Il y a des matchs qui sentent la poudre bien avant le coup d’envoi. Ce soir-là, quand le ballon roulera sur la pelouse du Parc des Princes, un gamin de 22 ans seulement va vivre quelque chose que peu de joueurs expérimentent dans une carrière : revenir là où tout a commencé… mais avec un autre maillot sur les épaules.
Xavi Simons, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est plus tout à fait le même qu’il y a trois ans. Le regard est plus dur, les épaules plus larges, le CV déjà bien garni. Et pourtant, quelque part, il reste ce gosse qui débarquait à 16 ans avec une crinière improbable et un talent qui faisait déjà saliver tout le foot européen.
Un retour qui sent bon le destin
Franchement, qui aurait misé un euro sur ce scénario il y a encore quelques mois ? L’été dernier, quand il signe à Tottenham après avoir brillé à Leipzig, beaucoup pensaient qu’on ne le reverrait plus au Parc qu’en touriste. Raté. La Ligue des Champions a parfois le sens de la dramaturgie.
Onze petits matchs. C’est tout ce qu’il aura porté le maillot parisien en pro. Onze apparitions, souvent en fin de rencontre, parfois juste pour quelques minutes. De quoi se demander si on n’a pas laissé filer un peu trop vite celui qu’on présentait déjà comme le « prochain grand ».
2019 : l’arrivée tonitruante du phénomène
Rembobinons. Été 2019. Le Barça est en rage. Leur pépite de la Masia, celui qu’on comparait déjà à Iniesta version 2.0, décide de claquer la porte à 16 ans pour rejoindre Paris. Un million d’euros par an pour un gosse qui n’a même pas encore le bac. À l’époque, ça fait scandale.
Moi je me souviens encore des photos : Xavi dans le vestiaire avec Neymar qui lui ébouriffe les cheveux, Xavi qui pose avec Mbappé, Xavi qui s’entraîne avec Verratti. À peine majeur et déjà au milieu des stars. On se disait que dans deux ans maximum, il serait titulaire indiscutable.
« Jouer ici a été une expérience formidable »
Xavi Simons, quelques heures avant de revenir au Parc
Cette phrase, il l’a répétée plusieurs fois ces derniers jours. Et on sent que ce n’est pas du politiquement correct. Quand il parle du PSG, il y a encore cette petite lumière dans les yeux. Celle du gamin qui a vécu son rêve éveillé.
Le choix douloureux mais gagnant de partir
2022. Le rêve se transforme doucement en frustration. Les minutes ne viennent pas. Pochettino, puis Galtier, préfèrent la sécurité des cadres. Xavi, lui, a 19 ans et une faim de loup. Rester sur le banc ou partir jouer tous les week-ends ? Il choisit la deuxième option.
- Direction Eindhoven d’abord : 22 buts et 12 passes décisives en deux saisons
- Puis Leipzig : titularisé presque à chaque match en Bundesliga
- Et maintenant Tottenham, où il forme déjà un duo explosif avec Son et Maddison
Regardez les chiffres. Ils parlent d’eux-mêmes. En trois ans hors de Paris, il a disputé plus de 120 matchs pros. Au PSG, il aurait probablement tourné à… 30 ? 40 maximum ? Le calcul est vite fait.
Et pourtant, personne ne lui en veut vraiment. Parce qu’on a tous vu ce qu’il est devenu. Ce gamin un peu frêle est aujourd’hui un milieu complet : technique hors norme, vision du jeu, frappe de balle, intensité. Il coche toutes les cases.
L’amitié avec Mbappé, ce lien qui ne s’efface pas
On en parle peu, mais c’est peut-être l’aspect le plus touchant de l’histoire. Quand Xavi débarque à Paris, Kylian prend le gamin sous son aile. Les deux deviennent inséparables. Photos sur Instagram, messages d’anniversaire, soutien public quand Xavi décide de partir.
Aujourd’hui encore, ils s’écrivent régulièrement. Et demain soir, ils seront face à face. L’un portera le brassard, l’autre tentera de faire tomber son ancien club. Le foot, parfois, écrit des scénarios que même Hollywood n’oserait pas.
Et maintenant ? Le casse-tête parisien
La question qui brûle toutes les lèvres : est-ce que Paris regrette ? Franchement, difficile de répondre par oui ou par non. D’un côté, on a laissé partir un talent pur. De l’autre, il avait besoin de jouer, et le PSG version 2022 n’était clairement pas le meilleur endroit pour ça.
Ce qui est sûr, c’est que ce soir, Luis Enrique va devoir trouver la solution pour le neutraliser. Parce que Xavi connaît le Parc par cœur. Il sait où sont les espaces, comment fonctionne la défense parisienne, quels sont les points faibles.
Et puis il y a cette donnée qui fait froid dans le dos : sur ses 10 derniers matchs toutes compétitions confondues, il est impliqué sur un but toutes les 67 minutes en moyenne. Autant dire que s’il est dans un bon soir, ça peut faire très mal.
Que va-t-il se passer ce soir ?
Personne n’ose vraiment pronostiquer. Va-t-il célébrer s’il marque ? Va-t-il retenir ses coups ? Va-t-il au contraire vouloir prouver quelque chose ? Une chose est sûre : le Parc va lui réserver un accueil particulier. Pas celui d’un traître, non. Plutôt celui d’un fils prodigue qui a choisi une autre voie.
Moi je pense qu’on va assister à un match dans le match. Xavi contre son passé. Xavi contre ceux qui n’ont peut-être pas assez cru en lui au bon moment. Xavi contre l’histoire qu’il aurait pu écrire ici.
Et quelque part, peu importe le résultat, il a déjà gagné. Parce qu’à 22 ans seulement, il est déjà en train de prouver que parfois, partir est la plus belle preuve d’ambition.
Alors ce soir, quand il foulera la pelouse du Parc des Princes avec ce maillot blanc de Tottenham, regardez-le bien. Vous êtes peut-être en train d’assister au début d’une très grande carrière. Ou au retour d’un joueur qui n’a jamais vraiment oublié d’où il venait.
Le foot, finalement, c’est aussi ça : des histoires de cœur, de choix, de routes différentes. Et parfois, ces routes se croisent à nouveau. Juste le temps d’un match. Juste le temps de rappeler que rien n’est jamais écrit d’avance.
Et vous, vous en pensez quoi ? Xavi aurait-il dû rester ? A-t-il fait le bon choix en partant ? Le débat est ouvert. Une chose est sûre : ce soir, on va tous avoir les yeux rivés sur lui.
