Voitures Électriques Occasion : La Décote qui Fait Mal

Imaginez : vous craquez pour une belle électrique toute neuve, vous signez le chèque, fier de participer à la transition écologique. Cinq ans plus tard, vous voulez la revendre… et là, c’est la douche froide. Plus de la moitié de la valeur s’est évaporée. Parfois même les deux tiers. Franchement, qui a envie de perdre 20 000 € en si peu de temps ?

C’est la réalité brutale du marché de l’occasion pour les voitures électriques aujourd’hui. Et la grande responsable, celle qui fait trembler tous les acheteurs potentiels, c’est la batterie. Ce gros bloc de lithium qui coûte les yeux de la tête à remplacer et dont personne ne sait exactement combien de temps il va tenir.

La batterie, cette inconnue qui plombe la cote

On va être clair dès le départ : quand vous achetez une voiture thermique d’occasion, vous savez à peu près dans quoi vous mettez les pieds. Un moteur essence ou diesel, même fatigué, on peut le faire durer encore longtemps pour pas trop cher. Une batterie de voiture électrique ? C’est une autre histoire.

Le problème numéro un, c’est le coût de remplacement. Entre 8 000 et 20 000 € selon les modèles pour une batterie neuve, hors pose. Autant dire que si la batterie montre des signes de faiblesse à 8 ou 10 ans, beaucoup préfèrent bazarder la voiture plutôt que de payer la facture. Résultat : les vendeurs doivent brader leur véhicule pour trouver preneur.

« La première question que me posent 9 clients sur 10 quand ils regardent une électrique d’occasion, c’est : combien il reste de batterie ? Et surtout, est-ce que c’est garanti ? »

Un concessionnaire spécialisé dans l’occasion électrique

Et là, bonne nouvelle ou pas selon les marques : certains constructeurs garantissent la batterie 8 ans ou 160 000 km à 70 % de capacité minimum. Mauvaise nouvelle : tout le monde n’a pas cette garantie, et même quand elle existe, elle arrive bientôt à échéance pour les premières générations.

Des chiffres qui font peur

Regardons les chiffres, c’est encore plus parlant.

À titre de comparaison, une Peugeot 208 essence du même millésime perd « seulement » 45 à 50 % de sa valeur. C’est énorme la différence. Et ça, c’est une moyenne. Sur certains modèles moins bien cotés ou avec une batterie en location (coucou les anciennes Zoé), on tombe parfois sous les 9 000 €.

Pourquoi une telle hémorragie ?

Plusieurs raisons se cumulent, et franchement, elles sont toutes liées à cette satanée batterie et à l’évolution ultra-rapide du marché.

• Les nouvelles électriques sortent avec des autonomies de plus en plus folles (500, 600, bientôt 700 km). Du coup, une voiture de 2020 qui faisait 300 km WLTP passe pour une antiquité.
• Les prix du neuf baissent enfin (merci la concurrence chinoise). Une nouvelle citadine électrique correcte se trouve désormais sous les 25 000 € bonus déduit. Pourquoi payer 18 000 € une ancienne génération ?
• La peur de la panne batterie. Même si en réalité elles tiennent plutôt bien, l’angoisse est là.
• Le réseau de recharge qui s’améliore chaque mois. Ceux qui hésitaient en 2020 à cause des bornes n’ont plus les mêmes craintes en 2025.

Résultat : l’offre explose (surtout avec les flottes d’entreprise qui renouvellent leurs parcs) et la demande reste frileuse. Basic économie : trop de voitures, pas assez d’acheteurs = prix qui s’écroulent.

Y a-t-il quand même des bonnes affaires à faire ?

Évidemment. Je vais même vous dire un truc : pour quelqu’un qui fait peu de kilomètres, qui recharge principalement à la maison et qui veut payer sa voiture le prix d’une Clio neuve… c’est peut-être le meilleur moment de l’histoire pour passer à l’électrique.

Exemple concret : une Zoé de 2020 avec 60 000 km, batterie en pleine propriété et encore 4 ans de garantie capacité, se trouve aujourd’hui autour de 10-11 000 €. Pour ce prix-là, vous avez 300 km d’autonomie réelle, zéro euro de carburant, entretien ridicule et souvent encore le câble de recharge offert. Franchement, c’est dur à battre.

Pareil pour une Tesla Model 3 2020 : à 24-28 000 € avec le pack grande autonomie, vous avez une voiture qui envoie encore du lourd face à bien des neuves à 50 000 €.

Comment ne pas se planter à l’achat

Si vous êtes tenté, voilà mes conseils de vieux briscard qui a vu passer pas mal de voitures électriques entre ses mains :

1. Vérifiez si la batterie est en location ou en pleine propriété (évitez la location si possible, c’est la galère à la revente).
2. Demandez le certificat de capacité batterie (SOH – State Of Health). Au-dessus de 85 %, c’est top. En dessous de 75 %, fuyez.
3. Préférez les modèles encore sous garantie batterie (8 ans en général).
4. Méfiez-vous des ex-autopartage ou ex-taxis (batterie souvent très sollicitée).
5. Faites un diagnostic complet chez le constructeur, pas chez un garagiste lambda.

Et surtout, posez-vous la bonne question : est-ce que cette voiture correspond vraiment à mes trajets ? Si oui, foncez. Si vous faites 400 km tous les week-ends, peut-être que l’hybride rechargeable ou le thermique reste plus raisonnable… pour l’instant.

Et demain, ça va s’arranger ou empirer ?

Là, c’est la grande question. Personnellement, je pense qu’on est au creux de la vague.

Pourquoi ? Parce que les batteries deviennent de plus en plus durables, que les garanties s’allongent, que les prix du neuf se stabilisent et que le parc vieillissant commence à rassurer sur la tenue dans le temps. Dans 3-4 ans, une électrique de 8 ans sera peut-être vue comme une thermique aujourd’hui : un truc fiable qui a encore de belles années devant lui.

Mais en attendant, si vous voulez acheter une électrique d’occasion, c’est maintenant qu’il y a des affaires incroyables à faire… à condition de bien choisir son modèle et de ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre en termes d’autonomie.

Alors, prêt à franchir le cap ? Ou vous attendez encore un peu que le marché se calme ? Dites-moi tout en commentaire, ça m’intéresse vraiment de savoir où vous en êtes dans votre réflexion !