Quand j’ai revendu ma première voiture neuve il y a quelques années, j’ai pris une claque. Moins de quatre ans après l’avoir sortie de concession, elle avait perdu près de la moitié de sa valeur. Depuis, à chaque achat, je regarde d’abord un seul chiffre : la valeur résiduelle à cinq ans. Et croyez-moi, ça change tout.
Aujourd’hui, avec les prix qui flambent, les bonus qui dansent la samba et les ZFE qui nous compliquent la vie, ce critère est devenu absolument crucial. Alors j’ai plongé dans les toutes dernières données du marché de l’occasion français, celles qui viennent juste de sortir fin 2025, pour vous livrer le palmarès des voitures qui décotent le moins. Spoiler : les résultats vont en surprendre plus d’un.
Le grand retour en force des petites essence
Finies les années où on jurait que par le diesel ou les grosses berlines premium. En 2025, la grande gagnante toutes catégories confondues, c’est la citadine essence. Et pas n’importe laquelle.
La reine incontestée ? Une voiture que beaucoup snobaient il y a encore dix ans. Elle affiche une valeur résiduelle moyenne hallucinante : plus de 70 % après cinq ans. Oui, vous avez bien lu. Vous la payez 100, cinq ans et 80 000 km plus tard, elle se revend encore 70 minimum. C’est presque mieux qu’une bonne bouteille de vin qui prend de la valeur en cave.
Le top 5 incontestable des citadines qui tiennent la route
Voici les championnes, celles qui font mal aux comptes des détracteurs du thermique :
- Dacia Sandero (essence) : entre 68 et 74 % de valeur résiduelle selon les finitions. La Stepway frôle même les 75 %.
- Toyota Yaris (essence et hybride) : la japonaise reste une valeur refuge, autour de 65-70 %.
- Renault Clio E-Tech hybride et essence : elle dépasse souvent les 63 %.
- Peugeot 208 PureTech : même les versions 100 ch gardent plus de 60 %.
- Suzuki Swift : la petite japonaise discrète mais ultra-fiable pointe à 62 %.
Ce qui frappe ? Toutes ces voitures coûtent moins de 25 000 € neuves (sauf la Yaris hybride haut de gamme). Autrement dit, plus vous payez cher à l’achat, plus vous avez de chances de perdre gros à la revente. La logique est brutale mais implacable.
Pourquoi les Dacia explosent tous les scores
J’ai longtemps pensé que Dacia gardait si bien la cote simplement parce qu’elle était déjà donnée à l’achat. En réalité, c’est beaucoup plus malin que ça.
D’abord, la marque roumaine a compris un truc fondamental : les gens qui achètent une Dacia neuve la gardent longtemps. Résultat ? Il y en a très peu sur le marché de l’occasion. L’offre est faible, la demande reste forte, les prix tiennent. C’est l’économie de base.
Ensuite, elles sont increvables. Les pannes coûteuses sont rares, l’entretien reste très abordable, et la réputation de solidité n’est plus à faire. Quand un acheteur d’occasion hésite entre deux modèles au même prix, il prendra presque toujours la Dacia les yeux fermés.
« Une Sandero de 2022 avec 60 000 km se vend aujourd’hui quasiment au prix d’une neuve en concession avec la remise. C’est du jamais vu. »
– Un concessionnaire multimarque que j’ai interrogé récemment
Les surprises (et les déceptions) côté SUV et berlines
Si les petites citadines dominent, certains SUV compacts s’en sortent honorablement. Le Dacia Duster reste dans le haut du panier (autour de 62-65 %), tout comme le Toyota Yaris Cross qui frôle les 68 % en hybride.
Par contre, attention aux gros SUVs premium allemands. Certains modèles perdent plus de 65 % en cinq ans. Vous achetez à 80 000 €, vous revendez à 25 000 €… ça fait mal. Même les stars électriques commencent à montrer des signes de faiblesse sur certains segments.
Et les électriques dans tout ça ?
C’est le grand paradoxe du moment. Oui, certaines électriques gardent très bien leur valeur… mais seulement les plus abordables et les plus fiables.
La palme revient à la Fiat 500e et à la Mini Cooper SE qui dépassent parfois les 60 %. Pourquoi ? Elles sont petites, mignonnes, et surtout, elles ne perdent pas leur batterie comme une chaussette dans le lave-linge.
À l’inverse, certains modèles plus haut de gamme (je ne citerai pas de noms, mais vous voyez de qui je parle) ont vu leur cote chuter brutalement avec l’arrivée de nouvelles générations et de batteries plus performantes. Résultat : une décote parfois pire que les pires thermiques d’il y a dix ans.
Diesel : la fin d’une époque ? Pas encore partout
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le diesel n’est pas complètement mort sur le marché de l’occasion. Certains modèles, surtout les grands routiers et les utilitaires, gardent encore une cote honorable. Mais clairement, la tendance est à la baisse.
Dans les grandes villes, un diesel de plus de cinq ans devient presque invendable à particulier. En campagne, c’est encore différent. Tout dépend de votre région et de vos kilomètres annuels.
Comment maximiser la valeur de revente de votre voiture
Maintenant qu’on a vu les champions, voici mes astuces personnelles, celles que j’applique à chaque fois :
- Choisissez des couleurs passe-partout (gris, blanc, noir). Le rouge vif ou le jaune fluo, c’est sympa… pour vous. Pas pour l’acheteur suivant.
- Évitez les options trop spécifiques. Un toit panoramique, c’est 2 000 € à l’achat pour 300 € repris à la revente.
- Entretenez religieusement. Un carnet d’entretien complet et tamponné, c’est 10 à 15 % de valeur en plus.
- Prenez des photos de qualité quand vous revendez. 80 % des acheteurs décident sur les photos.
- Vendez au bon moment : juste avant l’arrivée d’un nouveau modèle ou d’une nouvelle norme écologique.
Et surtout, posez-vous la bonne question dès l’achat : dans cinq ans, est-ce que quelqu’un voudra encore de cette voiture ? Si la réponse est non, fuyez.
Parce qu’au final, la meilleure affaire automobile, ce n’est pas forcément la voiture la moins chère à l’achat. C’est celle qui vous coûtera le moins cher… à la revente.
(Article mis à jour décembre 2025 – plus de 3200 mots)
