Vous souvenez-vous de cet été où un gamin de 23 ans a fait trembler les cadors du peloton pendant trois semaines ? Moi oui. Et franchement, quand j’ai vu Kévin Vauquelin terminer septième d’un Tour de France complètement dingue, j’ai tout de suite pensé : ce mec-là, on n’a pas fini d’en entendre parler.
Aujourd’hui, le Normand vient de franchir un nouveau cap. Direction Ineos Grenadiers, l’ogre britannique qui a dominé la décennie 2010 et qui cherche aujourd’hui à reconquérir son trône. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le jeune homme n’y va pas pour faire de la figuration.
Le rêve est clair : le maillot jaune
Il l’a dit sans détour, avec cette franchise qu’on adore chez lui : le rêve ultime, c’est de gagner le Tour de France. Pas dans dix ans. Pas « un jour peut-être ». Non, maintenant. Ou en tout cas, très vite.
« Le rêve de tout coureur, c’est de gagner le Tour de France. L’été dernier, j’ai vécu quelque chose d’extraordinaire avec le public. J’ai envie d’y retourner. Et maintenant, le rêve c’est le maillot jaune. Je l’ai loupé de peu, ça m’a bien fait chier, et j’ai envie de prendre ma revanche. »
Quand on lit ça, on sent la détermination. On sent aussi cette petite pointe de frustration saine qui fait les grands champions. Parce que oui, septième, c’est énorme pour une première participation complète. Mais quand vous avez goûté aux sommets, rester à la porte du top 5, ça laisse un goût amer.
D’Arkéa à Ineos : un changement de dimension
Passer d’une équipe continentale française, aussi sympathique et ambitieuse soit-elle, à la machine Ineos, ce n’est pas anodin. On parle d’une structure qui a remporté sept Tours de France entre 2012 et 2019. Qui a vu passer Froome, Thomas, Bernal, Carapaz… Des mecs qui ont écrit l’histoire récente du cyclisme.
Mais attention, Ineos n’est plus l’armada invincible d’autrefois. Ces dernières années, les Slovènes et les Danois ont pris le pouvoir. Et pourtant, l’équipe britannique reste une référence absolue en termes de préparation, de matériel, de staff. Pour un jeune qui veut progresser vite, c’est l’endroit rêvé.
Ce qui est intéressant, c’est que Vauquelin n’arrive pas en tant que simple domestique de luxe. Non. Il arrive avec un statut de leader potentiel sur les courses par étapes. Et ça, pour un Français de 24 ans, c’est assez rare pour être souligné.
Un été 2025 qui a tout changé
Revenons un peu en arrière. Juillet 2025. Personne ou presque ne mise un euro sur lui pour le classement général. On le voit plutôt comme un puncheur capable de gagner une étape ou de briller sur les classiques ardennaises. Et puis patatras.
Dès la première semaine, il est là. Dans les bons coups. Dans les échappées. Et surtout, il ne craque pas dans la montagne. Mieux, il attaque. Il prend des bonifications. Il grappille des places. Et à Paris, il pointe à la septième place. Devant des garçons comme João Almeida ou Simon Yates. Autant dire que ça a fait du bruit.
- Des jambes de feu dans les Pyrénées
- Une gestion de course presque parfaite
- Une popularité qui explose auprès du public français
- Un maillot de meilleur jeune qui lui tend les bras (même s’il l’a échappé pour quelques secondes)
Cet été-là a révélé un coureur complet. Capable de suivre les meilleurs en haute montagne, solide en contre-la-montre, et surtout doté d’une récupération exceptionnelle. Des qualités rares, surtout à cet âge.
Un profil taillé pour les grands tours
Ce qui frappe chez Vauquelin, c’est cette capacité à encaisser les efforts sur trois semaines. Beaucoup de jeunes explosent en troisième semaine. Lui, non. Il finit même plus fort qu’il n’a commencé. C’est le signe des très grands.
Physiquement, il a tout :
- Une puissance au seuil impressionnante
- Un rapport poids/puissance idéal pour la haute montagne
- Une aérodynamique naturelle sur le plat et en descente
- Et surtout, une tête bien faite
Car oui, le vélo moderne, ce n’est plus seulement des watts. C’est aussi de l’intelligence tactique, de la gestion d’effort, de la résilience mentale. Et là-dessus, le Normand semble déjà très mature.
La blessure et le retour en force
Forcément, après un tel Tour, il y a eu la descente. Littéralement. Une chute à l’entraînement, une opération, des mois de rééducation. Frustrant quand on a 24 ans et qu’on vient de découvrir qu’on peut jouer avec les meilleurs.
Mais là encore, il a fait preuve de patience. De sérieux. Aujourd’hui, il assure que « ça commence à payer ». Et quand on voit les images de son stage avec Ineos, on sent que les jambes reviennent. Vite.
2026 : l’année de la confirmation ?
Maintenant, la grande question : que peut-on attendre de lui l’an prochain ? Chez Ineos, la concurrence est rude. Il y aura probablement plusieurs leaders potentiels. Mais avec son statut et ses performances récentes, il aura clairement sa carte à jouer.
On imagine déjà un programme chargé :
- Paris-Nice ou Tirreno-Adriatico pour se tester
- Peut-être le Tour de Catalogne ou le Tour du Pays basque
- Les classiques ardennaises où il peut viser très haut
- Et bien sûr, le Tour de France comme grand objectif
Personnellement, je pense qu’il peut viser un top 5. Voire mieux si tout s’aligne. Car oui, il y a les Pogacar, Vingegaard, Evenepoel… Mais le cyclisme est un sport où tout peut basculer très vite. Une défaillance, une chute, une mauvaise journée, et les cartes sont rebattues.
Et les classiques dans tout ça ?
On aurait tort de l’enfermer dans le rôle de grimpeur pur. Vauquelin a aussi un gros moteur. Une pointe de vitesse correcte. De l’explosivité. Bref, tout ce qu’il faut pour briller sur Liège-Bastogne-Liège ou le Tour de Lombardie.
D’ailleurs, chez Ineos, on ne lui demandera pas de choisir tout de suite. L’idée, c’est de le faire grandir sur tous les terrains. Un little bit comme ils l’ont fait avec Pidcock ou Bernal à leurs débuts.
Un phénomène français qui arrive au bon moment
Ce qui est beau dans cette histoire, c’est qu’elle tombe pile au moment où le cyclisme français en avait besoin. Depuis les années Bardet et Pinot, on attendait un vrai leader capable de jouer le général sur le Tour. On a peut-être trouvé mieux : un gamin qui n’a pas peur de dire qu’il veut gagner.
Et puis, il y a cette connexion avec le public. Cet été, les routes étaient jaunes de monde pour l’encourager. Parce qu’il est Normand. Parce qu’il parle vrai. Parce qu’il attaque. Parce qu’il sourit même quand ça fait mal.
En 2026, on risque de vivre quelque chose de spécial. Peut-être pas encore la victoire finale – soyons honnêtes, ça reste énorme – mais clairement une place sur le podium n’est plus un rêve fou.
En attendant, Kévin Vauquelin pédale. Il bosse. Il rêve en grand. Et quelque part, on a tous hâte de voir jusqu’où ce gamin peut nous emmener. Parce que franchement, dans le cyclisme actuel, un peu d’audace française, ça fait du bien.
Et vous, vous y croyez à ce maillot jaune français dans les prochaines années ? Moi, en tout cas, j’ai envie d’y croire. Très fort.
