné la confiance de tout le monde. Sa première saison déjà intéressante, la deuxième où il devient titulaire indiscutable, et cette troisième où il explose littéralement.
Au Portugal, on le suit évidemment de très près. 35 sélections à 25 ans, il est déjà un cadre chez les champions d’Europe 2016. Mais ce qu’il montre à Paris dépasse largement ce qu’on attendait de lui.
Et maintenant ? Le meilleur milieu du monde ?
La question commence à se poser sérieusement. Quand tu vois Rodri, Bellingham, Pedri, Gündogan, De Bruyne… et que tu mets Vitinha dans le lot, il n’a plus rien à envier à personne. Sa lecture du jeu, sa qualité technique, sa capacité à se projeter, et maintenant cette faculté à être décisif dans les deux surfaces.
Hier soir, il a terminé le match sous une ovation debout. Le Parc des Princes qui scande son nom à la 94e minute, quand il sort épuisé mais heureux. Ces moments-là, on ne les oublie pas.
« Ce n’est pas facile ce niveau, mais c’est mon grand défi désormais. Le meilleur reste à venir. »
– Vitinha
Et quand il dit ça, avec ce regard déterminé, on a envie de le croire. Vraiment.
Un PSG qui a besoin de ce Vitinha-là
Parce qu’au-delà du triplé, ce match a montré une chose : Paris a encore du mal à dominer vraiment les gros matches quand ça joue bas et physique. Tottenham a posé des problèmes, a mené deux fois au score. Sans Vitinha, on parlait peut-être d’une soirée cauchemardesque.
Mais avec lui ? Le PSG a un leader technique, un joueur capable de porter l’équipe quand les stars ne sont pas forcément au rendez-vous. Et ça, c’est nouveau. C’est précieux. C’est peut-être même la clé pour enfin aller loin en Ligue des Champions.
Alors oui, il y avait du beau jeu par moments. Oui, Kolo Muani a été excellent. Oui, le 5-3 final fait plaisir. Mais celui dont on parlera encore dans dix ans, celui qui a marqué cette soirée de son empreinte, c’est bien Vitinha.
Et quelque part, c’est beau. Parce que le football, c’est aussi ça : des joueurs discrets qui, un soir, décident d’écrire leur légende.
Vitinha l’a fait. Et franchement ? Je pense qu’on n’a encore rien vu.
Le Parc des Princes ne s’y est pas trompé. L’ovation à sa sortie ? Méritée. Historique. Le début de quelque chose de grand ? Probablement. En tout cas, une chose est sûre : on vient de vivre un tournant. Et Vitinha, ce soir-là, est devenu bien plus qu’un simple métronome.
Il est devenu le cœur battant du PSG nouvelle génération.
