Vous est-il déjà arrivé de retenir votre souffle devant un match qui se joue sur la dernière seconde ? Hier soir, à l’Assemblée nationale, on a vécu exactement ça, mais avec 577 joueurs et des milliards d’euros en jeu.
Le budget de la Sécurité sociale pour 2026 vient d’être adopté. À 13 petites voix près. Treize. Autant dire que si quelques députés avaient éternué au mauvais moment, tout basculait.
Un scrutin devenu un véritable thriller parlementaire
Depuis des semaines, tout le monde annonçait un vote ultra-serré. Mais là, on a touché le fond du suspense. Même les plus anciens huissiers disaient n’avoir jamais vu ça depuis la cohabitation de 1986.
Le résultat final ? 247 voix pour, 234 contre et 93 abstentions. Un écart tellement mince qu’on a eu l’impression que l’hémicycle allait imploser sous la tension.
« On a gagné, mais on n’a pas gagné grand-chose », a murmuré un ministre dans les couloirs juste après le vote.
Les grandes surprises de la soirée
La première claque ? Le Parti socialiste a voté majoritairement pour. Oui, vous avez bien lu. 63 députés socialistes et apparentés ont apporté leurs voix au gouvernement. Un scénario que personne n’osait imaginer il y a encore un mois.
En échange ? Des concessions sur les déserts médicaux, le financement des hôpitaux et quelques mesures sur les retraites les plus modestes. Olivier Faure, le patron des socialistes à l’Assemblée, sort grand gagnant de l’opération. Il a réussi à faire bouger des lignes tout en évitant l’image du « traître » à gauche.
Deuxième surprise : Les Républicains et Horizons se sont abstenus en masse. Laurent Wauquiez et Édouard Philippe avaient pourtant prévenu : pas question de voter un texte « laxiste ». Mais au final, leurs troupes ont préféré l’abstention au vote contre. Stratégie payante ou peur du 49.3 ? Un peu des deux, sans doute.
Qui a voté quoi : le détail qui fait mal
Petit tour d’horizon sans langue de bois :
- Rassemblement national : 123 voix contre. Bloc monolithique, comme d’habitude.
- France insoumise : 71 contre. Pas une voix qui dépasse.
- Écologistes : 9 contre, le reste partagé entre abstention et vote pour.
- Ensemble pour la République (majorité présidentielle) : 91 pour. C’est peu, très peu.
- Démocrates (MoDem et apparentés) : 36 pour.
- LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) : 20 pour.
- Droite républicaine : 18 pour, 3 contre. Le groupe le plus éclaté de l’hémicycle.
Et c’est là que ça devient intéressant : sans les voix socialistes, le texte tombait. Point final.
Sébastien Lecornu : l’homme qui a gagné son pari
Nommé à Matignon il y a trois mois à peine, il jouait très gros. Beaucoup, dans son propre camp, le pressaient d’utiliser le 49.3. « Trop risqué », disaient les uns. « Humiliant », répondaient les autres.
Lui a choisi la méthode des « petits pas ». Négocier jour après jour, concession après concession, jusqu’à construire une majorité de circonstance. Hier soir, il a gagné. Et il sort renforcé comme jamais.
J’ai rarement vu un Premier ministre aussi détendu après un vote aussi serré. Il avait presque le sourire du mec qui vient de gagner au loto avec un ticket gratté à 2 euros.
Ce que ce vote dit de l’Assemblée 2025
On nous avait promis le chaos avec une Assemblée sans majorité absolue. On l’a. Mais hier, on a aussi vu que ça peut marcher. À condition de négocier, de composer, de lâcher du lest.
Le problème ? Chaque texte va désormais se jouer à quelques voix près. On entre dans une ère de parlementarisme extrême, où chaque député pèse lourd. Très lourd.
Et ça change tout. Les petits groupes comme LIOT ou les non-inscrits deviennent des faiseurs de roi. Les grands partis traditionnels doivent apprendre à manger leur chapeau. Et les Français ? Ils découvrent que la politique, c’est aussi ça : des compromis, des arrangements, des voix achetées à coup de mesures locales.
Et maintenant ? Les prochains rendez-vous chauds
Ce vote n’était qu’une étape. Le budget de l’État arrive bientôt. Et là, ça va être une autre paire de manches. Car si la Sécu est passée, c’est aussi parce qu’elle touche directement au quotidien des Français. Le budget général, lui, sera scruté à la loupe.
Les Républicains ont déjà prévenu : pas d’abstention cette fois. Le RN prépare ses amendements. La gauche radicale rêve d’une censure. Tout est possible.
Une chose est sûre : on n’a pas fini de vivre des soirées comme celle d’hier.
Comment savoir comment votre député a voté ?
Le scrutin est public (scrutin n° 512 si vous voulez vérifier). Tous les noms sont disponibles sur le site de l’Assemblée nationale. Et franchement, ça vaut le détour.
Vous allez découvrir des surprises. Des députés de droite qui votent avec la gauche. Des socialistes qui s’abstiennent. Des macronistes qui votent contre leur propre gouvernement (oui, ça arrive aussi).
Parce qu’au final, ce vote nous rappelle une chose essentielle : en politique, il n’y a plus de camps figés. Il n’y a plus que des intérêts, des convictions, et parfois un peu des deux.
Et vous, vous auriez voté quoi ?
